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La revue POLYGONE : tentative d’épuisement d’un thème

Sous le titre « numéro 1 Amour », le collectif POLYGONE publie son second opus. Cherchez l’erreur ? Rien d’étonnant en réalité pour la revue papier « indépendante, pluridisciplinaire et engagée », qui présentait son premier numéro (le zéro donc !) -sous le thème de la piraterie- comme un numéro inaugural. Déjà le collectif dressait des liens entre architecture et société au travers d’un thème unique, telle une mise en abyme revendiquée de l’identité de la revue : « pirate, libre et libertaire ».

Partant du constat que l’architecture est « un des théâtres de notre société et de ses événements », la nouvelle revue publiée annuellement confronte les avis, les luttes et les actions d’une nouvelle génération dans une pluralité d’approches. C’est cette fois sous le prisme de l’Amour qu’elle interroge le lecteur.

Naissance d’une revue
Le projet est porté par six architectes issus de diverses écoles d’architecture françaises : Félix Chicoteau, Thomas Giroud, Quentin Dejonghe et Pauline Laplaige (diplômés de l’École Spéciale d’Architecture de Paris) et Fabien Merveilleau et Nicolas Houssais (respectivement diplômés de l’École d’Architecture de Lyon et de l’École d’Architecture de Bretagne), rejoints par la graphiste Ayessi Hessel. Le collectif s’engage dans la conception, l’édition et la distribution, avec aussi d’autres projets éditoriaux à l’instar du catalogue de l’exposition Visible, invisible, qui s’est tenue du 14 mai au 13 juillet 2022 à l’ENSA Versailles, au sein de la seconde Biennale d’Architecture et de Paysage d’Ile de France.

Pour un monde plus inclusif
Une multitude de contributions pluridisciplinaires, éclectiques et imprévisibles éclairent ce thème qui a de quoi surprendre : « Dans un monde terreau de multiples scissions, ce second numéro explore les liens entre l’amour, l’architecture et la société ». Du fantasme à la rupture, la structure éditoriale dessine en effet ici les étapes d’une histoire d’amour générique que le lecteur devra déconstruire « de façon à projeter par le verbe et l’image un monde plus inclusif ».

448 pages divisées en six parties -Polysémie, Polygame, Polyglotte, Octogone, Hexagone et Paragone-, interrogent donc les notions communes à la pratique de l’architecture et à celle de l’amour, « pour que ce sentiment, enfin, infuse la fabrique de la ville et de la campagne ». Entretiens, essais, fictions, photographies, illustrations, font ici dialoguer la pratique de l’architecture et de l’urbanisme, leur représentation, leur enseignement, et cherchent à démontrer de quelle façon l’architecture nous parle de cet état intime partagé par tous, bousculant les normes dominantes de ce sentiment universel. Quitte à dénoncer pour mieux avancer :

« En décalage avec la société depuis quelques décennies, l’architecture semble davantage accompagner la rupture que l’amour. Les dispositifs qu’elles convoquent pour reléguer à la marge celles et ceux considérés comme des rebus, font de l’architecture et de l’urbanisme des disciplines davantage castratrices que permissives. S’inscrivant dans cette longue tradition, nombreux sont les édifices ou les espaces publics récemment construits à prendre les traits de monolithe ou de territoire sacralisés en rupture avec le bâti existant. En ce sens, les ZAC, chantres d’une production architecturale contemporaine, hétéroclite et peu encline au dialogue, sont aujourd’hui les vitrines d’un courant encore non théorisé au sein de cette discipline, l’individualisme. »

Les différentes disciplines qui interviennent dans ce numéro viennent éclairer ce rapprochement singulier, l’architecture bien sûr, le design graphique, le cinéma, la littérature, la photographie, pour évoquer la nécessité sensorielle de nos espaces habités, dénoncer les diktats de la perfection, l’hostilité de nos villes, décrypter les espaces architecturaux accueillant des mariages hors normes, la quête de parité et d’équité, la fusion des disciplines, les formes de l’habitat au vu d’une cellule familiale remise en perspective, les fractures et la reconstruction.

Contributions de Arlab, Atelier Apara, Anne-Sophie Auclerc, Renaud Barret, Noémie De Bellaigue, Berger&Berger, Armelle Breuil, Mylène Charrion, Théophile Chatelais, Octave Chicoteau, Manon Deck-Sablon, Quentin Dejonghe, École Zéro, Ex Figura, Cyril Gauthier, Services Généraux & Haude Rivoal, Yingguang Guo, Nicolas Houssais, Jirô Ishikawa & Laurent Bruel, Nagy Makhlouf & Ruben Kharat, Laure Manissadjian, Paolo Nazario, Émilie Noyer & Adrien Shimizu, Antoine Ordureau, Matthieu Peck, Maximilien Pellegrini, PEROU — Sébastien Thiery, Bettina Pittaluga, Thomas Prudor, Clémentin Rachet, Loïc Rakotomalala, Rerum, Morgane Rupil, Annabelle Sebban, Giuditta Trani, Camille Valette & Alexis Le Gallo

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