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ALTA : construire une ville qui respire

À l’Est de Rennes, un îlot donne forme à une idée de la ville : douce, vivante, ouverte. L’agence ALTA y explore une architecture contextuelle et généreuse, discrète dans sa forme mais précise dans son intention.

Un territoire à apprivoiser
C’est un quartier qui regarde dans deux directions à la fois : au nord, la Vilaine retrouve des rives pacifiées où flâner ou courir au fil de l’eau ; au sud, les faisceaux ferrés dessinent une géographie plus rugueuse mais tout aussi signifiante. À la ZAC Baud-Chardonnet, la ville de Rennes étire son tissu urbain vers l’est par un vaste projet faisant du paysage un levier de transformation urbaine. Ici, la ville se donne un nouveau socle : ni pastiche, ni rupture.Dans ce contexte, l’îlot O2, situé en frange sud du quartier, s’affirme comme un morceau de ville contemporain, à l’échelle juste. Trois bâtiments indépendants mais reliés par un jardin commun, un socle programmatique dense – logements sociaux et en accession, bureaux, artisanat, activités – et une architecture qui joue les interstices, les vues, les respirations.

L’indépendance comme art de la cohérence
C’est l’îlot central, conçu par l’agence ALTA, qui concentre la complexité programmatique du site. Comment faire coexister des usages sans les empiler ni les hiérarchiser ? Le pari est de les distribuer dans l’espace, non de les cloisonner. Bureaux et logements se répondent en gradins, dégageant la lumière, multipliant les percées visuelles, inventant des lieux de transitions. Les escaliers deviennent des figures visibles, serpentant sur les façades nord, à la fois circulation, signal et appropriation.L’ensemble se lit sans autorité : pas de façade noble ni de face cachée, mais une attention portée à chaque orientation, à chaque rencontre avec la ville. Le couronnement de l’émergence, fragmenté en sheds et porteur de panneaux photovoltaïques, joue avec la ligne de ciel, élançant la silhouette sans en affirmer l’arrogance.

Matière forte
Le langage architectural est volontairement sobre. Peu de matériaux, tous bruts ou très peu transformés : béton, bois, métal. Une lasure douce habille les volumes hauts de l’émergence, évoquant les teintes minérales rennaises, entre schiste et brique, et rendant hommage aux matières du monde ferroviaire voisin. Les façades des bureaux affichent une trame d’atelier, généreusement percée, tandis que les logements déclinent un registre plus domestique, avec des loggias et des jardins d’hiver qui prolongent les usages au fil des saisons.Ce traitement raffiné sans ostentation est une signature de l’agence ALTA, qui cultive un rapport exigeant à la matière et à l’usage. De Vannes à Saint-Malo, de Dinard à Rezé, leur production témoigne d’un éclectisme cohérent, une pensée du lieu, du programme et de la vie qui s’y déploie.

ALTA : penser, construire, transmettre
Formée autour du duo Maxime Le Trionnaire et Gwenaël Le Chapelain, l’agence ALTA incarne une idée de la continuité dans la création architecturale. Héritiers d’un premier tandem fondateur, les architectes ont su transformer une agence régionale en structure étoffée, aux compétences élargies, sans renier l’esprit d’atelier.Ce qui frappe, au fil de leurs projets, c’est leur capacité à conjuguer culture constructive et pragmatisme sensible. Loin des effets de signature, ils revendiquent un rapport dialectique au chantier, nourrissant la conception par l’exécution – un principe devenu moteur avec la création d’ELEMENT., leur structure dédiée à la maîtrise d’œuvre d’exécution. C’est cette organisation, aujourd’hui ouverte à d’autres maîtres d’ouvrage, qui leur permet de tenir le fil du projet jusqu’à son aboutissement concret.Mais transmettre, ce n’est pas seulement construire. C’est aussi documenter, partager, ouvrir l’architecture à d’autres formes de récit. L’agence s’y emploie, avec son fonds de dotation, ses résidences, ses publications. Et aujourd’hui, dans des villes moyennes en transformation, elle accompagne une autre fabrique de la ville, plus discrète, mais tout aussi essentielle.

L’îlot O2 n’est pas un geste, mais un travail de tissage. Entre programmes, entre usages, entre échelles. Il démontre que la densité peut rimer avec générosité, que la diversité n’est pas un obstacle à l’unité.

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Maître d’ouvrage : Secib + Kermarrec (bat A+ B) + Archipel Habitat (Bat C)
Aménageurs : Territoires
Urbaniste /Paysagiste : Reichen & Robert / Osty & associés
Architecte coordinateur : ALTA architectes – urbanistes / ALTA architectes – urbanistes (Bat B) / Maurer & Gilbet (Bat C) / Line Up (Bat A)
Maître d’oeuvre d’exécution / OPC : ELEMENT. (Bat A + B)
Surface : 18 746 m2 SP : 4 626 m2 (Bat A) + 10 400 m2 (Bat B) + 2 983 m2 (Bat C) Programme : 188 logements + bureaux + cellules d’activités et artisanat + parking silo
Performances : RE 2025 – BREEAM Very Good

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