Dans le 20e arrondissement de Paris, le cimetière de Belleville est à deux pas. On quitte la rue de Pelleport, dans ce passage tranquille, le nouvel édifice tranche par sa matérialité et son volume : pur et massif, habillé de bois.
Les façades, ajourées et modulables, participent d’une architecture silencieuse, en harmonie avec son environnement résidentiel. L’édifice, à la fois fermé sur lui-même et ouvert par fragments, façonne une relation ambivalente avec le monde extérieur, oscillant de par ses panneaux mobiles entre protection et exposition, la lumière s’immisçant à travers des filtres vers des intérieurs animés par divers jeux d’ombres et de clarté.
Le bon matériau au bon endroit
Dans une démarche de réduction de l’empreinte carbone, le projet limite l’usage du béton aux éléments strictement nécessaires. Les murs séparatifs entre les unités et les dalles de plancher qui séparent les étages sont les seules parties en béton, permettant de répondre aux exigences structurelles et acoustiques et ainsi au confort des habitants. Ce choix, qui permet de maintenir une structure basée sur un système poteaux-dalles sans poutres, garantit également une uniformité et une continuité des espaces intérieurs.
Les murs sont réalisés en ossature bois, privilégiant un matériau durable et moins énergivore. Les ouvertures, dotées de menuiseries en bois, forment de grandes surfaces vitrées, associées à des volets à lames verticales pour permettre une gestion optimale de la lumière naturelle et préserver l’intimité. Le bâtiment s’inscrit ainsi dans une vision durable et réfléchie, où chaque détail – de la structure à l’éclairage – est dessiné en harmonie avec le site.
Liberté de la forme
Ce travail volumétrique, à la géométrie simple et rigoureuse, fait écho à l’un des principes fondateurs de la pratique de Christophe Rousselle : le « volume libre ». Si les courbes et contre-courbes du projet de Colombes explorent la fluidité des volumes, ici la forme dicte une autre appréhension de l’espace ; l’architecture n’impose pas, elle se retire presque, se fond dans l’ordre bâti tout en affirmant une présence calculée. Loin du spectaculaire, l’équilibre se trouve dans la modulation.
En contraste avec les volumes sculptés de la tour new-yorkaise sur Orchard Street où la matérialité brute du béton affiche une rugosité revendiquée, ici, la légèreté se fait l’expression d’un juste rapport au monde. Cette liberté formelle révèle une recherche constante d’une osmose précise avec le contexte. De la maison Serrano au Chili à l’école de Cranves-Sales, en passant par ce projet parisien, les édifices de Christophe Rousselle témoignent d’une capacité à façonner des volumes qui, tout en étant singuliers, puisent leur justesse dans l’environnement qui les accueille.
Résidence Oslo, Paris
Maîtres d’œuvre : Christophe Rousselle, Jean-Philippe Marre
Entreprise de construction : LPC
Superficie construite : 660m2
Photographe : Takuji Shimmura