En périphérie de Saint-Lô, l’agence d’architecture Randja dévoile un technopôle porteur de l’attractivité du territoire et représentatif de la ville fortifiée.

L’atelier d’architecture Randja est retenu sur concours en 2015 pour réaliser le Technopôle Agglo 21. Ce projet porté par l’agglomération de Saint-Lô consiste en la création d’un pôle de développement des entreprises et d’un espace de coworking.
Situé en périphérie, attenant à un centre de formation (CFA), le bâtiment reprend le dispositif expérimenté en ville : baptisé incidemment “Fort”, le technopôle est une forteresse dont les remparts englobent ses fonctions à l’intérieur de murs épais et favorise les interactions entre les usagers.

La matérialité choisie est l’agrégat, témoin de l’histoire contemporaine de la ville de Saint-Lô, détruite à plusieurs reprises par les bombardements de la Seconde Guerre mondiale. Il est notamment mis en oeuvre sans ciment, dans des cages à gabions pour former les portes d’entrée pivotantes du technopôle.
Cette même roche pulvérisée en gravats, triée et agrégée a été utilisée pour faire du béton. L’agence a fait appel à la société Zanello, spécialiste en la matière, pour réaliser le gros oeuvre en coulé en place. Le béton est visible de l’extérieur comme de l’intérieur, parfois brut, parfois lisse, faisant de ces murs bicolores une véritable enveloppe protectrice.

L’agencement des espaces est à l’image d’une ville médiévale. Il se fait par juxtaposition afin d’éviter les couloirs et favoriser le mouvement. Trois espaces interstitiels, un “escalier-gradin” et deux patios d’agréments, distribuent les usagers soit vers le pôle évènementiel, soit vers le pôle de travail collaboratif. Véritables prolongement des espaces intérieurs, les espaces interstitiels baignent de lumière grâce aux larges baies vitrées.
Les espaces intérieurs disposent d’une hauteur libre de 4m, créée par l’absence de faux plafonds. Seul un absorbant acoustique, une plaque de fibra de teinte grise, est apposée sur les parties centrales des plafonds. L’ensemble des organes de fonctionnement a été calepiné et intégré entre les deux voiles de béton au coulage, comme l’isolant thermique. Le résultat est une forteresse représentant 2 600 L de béton, 155 T d’armatures, 40 km de câbles et 1 700 m² de planchers.
©Luc Boegly

