texte rédigé par les architectes
crédit photos Nicolas Fussler
Plus qu’un bâtiment, l’Académie de l’OMS est destinée à devenir l’outil de formation de référence au niveau mondial en matière de santé publique. Situé au cœur du Biodistrict de Lyon-Gerland, à l’angle des avenues Jean Jaurès et Tony Garnier, le campus de 11 000 m² affiche la transparence et le caractère exceptionnel du programme de l’Académie, véritable vitrine de la transmission au service des professionnels et agents de santé du monde entier.
Concevoir pour la formation médicale d’avenir
Reflétant l’engagement de l’OMS en faveur de la durabilité et de l’accès aux soins de qualité pour tous et partout, le campus a été conçu de façon collaborative avec l’Organisation et les pouvoirs publics selon trois principes directeurs : sobriété des lignes, flexibilité des usages et économie de matière, au service d’un programme innovant et expérimental.
Cette collaboration inédite a démarré en 2019 à la faveur d’une volonté partagée de placer les enjeux de santé publique au cœur des priorités mondiales. Les études ont été réalisées dans ce contexte global, durant les premiers confinements. À travers un procédé itératif nourri d’échanges intenses et continus entre les pouvoirs publics, les professionnels de santé et les architectes, le programme pédagogique et le projet architectural se sont construits en résonance et sur-mesure, dans une constante recherche d’équilibre pour que la forme architecturale serve au mieux l’outil de formation.
Une organisation spatiale au service d’un programme d’excellence
Cœur battant du campus, l’agora se découvre dès l’entrée. Visible depuis la rue, elle est un lieu de vie, catalyseur d’idées et de transmission. Elle se développe en double hauteur par de larges escaliers-gradins en vitrine sur la place, mettant en scène la relation entre les espaces intérieurs et extérieurs, puis se prolonge par une faille verticale plantée apportant une lumière naturelle généreuse au cœur des plateaux. Les gradins mènent à l’auditorium, la bibliothèque et la cafétéria prolongée d’une terrasse, véritables espaces de rencontre, de recherche et de réflexion.
L’agora dessert un programme d’excellence intégrant les technologies les plus avancées pour répondre aux défis de santé publique mondiaux grâce à deux escaliers dont la forme et les couleurs graphiques, inspirées des couleurs officielles de l’Organisation, accompagnent le cheminement immersif, à la fois physique et intellectuel, des usagers.
Le bâtiment abrite 24 salles de classe modulaires, une bibliothèque spécialisée, un centre de simulation d’urgence réparti sur 6 espaces dédiés :
– 2 grandes salles de simulation d’une surface totale de 1 000 m² ;
– 2 salles de simulation du centre opérationnel d’urgence ;
– 2 salles de simulation à la pointe des technologies haute-fidélité.
Ces salles sont conçues pour offrir des expériences immersives, adaptées à différents environnements, climats, conditions météorologiques et sonores, et sont destinées à accueillir chaque année 16 000 professionnels de santé. Elles leur permettront de perfectionner leurs compétences dans des scénarios réalistes, renforçant ainsi leur capacité à faire face à des urgences sanitaires complexes et à des enjeux de santé globaux.
En complément, sont mis en place :
– Des salles de création et d’enregistrement de contenu pédagogique et audiovisuel, pour permettre le déploiement d’une plateforme numérique multilingue permettant d’atteindre un public mondial – environ 3 millions d’apprenants d’ici 2028 – avec des cours en ligne dans les six langues officielles de l’OMS : l’anglais, le français, l’arabe, le chinois, l’espagnol et le russe ;
– De nombreuses salles de formations flexibles pour s’adapter aux différentes formations et aux différents publics ;
– Des bureaux et espaces collaboratifs.
Une esthétique de la sobriété et de l’adaptabilité : quand la structure crée l’architecture
Le projet architectural se fonde sur une recherche d’équilibre, qui repose notamment sur une conception bioclimatique et une structure adaptée et adaptable, mais également sur des matériaux choisis pour leurs qualités intrinsèques, mêlant pérennité et performances techniques, acoustiques et visuelles.
Forme forte, la volumétrie de l’édifice s’inspire de l’image de la pomme croquée. L’enveloppe lisse et protectrice s’affiche à l’intérieur et à l’extérieur à travers une double peau bioclimatique qui fonctionne tel l’épiderme de la peau et une façade plus ouverte offrant des terrasses gradinées.
Depuis la rue, la façade devient le support de jeux de reflets : le monolithe en verre se fond dans l’horizon et le ciel, comme en apesanteur, grâce notamment à son angle saillant qui semble apparaître et disparaître au gré de la lumière. À l’intérieur, la perception de l’espace s’en trouve également modifiée, comme étendue.
Maître d’ouvrage : Sogelym Dixence
Utilisateur : Organisation mondiale de la Santé (OMS)
Projet réalisé en collaboration avec la Région Auvergne – Rhône – Alpes et la Métropole de Lyon
Architecte et paysagiste : Ateliers 2/3/4/
Crédits : © Nicolas Fussler
