L’extension de la Tate Modern vient d’être inaugurée ce vendredi 17 juin en présence de Sadiq Khan, le nouveau maire de Londres. Une double Tate, donc, prise entre quatre yeux par les photographes Luc Boegly et Sergio Grazia, associant leurs regards pour mieux rendre compte des projets exceptionnels, telle cette pyramide de brique dessinée par l’agence bâloise Herzog & de Meuron. Les architectes suisses ont le rare privilège de réaliser l’extension du très remarqué musée qu’ils ont livré en 2000.

Courtesy © Luc Boegly + Sergio Grazia
L’installation de la branche contemporaine de la Tate Gallery dans une ancienne centrale électrique avait suscité un scepticisme certain. Qu’allait faire un musée dans ce quartier en déshérence, malgré sa proximité avec le centre ville ? Le succès de la Tate Modern a entrainé la construction de nouveaux immeubles résidentiels haut de gamme, contraignant l’institution à prendre de la hauteur pour augmenter ses surfaces d’exposition.

Courtesy © Luc Boegly + Sergio Grazia
336 000 briques recouvrent la nouvelle aile de la Tate Modern, baptisée The Switch House (le commutateur) en référence à une sous station construite sur cette partie de la parcelle.

Courtesy © Luc Boegly + Sergio Grazia
Face à face des appareillages briques dessinés par Sir Giles Gilbert Scott et Herzog & de Meuron, qui ont eu recours à un système de paroi ajourée.

Courtesy © Luc Boegly + Sergio Grazia
Inaugurée en 1952, la centrale de Bankside a été désaffectée en 1981. En octobre 2000, la Tate Modern a emménagé dans l’usine réhabilitée, reliée depuis le moins de juin de la même année à la rive droite de Londres par le Millenium bridge, passerelle piétonne conçue par Arup, Foster et Caro. La New Tate Modern doit être vue depuis le nord de la ville, sans pour autant concurrencer la cheminée iconique du bâtiment de Gilbert Scott.

Courtesy © Luc Boegly + Sergio Grazia
Le dixième étage de la Switch House est en accès libre. Le visiteur peut y découvrir un panorama de 360° sur Londres, au dessus de la Tamise.

Courtesy © Luc Boegly + Sergio Grazia
Un squelette en béton porte les parois de briques ajourées

Courtesy © Luc Boegly + Sergio Grazia
Suivant les voeux du commanditaire, l’extension favorise les rencontres et les contacts entre les visiteurs, et pas uniquement la valorisation des oeuvres. Les circulations sont nombreuses, elles intègrent des bancs ou des espaces plus intimes propices à la socialisation.

Courtesy © Luc Boegly + Sergio Grazia
Hors des espaces d’exposition, le béton brut domine

Courtesy © Luc Boegly + Sergio Grazia
La réhabilitation de la centrale avait été attribuée par concours à l’agence Herzog & de Meuron en 1995. Cinq ans après la l’inauguration, en 2000, la Tate confiait aux mêmes architectes l’extension du musée. Il s’agissait d’accueillir un nombre de visiteurs trois fois supérieurs aux estimations initiales, atteignant 5,7 millions annuels au lieu des 2 millions prévus.

Courtesy © Luc Boegly + Sergio Grazia
La Switch house a coûté 260 millions de livres. Les travaux ont été financés à hauteur de 63 millions par des fonds publics et 197 millions de dons privés. A titre de comparaison, 134 millions de livres avaient dépensés pour la réhabilitation de la Bankside Power Station.

Courtesy © Luc Boegly + Sergio Grazia
Conservés, les vestiges souterrains d’anciens réservoirs de carburant (ouvrages en béton à gauche de l’image) forment les fondations symboliques de l’extension

Courtesy © Luc Boegly + Sergio Grazia
La volumétrie pyramidale est le fruit du croisement entre une série de contraintes programmatiques et contextuelles. La brique soude les parties neuves aux anciennes. Le traitement imaginé par les architectes transforme le matériau massif en une sorte de voile léger qui suit les différentes inflexions de la tour.

Courtesy © Luc Boegly + Sergio Grazia
Toujours facilement repérable, l’escalier principal définit un axe vertical reliant sans ambiguïtés les différents espaces dédiés à des activités publiques : lieu de repos, salles d’apprentissage en groupe ou salles d’étude individuelles.

Courtesy © Luc Boegly + Sergio Grazia
800 oeuvres et 300 artistes sont présentées dans les nouvelles salles. 50% sont réalisées par des femmes – sont ainsi exposées Ana Lupas, Marisa Merz, Joan Jonas, Louise Bourgeois, Georgia O’Keefe…
Olivier Namias