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Entre vernaculaire et modernité, l’architecture de Boris Bouchet

L’architecte Boris Bouchet, diplômé de l’Ecole d’architecture de Clermont-Ferrand où il enseigne et où se trouve son agence – en plus d’une antenne à Paris – hérite de situations imparfaites, supports de réalisations mesurées et singulières. Projets de logements, équipements et maisons individuelles, mais aussi projets d’urbanisme, en métropoles ou dans des villages, hameaux à densifier, projets de redynamisation de centre-bourg. Pour chacune de ces situations et de ces territoires, l’architecte s’attache à faire ressortir les particularités du lieu.

Pour ce qu’il considère comme des “réparations”, Boris Bouchet intègre l’intelligence du déjà-là, voyant dans ces architectures souvent mises en œuvre de façon empirique, le nécessaire pour “faire projet”. Un travail de diagnostic permet alors une compréhension en profondeur mais ouvre aussi la voie à des approches plus politiques, procédant alors à des montages programmatiques et économiques alternatifs menant à des architectures et des espaces publics sur mesure. La notion de « milieux » portée par Chris Younes et Frédéric Bonnet – dont il a suivi l’enseignement à l’ENSACF -, porte ses projets, faisant intervenir les interactions entre la topographie, les échelles, les règles qui définissent chaque contexte.

Il s’agit ici d’un projet en plusieurs phases, reflétant l’intérêt pour le temps long de l’architecte : la reconquête des ruines médiévales du fort villageois de Plauzat, situé à 20 kilomètres au sud de Clermont-Ferrand. Constitué de maisons fortifiées regroupées formant enceinte, le fort est abandonné depuis le XIXe siècle et le bâti vacant se dégrade. L’étroitesse des passages, l’accessibilité réduite, la luminosité limitée, ont en effet mené à la ruine tout un ensemble bâti en plein centre du bourg, dont la commune s’est faite propriétaire. Une étude de faisabilité de renforcement menée par les architectes aboutit alors à la réinterprétation de la commande pour mieux répartir les sommes investies.

Une première phase consistait en la sauvegarde de la ruine de la Cave Marc, un bel ensemble voûté face au château, et en sa réhabilitation en salle des fêtes. Une cour a été creusée pour accéder aux sous-sols voûtés, et les travaux ont consisté à étayer les voûtes, refaire le toit, une ceinture en béton pour stabiliser l’ensemble, construire un cadre en béton sur la façade effondrée, mettre des grilles aux fenêtres. Un escalier en béton coloré a été coulé sur place pour donner un accès aux niveaux de la cave, tel un élément sculptural en béton banché bi-teinte. Les évènements peuvent ainsi se tenir au sous-sol, tandis qu’à l’étage est implantée une brasserie artisanale. En toiture, des chevrons taillés font office de fermeture d’avant-toit.

Une deuxième phase a porté sur l’aménagement de la place de la Cave, la sauvegarde de deux maisons de villages, et la réhabilitation d’une troisième en gîte. Pour le parvis situé entre la nouvelle salle des fêtes, le château et quelques autres maisons, les architectes ont fait le choix d’en réaliser une partie en béton et non en pierre dans sa totalité comme prévu initialement, choix permettant le financement de travaux supplémentaires sur les ruines du fort. Ainsi se côtoient gazon, pavés et béton préfabriqué.

Pour installer le gîte dans une autre ruine dont la façade s’était effondrée, les architectes ont dessiné les chaînages et les contreventements en béton – faute de budget pour reconstruire en maçonnerie de pierre – en se servant des murs existants comme coffrage. Présent à l’intérieur, le béton, interdit en extérieur, est volontairement visible derrière la vitre, tandis que l’encadrement de la fenêtre est réalisé avec des lames de pierre découpées dans des dalles récupérées. Le programme est soigneusement étudié : une chambre « lanterne » à l’étage, la cuisine et la douche au rez-de-chaussée, et le sauna et son bassin d’eau froide au sous-sol.

Dans une nouvelle séquence urbaine au cœur du bourg, il s’est également agi d’aménager la place de l’église romane ainsi que l’aménagement de la cour arrière du château. Redessiné à partir de sa topographie, le parvis de l’église a été abaissé, et recréé en petits gradins. Dans ce temps long où les solutions architecturales ont défini le projet, les usages se sont réinventés avec l’évolution du lieu.

Maîtrise d’ouvrage : Commune de Plauzat
Maîtrise d’œuvre : Boris Bouchet architecte + Récita architecture
BET VRD : Géoval
Economiste : CS2N
Structure : Idéum Partners

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