En ayant inventé les premiers panneaux solaires colorés au monde, SwissINSO a révolutionné le monde de l’architecture. Plus d’explications avec Rafic Hanbali, son président.
L’arrivée de la technologie Kromatix™ a apporté LA solution que les architectes attendaient. Où se situe l’innovation ?
Si les panneaux solaires du marché présentent l’avantage de produire de l’énergie, reste qu’ils sont tous uniformes, plutôt laids et difficiles à étaler sur une façade, et ne laissent pas vraiment de place à la créativité architecturale. Or, notre idée était d’apporter une technologie capable de participer à l’efficacité globale des bâtiments sans faire de compromis sur l’esthétique, ni sur l’efficacité de production d’énergie ! Pour cela, le verre coloré nous a semblé être la solution la plus adaptée. Encore, fallait-il la développer…

Justement, pouvez-vous nous expliquer comment les lois de la physique sont venues donner vie à votre projet ?
Le concept de la couleur a été imaginé par un ingénieur de l’EPFL (Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne), mais pour du thermique avec échangeur de chaleur. Mais en observant un jour un papillon bleu ressemblant à l’espèce Morpho, connue pour sa belle couleur bleue, je me suis posé, en tant que physicien, la question suivante : le Morpho n’a pas les pigments qui donnent la couleur, mais des couches interférentielles (irradiance), comme le paon et d’autres insectes et animaux, probablement pour la conservation de l’énergie, car tout ce qui est pigment, peinture et teinture perd beaucoup de l’énergie incidente en émettant un large spectre de la lumière. La question était donc simple : pour garder le maximum de l’énergie arrivant du soleil sur un panneau photo-voltaic, peut-on imiter ce papillon pour produire de l’énergie ? C’est ainsi que le développement avec l’EPFL a commencé pour application sur le photo-voltaic. et que kromatix est né.

Dès lors, plus de compromis sur l’axe esthétique, ni sur le plan économique…
Il faut se rendre à l’évidence… aujourd’hui, l’empreinte carbone vient essentiellement du Bâtiment qui représente 40% de la facture énergétique ! Il est donc essentiel qu’il devienne moins dépendant du réseau. Or nous savons que le coût de l’électricité, comme toute denrée (commodity), est à imputer à sa production, son transport et enfin sa distribution… Si vous produisez l’énergie à l’endroit même où vous la consommez, vous faites l’économie des deux premiers volets du triptyque. Jusqu’ici, la solution des panneaux solaires sur le toit était quasiment le seul moyen de permettre à un ouvrage de produire de l’énergie, avec tous les obstacles techniques que l’on connaît, mais surtout la limitation d’espace (le toit d’une maison d’un étage où vivent 5 consommateurs d’énergie a presque la même surface que le toit d’un immeuble de 50 étages où vivent 500 ou 700 personnes)… sans parler des restrictions esthétiques. De plus, la toiture est loin d’être la partie la plus importante d’une réalisation…

Pour venir à bout de cet écueil, la solution solaire doit donc intégrer les façades. Comment avez-vous relevé ce challenge ?
Les façades sont en effet les surfaces les plus importantes d’un bâtiment, et sont composées en moyenne de 50% de verre de vision et 50% de partie solide. Si des essais de technologies solaires avec cellules apparentes ont été tentées sur l’enveloppe, reste qu’elles n’ont pas été concluantes… Installé à la verticale, un panneau peut ne pas bénéficier de l’inclinaison nécessaire pour être efficace énergétiquement. Nous avons donc réglé ce problème en n’utilisant aucune peinture ni pigment sur le verre Kromatix™, rien qui absorbe l’énergie, et en traitant le verre de sorte à ce qu’il ne réfléchisse pas la lumière mais la diffuse à l’intérieur. Cette non-réflection permet aussi d’installer les panneaux Kromatix sur et autour des aéroports, en ville, etc.
Parlons couleurs d’ailleurs : quelle palette proposez-vous aux architectes ?
Pour notre nuancier, nous avons enquêté auprès de ces derniers afin de savoir quelles couleurs pourraient les intéresser. Le gris est arrivé en tête pour son adéquation avec toutes les autres teintes, suivi du bronze doré, du vert bleuâtre, du terra-cotta et du bleu. Evidemment, toutes les variations sont possibles. Comme pour une façade traditionnelle en verre, nous proposons des tailles sur-mesure…

Et pour finir, parlons coût pour une réalisation tout de verre Kromatix™ vêtue…
Traditionnellement, le prix d’une façade en verre, clefs-en-main, comme moyenne dans le monde, se situe entre 350 et 500 euros du m2. Pour une enveloppe Kromatix™, il faut compter entre 450 et 550 sachant que chaque m2 habillé rapportera X euros par m2 d’électricité, suivant votre localité (pour l’ensoleillement à cet endroit), le prix du KWh… Si vous faites le calcul, vous conviendrez que le retour sur investissement est plus qu’intéressant ! En général il se situe entre 5 et 10 ans.