À Marseille, l’agence PAN architecture transforme le restaurant universitaire Gaston Berger, édifice classé Architecture Contemporaine Remarquable, en un espace hybride qui conjugue restauration, apprentissage et vie étudiante. Loin d’une muséification du bâti, l’intervention s’attache à rendre à l’architecture sa capacité à accueillir des usages évolutifs, dans une matérialité affirmée et généreusement ouverte à la lumière.
En réhabilitant partiellement le restaurant universitaire Gaston Berger à Marseille, PAN architecture fait le choix d’une intervention mesurée mais radicale. L’enjeu ? Mettre en lumière l’intelligence structurelle et la générosité spatiale de ce bâtiment des années 1960, conçu par Jacques Berthelot avec Christian Pichoux, tout en y insufflant de nouveaux usages contemporains
Le bâtiment, souvent ignoré du grand public, fait partie intégrante d’un ensemble emblématique de la cité universitaire Gaston Berger. Mais au lieu de reconduire l’organisation d’origine, PAN choisit d’activer les qualités latentes de l’existant : grande hauteur sous plafond, portiques béton monumentaux, continuité volumétrique. L’intervention principale – l’ouverture du plancher entre les deux niveaux – crée un espace traversant et baigné de lumière naturelle. Un geste fort qui ne cherche pas à tout réinventer mais à révéler.







Libérer les usages : gradins, lumière, temporalités croisées
Le cœur du projet réside dans un changement de paradigme : penser l’architecture non comme support exclusif d’une fonction, mais comme déclencheur d’usages. Ainsi, le gradin central, a priori anachronique dans un restaurant universitaire, devient lieu de pause, de déjeuner informel, d’observation ou de travail. Ce dispositif simple et engageant témoigne de l’ambition du projet : ne pas assigner un usage mais les multiplier.
PAN propose ici un modèle spatial libre, à mi-chemin entre foyer étudiant, tiers-lieu et espace événementiel. En dehors des horaires de restauration, le lieu s’ouvre aux pratiques de coworking et aux rencontres. Une réponse discrète mais pertinente à l’absence d’espace fédérateur sur la cité universitaire.
L’ensemble est porté par une volonté de clarté et d’accueil : la toiture est partiellement ouverte pour renforcer les apports de lumière naturelle, les matériaux sont laissés bruts ou exprimés dans leur autonomie (bois, brique, béton sablé). Une attention particulière est portée au confort thermique, acoustique et visuel, dans une approche à la fois sensible et rigoureuse.







Formes autonomes pour un avenir ouvert
Chaque ajout – mobilier, volume, traitement de surface – est pensé comme autonome et réversible. Cette posture évite d’entraver les mutations futures du site, tout en maintenant une lisibilité claire de l’intervention. PAN joue la carte de l’objectivité formelle : géométries nettes, finitions sobres, articulations maîtrisées. Ici, pas de lyrisme gratuit, mais un travail patient sur la matière, l’usage et le temps.
L’étage accueille désormais un pôle administratif et un centre de formation, pensés dans la continuité de cette approche. La hauteur libre du volume y permet une organisation fluide et ouverte, en prise directe avec le paysage marseillais. On sent, dans la distribution comme dans le traitement des ambiances, une volonté de valoriser l’héritage sans le figer.
PAN architecture : faire œuvre par l’usage
Fondée en 2010 à Marseille par Jean-Luc Fugier et Mathieu Barbier Bouvet, PAN architecture revendique une approche où le projet se fait interface entre mémoire et transformation. Le duo, passé par Barcelone, Mexico, et des collaborations solides en France, construit patiemment une œuvre ancrée, exigeante, souvent publique.
Lauréats des AJAP 2012 et distingués pour leurs engagements environnementaux, ils affirment ici leur capacité à produire une architecture à la fois respectueuse du contexte et engagée dans l’époque. Le projet RUGB (Restaurant Universitaire Gaston Berger) illustre cette posture singulière : une architecture qui porte une attention fine à ce qui existe, à ce qui pourrait advenir, et à ceux qui l’habitent.
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Maîtrise d’ouvrage : Crous Aix-Marseille
Maîtrise d’œuvre : Pan Architecture Mandataire / Ad2i Bet
Tce / Langlois Structure
Surface : 1295m2 Sdp
Coût de l’opération : 1 900 000 € HT
Photographe : Pan Architecture et © Maelle Le Men