Jardins Suspendus – Michel Desvigne Paysagiste – Conversations avec les architectes
Une exposition présentée du 25 mars au 17 avril 2025 à la Galerie d’architecture à Paris
- Vernissage le jeudi 27 mars de 18h30 à 21h en présence de Michel Desvigne
- Tables rondes les jeudi 3 avril à 19h et jeudi 10 avril à 19h
MDP (Michel Desvigne Paysagiste) expose ses « jardins suspendus ». Une quinzaine de paysages extrêmement urbains et étroitement imbriqués dans les architectures. Ces jardins hors sol, à la géologie si particulière, proposent la version radicale d’un paradoxe, cher à l’agence, selon lequel une nouvelle nature peut naître du plus grand artifice. Croquis, collages et maquettes racontent la méthode empirique de MDP, souvent expérimentale, toujours en mouvement, qui transforme des espaces minéraux en jardins prototypiques, aujourd’hui tous réalisés.
Que ce soit dans le quartier d’affaires Otemachi à Tokyo ou dans la cour du Ministère de la Culture à Paris, ces jardins démontrent que les contraintes techniques peuvent devenir des outils de fabrication d’une nouvelle nature, transposée, richement stratifiée et adaptée aux enjeux climatiques d’aujourd’hui.
Des tables rondes réunissant architectes, philosophes, écologues, élus viendront questionner, le temps de l’exposition, ces « jardins suspendus », alliage d’innovations esthétiques, techniques et écologiques
www.micheldesvignepaysagiste.com
la galerie d’architecture
11, rue des blancs-manteaux
75004 paris
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MARETERRA, Monaco
Les dimensions et les continuités physiques de ce nouveau quartier de 6 hectares l’apparentent à une presqu’île naturelle. La considérant comme une ‘unité paysagère’, un paysage méditerranéen endémique, tel qu’on l’observe aux alentours de Monaco, est reconstitué avec rigueur. La création de ce milieu naturaliste dans un contexte totalement artificiel nécessite l’installation d’un substrat à l’échelle d’un paysage naturel, malgré l’extraordinaire complexité des infrastructures bâties et maritimes souterraines.
La topographie artificielle de la Colline permet de créer la masse critique de sols fertiles nécessaires à la constitution de ce paysage, recouvrant un centre d’exposition. Un travail de nivellement très fin est mené sur les épaisseurs de terre. Les profils de pentes sont dessinés en cohérence avec le paysage méditerranéen. Ils offrent les conditions nécessaires à la plantation d’arbres de grandes tailles positionnés en fonction des descentes de charges possibles sur une structure de dalle, tout en intégrant réseaux de drainage et d’écoulements. Des densités importantes sont prescrites, comme dans les milieux naturels, pour chaque strate de plantation, favorisant un aspect naturel lors de la croissance des plantes. Une cohérence s’établit entre les reliefs artificiels, le sol créé et les formes végétales qui s’y implantent.
Le temps du développement du programme de construction est mis à profit pour cultiver et préparer la végétation qui sera plantée dans les dernières années du chantier. Un contrat de culture permet de regrouper les végétaux sélectionnés en pépinières et de les acclimater sur un site en bord de mer. Pins d’Alep et pins parasols dépassent 10 mètres de hauteur au moment de leur transplantation. La préfabrication de ce paysage est garantie par un suivi et une sélection menés conjointement avec des pépiniéristes et des ingénieurs spécialistes en botanique et terres fertiles. Le quartier de la Colline aux tracés naturalistes est complémentaire du quartier du Port à la géométrie orthogonale.
Fontaine
Si le paysage a une forte composante végétale naturaliste, il est aussi un important tissu d’espaces publics. 3 hectares de quais, places, gradins, rues et promenades se succèdent, tous réalisés avec la même pierre calcaire. La fontaine présente cette pierre brute, façonnée par l’érosion, telle une croûte de sol immergée. De ce résidu de carrière situé au point le plus haut de la Colline, sourd l’eau qui suit le dénivelé de cette topographie artificielle jusqu’à la mer.


Colline – Vue Drone – 2024 08 30 © SAM L’Anse du Portier – Gouvernement Princier – Valode & Pistre Architectes – RPBW – Michel Desvigne Paysagiste
OTEMACHI, Tokyo
Le quartier d’affaires d’Otemachi jouxte le Palais impérial de Tokyo. Son jardin, sous l’impulsion de l’empereur, accueille la transplantation d’un véritable morceau de la forêt primaire présente dans les montagnes environnantes. L’autorisation de densifier ce quartier d’affaire sera donnée à la condition de le jalonner de petites forêts urbaines ayant, comme celle du jardin impérial, une vraie valeur écologique. Inspirée par cette expérience de transposition concrète d’un paysage, une petite forêt de 3600 m2 vient s’installer au pied de la nouvelle tour, sur un sol entièrement artificiel, le toit d’une gare. Le temps du chantier permet la préparation et l’adaptation des nombreuses strates végétales, sélectionnées avec l’aide de botanistes, dans un terrain en montagne proche de Tokyo. Lors de son inauguration, la forêt urbaine, composée notamment de plus de 200 arbres, s’est immédiatement imposée par l’évidence de sa présence.


Tour Otemachi – Tokyo, Japon © Kokyu Miwa architectural photography
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ESPLANADE PARIS – LA DÉFENSE
Imaginé par le paysagiste américain Dan Kiley, ce jardin étend, depuis 1972 ses 7 hectares, organisés, à l’origine, selon un plan régulier et un motif de plantations tramées en écho aux travaux de Le Nôtre. La présence actuelle des 450 platanes et tilleuls témoigne de la pérennité des plantations sur dalle lorsqu’elles sont accompagnées de dispositifs techniques adéquats. 50 ans plus tard, la transformation de cet espace public devenu très minéral, respecte la rigueur et la beauté des proportions et tracés de Dan Kinley. Selon les contraintes liées à la structure du tablier, la topographie est simplifiée et les épaisseurs de terre sont augmentées ponctuellement, tout comme les surfaces en eau. La stratification végétale est enrichie et démultipliée, l’existant étant considéré comme l’une de ces strates. Ce nouveau socle végétal propose une complémentarité entre rigueur classique et naturalisme contemporain. L’esplanade abondamment plantée confirme son statut de troisième jardin de l’axe historique, après ceux des Tuileries et des Champs-Élysées.


Maquette de l’esplanade Paris de la Défense © Michel Desvigne Paysagiste
MORLAND, Paris
La transformation de l’ancienne cité administrative est pensée en étroite collaboration avec l’architecte David Chipperfeld. La cour orientée vers le nord, initialement ouverte, est transformée en un jardin clos entouré d’un cloître. Ce choix a comme effet inattendu, d’agrandir l’espace grâce à la profondeur des voûtes éloignant le jardin des façades. La présence en sous-sol de parkings induit une microtopographie en surface afin de fournir la masse critique de terre nécessaire aux plantations. Un paysage densément planté, forêt miniature aux essences végétales de sous-bois, se place dans le prolongement direct de l’espace public. Les Toits-terrasses les plus élevés accueillent un système de cultures verticales qui, de manière artificielle multiplie les surfaces exposées au soleil, tout en restant accessibles aux jardiniers. dossier de presse Ces toitures hydroponiques recyclent les eaux grises du bâtiment au bénéfice des plantations. Cet artifice explicite s’efface à grande échelle, ses lignes se superposant aux volumes de l’immeuble situé en bord de Seine, d’une hauteur de 50 mètres et visible de loin. Un fort contraste formel existe entre le jardin naturaliste du cloître et le dispositif technique des toitures, mais chacun compose, à sa manière, avec la puissance formelle du bâtiment.


© Michel Desvigne Paysagiste
KEIO UNIVERSITY, Tokyo
Le nouveau bâtiment de la Keio University se dresse à l’emplacement d’un jardin conçu par le sculpteur japonais Isamu Noguchi. Le jardin contemporain qui s’installe sur le toit de cet édifice rend hommage à ses œuvres qui proposent des formes abstraites inspirées de la nature. Un travail de transposition est mené à partir de l’image aérienne d’une petite rivière. Cette réinterprétation aboutit à un jardin composé de bosquets et de clairières miniatures, aux densités variables, dans lesquels on peut s’immiscer. Cet espace ne correspond à aucune proposition géométrique clairement identifiable. C’est une sorte de dalle perforée par des hautes herbes et des arbres. Ces formes de nature relèvent de l’artifice informatique. Une couche fertile continue est placée sous le sol minéral. Les garde-corps, immergés dans les plantations et placés très à l’intérieur du toit, laissent glisser le regard des promeneurs au loin vers la ville et le ciel. Le jardin est visuellement sans fin.

