Exposition à la Galerie d’architecture à Paris
du 8 octobre au 2 novembre 2024
« J’aimerais qu’il existe des lieux stables, immobiles, intangibles, intouchés et presque intouchables, immuables, enracinés ; des lieux qui seraient des références, des points de départ, des sources. (…) Mais de tels lieux n’existent pas, et c’est parce qu’ils n’existent pas que l’espace devient question, cesse d’être évidence, cesse d’être incorporé, cesse d’être approprié. L’espace est un doute : il me faut sans cesse le marquer, le désigner ; il n’est jamais à moi, il ne m’est jamais donné, il faut que j’en fasse la conquête. »
“Cinquante ans après sa publication (1974, éditions Galilée), «Espèces d’espaces » de Georges Perec n’a jamais été aussi pertinent. L’espace doute : entre crises des subprimes, tsunamis, incendies géants, sécheresses et épidémies, le début de ce siècle a déplacé les enjeux sociétaux, environnementaux et, par conséquent, ceux de l’architecture. Symbole de stabilité et de permanence, l’art d’édifier doit désormais composer avec un avenir imprévisible. Si la période classique était celle de l’interprétation et la période moderne celle de la prédiction, le XXIe siècle inaugure une ère d’indétermination. Pour transformer cet état d’incertitude généralisée en moteur de projets, il est impératif d’observer, de décrire et de comprendre un monde devenu complexe, hétérogène et contradictoire.” LAN
À l’occasion de l’exposition « Espaces sans Espèces » à La Galerie d’Architecture, LAN fait l’inventaire de onze espaces (et autant de projets) dont la définition est ouverte et dont l’émergence n’est pas liée à une exigence fonctionnelle mais plutôt à une perspective, climatique, sociale et parfois résolutive d’une condition contradictoire ou paradoxale. Il s’agit de lieux à la croisée entre plusieurs typologies, plusieurs climats, plusieurs usages. Marqués par l’opportunisme, ils ont en commun l’ambition d’incarner des réponses potentielles aux changements climatiques, sociétaux et culturels.
Onze nouvelles espèces d’espaces, ou plutôt onze espaces sans espèces.
Plusieurs dates jalonnent cet évènement :
– jeudi 10 octobre de 18h30 à 21h : Vernissage
– jeudi 24 octobre à 19h : Table ronde
– samedi 19 et 26 octobre, 2 novembre à 16h : Visites guidées par les architectes
> La Galerie d’Architecture
11 rue des blancs manteaux, 75004 Paris
http://www.galerie-architecture.fr
En parallèle, dans le cadre des Entretiens de Chaillot auditorium
– lundi 14 octobre à 19h : Conférence de LAN
> Cité de l’architecture et du patrimoine
7 avenue Albert de Mun, 75016 Paris
réservation obligatoire sur www.citedelarchitecture.fr
Fondée en 2002 par Benoît Jallon et Umberto Napolitano, l’agence LAN (Local Architecture Network) est un acteur singulier de l’architecture contemporaine européenne. À mi-chemin entre une réflexion théorique et une pratique ancrée dans la matérialité, LAN développe des projets qui interrogent la notion même d’espace, de porosité, d’usages, d‘interactions. Plus qu’une simple architecture de l’objet, c’est une architecture de la relation que l’agence propose, une manière de lier l’intérieur et l’extérieur, l’individu et la ville, le naturel et l’artificiel.
Ce dialogue constant entre les éléments se déploie dans leurs projets les plus emblématiques comme le Théâtre du Maillon à Strasbourg. Ici, LAN abolit les barrières traditionnelles du théâtre, habituellement structuré autour d’un proscenium. Le Maillon devient un espace ouvert, un territoire où la distinction entre scène et public, entre devant et derrière, entre dedans et dehors, s’efface. Le théâtre n’est plus un lieu figé, il est flux, mouvement, capable d’accueillir l’imprévisibilité du théâtre contemporain. Conçu comme un espace libre et indéterminé, il se situe à la croisée de la ville et de l’institution, invitant le public à une nouvelle expérience de la performance. Couronné par l’Equerre d’argent 2020, ce projet illustre la capacité de LAN à réinventer les typologies existantes en fonction des besoins contemporains.
Ce jeu entre nature et culture, entre ce qui est construit et ce qui échappe à la construction, traverse également le projet de l’Îlot des Mareyeurs à Bordeaux. Dans ce complexe à mi-chemin entre architecture industrielle et grande serre, l’agence réinvente l’espace de travail. À une époque où les bureaux classiques ne répondent plus aux nouvelles formes de collaboration et d’interaction, LAN propose une architecture hybride, où des espaces informels et climatiques passifs s’intègrent aux bureaux, créant un environnement qui joue sur les frontières entre l’intérieur et l’extérieur, entre le domestique et le professionnel. Ce projet illustre l’attention portée par l’agence à la dimension sensorielle et climatique de l’espace, tout en répondant aux enjeux écologiques actuels.
L’obsession de LAN pour l’interaction entre architecture et environnement prend une forme presque littérale à Rome, avec le projet Grande Maxxi. Ce nouveau bâtiment multifonctionnel, intégré au complexe du célèbre musée MAXXI, réunit archives, espaces d’exposition et laboratoires. Pourtant, la vraie innovation réside dans son toit-jardin, véritable écosystème qui prolonge le processus de déminéralisation des espaces publics entamé par le musée. Entre nature et artifice, ce jardin devient un lieu de contemplation, mais aussi d’expérimentation climatique, offrant une nouvelle perspective sur la ville tout en dialoguant avec l’architecture iconique de Zaha Hadid.
Dans le projet Wood-Up à Paris, LAN développe sa réflexion sur la matérialité et la durabilité. Cette tour de 50 mètres de haut, entièrement construite en bois, est une réponse à la fois technique et poétique aux défis de la construction urbaine. Le bois devient ici l’acteur principal d’une exploration typologique inédite. Dans un contexte où la réduction des émissions de carbone est cruciale, cette tour labellisée BBCA se distingue non seulement par sa hauteur, mais aussi par la manière dont elle réinvente l’habitat collectif vertical en structure bois. Loin d’un simple manifeste écologique, Wood-Up est une proposition concrète pour un mode de vie urbain plus respectueux de l’environnement, tout en restant ancré dans les préoccupations esthétiques et fonctionnelles de la ville contemporaine.
Loin de proposer des objets architecturaux clos sur eux-mêmes, LAN inscrit ses créations dans une démarche contextuelle. Chaque intervention questionne la manière dont l’architecture peut améliorer la qualité de vie tout en intégrant pleinement les contraintes climatiques, sociales et urbaines. En cela LAN ne se limite pas à la seule construction. Leurs réflexions s’étendent au débat architectural à travers des expositions et des publications qui interrogent les modèles urbains traditionnels. À la Biennale de Venise 2016, ils explorent de nouveaux modes d’habitation avec les logements expérimentaux de Bègles. Leur exposition « Haussmann – Modèle de Ville » au Pavillon de l’Arsenal en 2017 interroge la pertinence du modèle haussmannien à l’ère du XXIe siècle. Avec leur publication, Napoli Super Modern (2020), ils plongent dans l’architecture moderniste de Naples, révélant une fois de plus leur intérêt pour l’histoire des formes urbaines et leur adaptation aux défis contemporains.
LAN travaille actuellement en Europe (France, Belgique, Allemagne, Italie et Slovénie) et s’ouvre à l’international à travers les expériences au Moyen Orient et en Asie.
lan-paris.com
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