AccueilArchitectureConcours / PrixPrix Claude Parent pour l’architecture transgressive

Prix Claude Parent pour l’architecture transgressive

L’École Nationale Supérieure d’Architecture de Montpellier (ENSAM) et les Archives Claude Parent lancent la première édition du Prix Claude Parent pour l’architecture transgressive. Ce prix international vise à récompenser un·e architecte ou une équipe qui aura montré dans sa pratique et sa philosophie une volonté de repenser l’architecture de façon transgressive, critique ou pionnière.

Les candidatures sont ouvertes et à déposer jusqu’au 15 mars 2024 sur https://www.prixclaudeparent.org/

Elles seront étudiées par un jury prestigieux composé de Jean Nouvel, architecte, prix Pritzker en 2008, Joseph Giovannini, architecte, historien, auteur, Anupama Kundoo, architecte, Loris Gréaud, artiste, Carme Pigem, architecte, RCR Arquitectes, prix Pritzker en 2017 et Julie Cattant, architecte, docteure en architecture.

La remise du premier prix et les manifestations autour de ce Prix auront lieu les 29 et 30 avril 2024 à l’ENSAM, en présence de personnalités du monde de l’architecture et des arts ainsi que de la famille de Claude Parent.

ENJEUX ET OBJECTIFS
Inspiré par la volonté constante de Claude Parent à remettre en question l’architecture dans ses fondements, à rechercher et expérimenter un scénario architectural alternatif, ce prix international vise à récompenser un·e architecte ou une équipe qui aura montré dans sa pratique et sa philosophie une volonté de repenser l’architecture de façon transgressive, critique ou pionnière. Il permettra aussi aux étudiant·es en architecture d’assister à des débats exigeants, de mieux connaître le travail de Claude Parent, celui des lauréats, des membres du jury, et surtout de prendre conscience de la nécessité, aujourd’hui, d’explorer et proposer de nouvelles transgressions.

QUI PEUT PARTICIPER ?
Une participation peut être réalisée par un·e architecte ou une équipe pluridisciplinaire. Les équipes pluridisciplinaires comprenant un·e architecte au minimum sont admises. S’agissant des équipes pluridisciplinaires ou non, l’architecte porte la candidature.

LE JURY
Pour le lancement de ce premier évènement, le jury est composé de personnalités conscientes de la continuité qu’il faut apporter au sillage laissé par Claude Parent :

– Julie Cattant, architecte DPLG, docteure en architecture (Lyon/France)
– Joseph Giovannini, historien, auteur et architecte (New York/USA)
– Loris Gréaud, artiste (Paris/France)
– Anupama Kundoo, architecte (Pune/Inde)
– Jean Nouvel, architecte (Paris/France)
– Carme Pigem, architecte (RCR) (Catalogne/Espagne)

Un comité de pilotage composé de Chloé Parent, fille de Claude Parent, Mehrad Sarmadi, architecte et Thierry Verdier, directeur de l’ENSAM, assure une présélection dans les candidatures reçues pour remise au jury.

CALENDRIER
Ouverture des inscriptions au concours : 1er janvier 2024
Date limite des inscriptions au concours : 15 mars 2024
Délibération du jury : 29 avril 2024
Remise du prix à l’ENSAM : 30 avril 2024 à 18h suite à une table ronde Publique

www.prixclaudeparent.org

« Quelques-uns ont la foi et le futur en eux. Mais les temps sont durs. La globalisation, l’appel aux grandes structures va rendre difficile, si ce n’est impossible, la somptueuse initiative de quelques individus singuliers qui n’acceptent pas de passer sous le joug de la normalisation.
Ce sont ceux-là que j’aime, parce qu’ils vont souffrir et peut-être périr. J’ai confiance en ceux qui sont le sel de l’architecture, qui portent à bout de bras la réaction à l’irrémédiable.
Je leur souhaite bon vent. Je pense qu’ils survivront malgré les politiques si corrects dans l’idée qu’ils se font de notre bonheur. »

Claude Parent, 2005 dans “Portraits impressionnistes et véridiques d’architectes”, Éditions Norma

PRIX CLAUDE PARENT POUR L’ARCHITECTURE TRANSGRESSIVE

Au dos de couverture de The Architecture of Transgression*, les auteurs Jonathan Mosley et Rachel Sara donnent cette définition de l’architecture transgressive :

« La transgression suggère d’opérer au-delà des normes admises et de réinterpréter radicalement la pratique en repoussant les limites à la fois de ce qu’est l’architecture et de ce qu’elle pourrait ou même devrait être. La crise économique actuelle et les troubles politiques/sociaux qui l’accompagnent ont exacerbé la difficulté sur laquelle l’architecture a longtemps glissé : défiée par d’autres professions et stagnant dans une culture de conservatisme, l’architecture risque de perdre son statut privilégié en tant qu’un des arts visuels prééminents. La transgression ouvre de nouvelles possibilités de pratique. Elle met en évidence l’impact positif que le travail dans la périphérie de l’architecture peut avoir sur le courant dominant, car les pratiques transgressives ont le potentiel de réinventer et de repositionner la profession d’architecte : elles subvertissent les notions de progrès ; questionnent les rôles et les mécanismes de production ; s’alignent sur l’activisme politique ; devancent les interventions urbaines pionnières; préconisent un développement informel ou inachevé ; déstabilisent activement les environnements ou brisent les barrières du goût. Dans ce nouveau champ d’opération éclaté et élargi, l’équilibre de l’acte architectural est déplacé de l’objet au processus, du service à l’anticipation, et du formel à l’informel, d’une manière qui donne une impulsion à la fois critique et politique pour influer de manière active au changement.»

Nous pensons que cette définition correspond aux fondements que nous retrouvons dans l’architecture et la pensée de Claude Parent. Repositionner la profession d’architecte, être un rebelle combattant de la culture du conservatisme, réinventer l’architecture, faire des interventions urbaines inédites, déstabiliser les environnements, provoquer les mutations : ces positions étaient chères à Claude Parent. Toute sa vie, ces actions, vitales dans sa pratique de l’architecture, l’ont motivé et guidé. Face à la critique, à la moquerie et à la résistance d’un monde reproduisant trop souvent son passé, il n’a jamais renoncé à remettre en question l’architecture, ou à risquer sa propre réputation, ouvrant la porte à une nouvelle architecture libérée de la sclérose du classicisme et du cartésianisme moderniste.
C’est pourquoi, en son honneur et dans l’esprit de son engagement entier pour l’architecture, nous avons créé le Prix Claude Parent pour l’architecture transgressive. Mais ce prix n’est pas uniquement un prix hommage pour honorer ou perpétuer sa mémoire. Il se veut une inspiration, un encouragement, et pour le lauréat, la reconnaissance de son propre engagement.

Texte par Chloé Parent

Il a pour première vocation de montrer aux jeunes architectes et aux étudiants que toute recherche, et en particulier marginale, peut générer de nouvelles pistes fertiles conduisant à un changement de notre environnement bâti, social ou même naturel, et donc de notre vie. Cette audace, cette témérité, cette rébellion sont nécessaires dans une profession qui perd le gout du risque et du questionnement, a peur de se remettre en cause, évite la marginalité et a tendance à se replier de plus en plus vers le confort de la doctrine.

Le Prix Claude Parent récompensera donc un(e) architecte ou agence qui aura montré dans sa pratique de l’architecture et sa philosophie une volonté de repenser l’architecture de façon transgressive, critique ou pionnière. Nous voulons reconnaitre leur courage, la constance de leur prise de risque, l’intelligence et pertinence de leur vision ou leur apport singulier à l’architecture. Et cela dans le monde entier ouvrant un monde de possibilités. Que leur réflexion vienne du refus du status quo, de la volonté de trouver des configurations inédites pour l’architecture et l’urbanisme ou de celle de répondre aux problématiques actuelles ou futures du monde, ces architectes auront apporté quelque chose d’essentiel à leur discipline, la bouleversant et créant des chemins alternatifs porteurs de promesses pour nous tous.

Pour reprendre les mots de Claude Parent en clôture de son livre “Errer dans L’illusion” :

 « Si vous voulez planer, voir le monde en survol dans sa globalité sans perdre pour autant les sensations terrestres de marche dans la glèbe, soyez donc architecte.
Pratiquez la recherche, traquez l’imaginaire.
Aventurez-vous dans la théorie, restez éveillé dans vos rêves, abandonnez aux autres le deux et deux font quatre, préférez le chaos.
Œuvrez dans l’illusion.
Vous allez sans doute errer dans ce domaine de longues années durant, vous vous épuiserez à déplacer des montagnes rétives, vous douterez souvent de votre santé mentale, mais au bout de l’errance vous trouverez votre demeure, votre château mythique, et par la porte béante vous entrerez debout dans l’architecture : ce lieu inaccessible au commun des mortels.
Les autres ont le pouvoir, l’argent, le plaisir, la gloire, le bonheur, vous, vous n’avez rien, mais vous êtes à la source de la libération dans la façon de vivre et de penser.
Vous serez mobile, vous déplacerez ce qui ne peut bouger, vous traverserez la Méditerranée, vous basculerez toutes les citadelles, vous rendrez continue la surface hachée de la planète, puis la fracturerez au gré de vos envies, vous pratiquerez le sens dessus-dessous, vous aimerez le fragment beaucoup plus que le tout, vous serez architecte… Bonne chance
. »

* Revue ARCHITECTURAL DESIGN n° 226 (novembre/décembre 2013) « The architecture of transgression »

En parallèle, se tiendra une exposition consacrée aux dessins de Claude Parent du 3 avril au 11 mai 2024 à Mécènes du Sud – Montpellier.

ARTICLES SIMILAIRES

A lire aussi