Face à la nécessité d’une mobilisation mondiale en faveur du développement durable, le podcast “Nordic Talks” met en perspective les expériences des pays scandinaves et du reste du monde, afin d’explorer les solutions qui s’offrent à nous. Le 9 février 2021, le podcast s’est associé avec le journal Les Echos pour un épisode consacré au mode de vie “green” et à l’implantation d’espaces verts dans les villes.

Difficile d’évoquer les modes de vie respectueux de l’environnement sans penser aux pays scandinaves, qui ont fait de cette question une priorité depuis très longtemps. A tel point que la ville finlandaise d’Helsinki envisage d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2025 – et le pays d’ici 2035 – soit 25 ans avant la France.
Depuis septembre 2020, le podacst “Nordic Talks” se propose d’explorer les solutions du quotidien mises en œuvre pour favoriser le développement durable. Lancé à l’initiative du Conseil nordique des ministres, l’organisme officiel pour la coopération intergouvernementale dans cette région, le podcast invite des professionnels scandinaves et du reste du monde à échanger sur leurs expériences. Le 9 février 2021, “Nordic Talks” s’est associé avec le journal Les Echos pour un épisode consacré au mode de vie “green” et à l’implantation d’espaces verts dans les villes. Animé par David Barroux, rédacteur en chef “Entreprises” du quotidien économique, l’épisode fait intervenir la Finlandaise Kaisa Spilling, directrice du développement du Forum Virium Helsinki, et la Française Dominique Alba, architecte et directrice générale de l’Atelier parisien d’urbanisme (Apur).
Helsinki expérimente
Comme l’ensemble des grandes villes du globe, Helsinki fait face à une importante densification. Les secteurs portuaires sont aujourd’hui transformés en zones résidentielles afin d’accueillir les 650 000 habitants que compte la capitale finlandaise. Un phénomène qui entraîne son “lot de problèmes notamment en matière de biodiversité et d’introduction du vert, estime Kaisa Spilling, mais qui offre aussi des opportunités pour l’expérimentation.”
Le Smart Kalasatama, situé dans une ancienne zone industrielle à l’est de la ville, fonctionne comme un laboratoire urbain. Cet éco-quartier, qui accueille aujourd’hui 5 000 résidents (jusqu’à 25 000 d’ici 2040), est le théâtre d’innovations et d’expérimentations de solutions vertes. “Nous avons expérimenté des solutions modulaires, comme un mur végétal sur la nouvelle école du quartier afin de récupérer l’eau de pluie et de sensibiliser les enfants à l’introduction de la biodiversité en ville”, poursuit-elle.
Le cas particulier de Paris
Paris est également touchée par la densification. Mais les solutions adoptées pour les villes scandinaves ne fonctionnent pas forcément pour la capitale française. La ville qui accueille aujourd’hui 2,2 millions d’habitants possède la même frontière physique depuis plus de 160 ans, matérialisée par l’enceinte fortifiée de Thiers puis le Boulevard périphérique. Alors que le besoin d’espaces verts, et d’espaces d’agriculture urbaine, est exacerbé par la pandémie actuelle, Dominique Alba considère que le meilleur moyen de verdir Paris est “d’utiliser l’espace public existant, qui représente un tiers de l’espace total de la ville”.
La solution idéale consisterait à déplacer l’ensemble des places de parkings en sous-sol, afin de laisser la place aux espaces verts : “Une solution beaucoup trop onéreuse”, reconnaît-elle. La solution retenue est donc “la plantation d’arbres. C’est un entre-deux qui permet d’avoir du vert dans la ville, tout en permettant la circulation des piétons et des voitures”.
La nécessité de la coopération des parties prenantes
Quelque soit la solution retenue pour implanter des espaces verts dans les villes, Kaisa Spilling et Dominique Alba sont d’accord pour dire qu’il faut changer les méthodes de planification : l’introduction du vert dans les villes doit être co-organisée avec les populations.
“La budgétisation participative montre l’intérêt des habitants pour la question de la ville verte, et la présence d’espaces verts et de parcs”, assure la Finlandaise Kaisa Spilling. A Paris, “le budget participatif s’élève à 5% du budget total de la ville, soit 500 millions d’euros. Et il a été décidé par la population que la majorité de ce budget soit alloué à la création d’espaces verts”, abonde Dominique Alba. Cette décision se traduit par la plantation de 160 000 arbres dans la capitale française, dont 100 000 de part et d’autre du Boulevard périphérique, afin de faire éclore la ceinture verte de Paris.
Rémi de Marassé