À la croisée du parc Monceau et du quartier des Batignolles, La Fondation, nouveau projet porté par le Groupe Galia et opéré par Terlia, vient d’ouvrir ses portes. Nichée rue Legendre, cette adresse singulière développe plus de 10 000 m² de surfaces mixtes — hôtel cinq étoiles, restaurants, rooftop, bureaux, club de sport, spa, galerie, jardin suspendu — dans un ancien ensemble tertiaire et infrastructurel des années 1960.
Ce qui frappe ici, ce n’est pas seulement la densité des programmes, mais la qualité des interventions architecturales : le bâtiment a été entièrement repensé par PCA-STREAM, sous la direction de Philippe Chiambaretta, et les espaces communs ont été confiés au studio new-yorkais Roman & Williams. Ces deux approches — l’une structurante, l’autre immersive — dialoguent avec le contexte historique, industriel et culturel du 17e arrondissement, pour proposer un modèle d’hospitalité pluriel, ouvert et régénératif.
Réinventer un bâtiment atypique
L’intervention de PCA-STREAM débute par un acte de lecture urbaine et historique : comment transformer un ensemble brutaliste et désaffecté, composé d’un parking aérien et d’un immeuble tertiaire, sans en effacer la mémoire, ni trahir les attentes contemporaines ? Le bâtiment initial bénéficiait de qualités spatiales peu communes à Paris : grands plateaux libres, hauteurs importantes, volumes industriels, matériaux bruts (béton, brique, ferronneries). Des caractéristiques qui renvoyaient à un imaginaire néo-industriel, aujourd’hui prisé par les usagers créatifs et les entreprises innovantes.
Plutôt que de reconstruire, PCA-STREAM opère une restructuration lourde, préservant ce potentiel tout en introduisant les qualités d’un immeuble contemporain : lumière naturelle, confort thermique, modularité, performance environnementale. Ce travail se traduit notamment par la création de patios et de verrières, par l’insertion de nouveaux seuils ouverts, et par l’aménagement de circulations fluides à travers le bâtiment.



Un ancrage dans l’histoire
La Fondation s’inscrit dans un territoire culturellement fort, celui des Batignolles, marqués par une tradition artisanale, commerçante et artistique. PCA-STREAM revendique cet héritage local en plaçant son intervention sous le signe de l’expérimentation, du faire, de la création collective. La rampe hélicoïdale, élément symbolique du site, est conservée dans sa matérialité brute. Elle devient un lien culturel entre les programmes : elle accueille des événements ouverts aux habitants, artisans, écoles de création, renforçant l’identité de lieu commun. Le bâtiment devient ainsi un écosystème, et non un simple édifice multifonctionnel.
La façade rue Legendre, requalifiée en profondeur, répond à la double identité du lieu : côté structure, une trame géométrique en métal et bois ; côté intérieur, des matériaux chaleureux comme le bois prolongent les boiseries en alcôves dans les chambres. Cette composition incarne un contraste maîtrisé entre minéralité brute et chaleur artisanale. Dans les bureaux, les structures existantes sont mises en tension avec des finis contemporains, tandis que les différents espaces sont pensés pour la souplesse et le bien-être. Le végétal, omniprésent agit comme interface climatique et socialisante.





Roman & Williams : écrire le récit sensoriel de l’hospitalité
Le studio Roman & Williams, fondé à New York par Robin Standefer et Stephen Alesch, a pris en charge la conception intérieure des espaces partagés : lobby, restaurants, rooftop, spa. Leur approche repose sur une recherche d’épaisseur matérielle, où les textures racontent plus que les formes. Ici, bois patinés, pierres naturelles, métaux brossés et tissus profonds créent un univers sensoriel cohérent, entre élégance brute et hospitalité chaleureuse. Chaque espace devient une scène : le restaurant au rooftop cultive une esthétique organique et panoramique ; la brasserie La Base, au rez-de-chaussée, évoque une convivialité française dans un décor solaire et graphique.
Le lobby et les salons communs prolongent cette attention au confort, à la lumière, à l’intimité. Le spa, enveloppé dans des tonalités calmes et des matières sourdes, complète ce récit par une promesse de retrait et de régénération. Le tout, sans signature ostentatoire, dans une esthétique du soin discret et du geste habité.




La force de La Fondation tient dans la complémentarité assumée de ses auteurs, un dialogue qui produit un projet exemplaire, où le bâtiment devient le support d’un urbanisme de l’hospitalité, capable d’agréger les usages, d’anticiper les mutations et de nourrir le contexte. « Nous avons voulu un lieu où toutes les contraintes disparaissent », résume Brice Errera, président du Groupe Galia. « Ici, on prend soin de chacun pour qu’il puisse se concentrer sur l’essentiel », ajoute Valeriya Savchuk, directrice générale de Terlia.
Client : Groupe Galia
Maitrise d’ouvrage : BE SECURE
AMO Hôtelier : BERGER CONTACT
Architecte : PCA-STREAM
Décorateur : ROMAN AND WILLIAMS
Paysagiste : AGENCE C.GAUTRAND & ASSOCIÉS
Surface : 9 091 m²
Photographies : Salem Mostefaoui