L’agence toulousaine BAST figure parmi les cinq projets lauréats du Prix de l’Architecture Occitanie 2023 pour le projet E54, mutation d’une maison de village et de sa grange en maison d’associations avec bibliothèque à Montjoire en Haute-Garonne.
Les architectes de BAST (Bureau Architectures Sans Titre) n’en sont pas à leur première distinction. Déjà lauréats du Prix de l’architecture en Occitanie en 2017 pour une maison individuelle à Toulouse, nominés à l’Equerre d’argent dans la catégorie première œuvre en 2018 pour le Club-house du club de football d’Aussonne, lauréats des Albums des Jeunes Architectes et Paysagistes en 2018, et enfin primés en 2019 par la Fondation Mies van der Rohe, mention spéciale « Emerging Architect », pour le réfectoire scolaire à Montbrun-Bocage en Haute-Garonne.
Une architecture aux accents brutalistes et dont l’écriture dépouillée rejoint parfois un certain ascétisme, Laurent Didier, Mathieu Le Ny et Louis Léger l’explique par le pragmatisme dont ils ont à faire preuve face à des budgets serrés et pour lesquels le second œuvre est très souvent réduit à néant. Un goût pour la petite échelle qu’ils ont adopté par souci de maîtriser le projet dans sa globalité, une volonté aussi de travailler le détail, essence de leur métier.
Au service d’une méthode
De fait, les architectes toulousains ont développé depuis les débuts de leur pratique, une série de projets – pour la plupart de taille modeste – dont l’écriture sans artifice et toujours efficiente est devenue le signe distinctif, déterminée par une méthode qu’ils revendiquent.
Tout d’abord une production qui se compose volontairement de réhabilitations et d’extensions de maisons, de réaménagements de bureaux et de petits équipements, souvent réalisés en milieu rural. Etudiés dans le moindre détail, leurs projets sont soigneusement numérotés, tout comme le sont leurs conférences, elles-mêmes considérées comme des projets spécifiques.
Une conception à trois, puis un travail en binôme sur chaque projet, de façon à toujours confronter les positions. Les associés dressent alors un état des lieux et définissent les potentialités du projet. Vient ensuite une étude de faisabilité avec plusieurs propositions de projets de façon à montrer qu’il y a toujours plusieurs possibilités face au programme rédigé par le client. Pour garder enfin la main sur l’économie enfin, les architectes réalisent eux-mêmes les chiffrages, en partenariat avec les entreprises, parties prenantes du processus.
Une méthode pour concevoir en maîtrisant leur outil principal : la construction.
M 30, maison particulière à Roquemaure n’est pas le fruit d’une réhabilitation, ni ne se situe en centre-bourg comme de l’accoutumée pour les projets de BAST. Les architectes réalisent ici, à 40 km au nord-est de Toulouse, une maison neuve au cœur d’une exploitation agricole. Conçue en charpente métallique et entièrement vitrée, elle répond au souhait d’un agriculteur de construire une maison sur ses terres natales. Volonté également de faire appel à son charpentier, ayant bâti les hangars agricoles de l’exploitation. La maison s’organise ainsi sur une trame linéaire de 12 carrés -dont l’un contient une piscine- posée sur un sol en devers, dont elle se détache par un système de pilotis pour venir s’offrir au paysage. Des ventelles, intégrées aux parois de verre fixées à la charpente, permet à l’espace entièrement transparent de renouveler l’air de façon naturelle.
232m2 – 298 000 € HT + autoconstruction
A Montjoire, la mutation d’une maison de village et de sa grange en maison d’associations avec bibliothèque est le résultat d’une série d’interventions devant permettre d‘accueillir les nouvelles activités. E54, maison des associations bénéficie en effet du regroupement de quatre pièces attenantes pour créer la salle principale, réservée aux associations. Deux pièces superposées sont regroupées pour créer une bibliothèque en double hauteur. Quant à l’ancienne grange, elle s’ouvre largement sur le parc attenant par deux grandes baies coulissantes. Un shed en toiture enfin permet de ventiler naturellement et de faire entrer la lumière naturelle. « Une architecture qui ravive un patrimoine local estimé par la diversité des ambiances intérieures qu’elle offre, et par le soin avec lequel elle a regardé les qualités du déjà-là. »
200m2 – 375 000€ HT
*Louis Leger, Laurent Didier et Mathieu Le Ny sont respectivement diplômés de l’École nationale supérieure d’architecture de Toulouse en 2009 et 2008, et de l’École d’architecture, de la ville et des territoires à Marne-la-Vallée en 2012.