Ré architecture aménage ce 100m2 de façon à ce qu’on puisse embrasser l’espace d’un seul regard. Une reconstruction qui mise sur le décloisonnement et la réutilisation des matériaux qui font l’histoire de cet appartement du début du XXe siècle.

À l’instar de nombreux appartements lyonnais, l’entrée du projet “Coulisses” ouvre sur un hall spacieux qui dessert les autres pièces. L’agence Ré architecture a pris le parti de “gérer cet espace central comme un espace technique, qui regroupe les parties les moins lumineuses telles que les salles de bain, le cellier, les toilettes”. En abattant en plus certaines cloisons, l’appartement est traversé par la lumière et devient un 100m2 aux allures de véritable studio.

“Faire disparaître les portes dans les cloisons accentue cet effet de grand espace studio”, décrypte Pauline Suhr. Les cloisons ont ainsi été épaissies et des systèmes à galandage y ont été insérés.
C’est notamment dans ces cloisons que la patte de Ré architecture se manifeste. “On a essayé de récupérer un maximum de portes afin de mettre en valeur l’âme du lieu”, confie Pauline Suhr, “puis on les a transformées dans leur utilisation : elles deviennent des portes battantes ou coulissantes.” Autrefois utilisées en porte de distribution ou portes de placard, “elles ont demandé un gros travail de menuiserie car elles se sont voilées avec le temps. Pour les transformer en portes à galandage, il faut qu’elles soient totalement planes”, détaille Claire Meunier.


Les moulures, typiques des appartements lyonnais du début du XXe siècle, ont également été réutilisées. “Les stylobates, ont à chaque fois été déposés avant démolition puis reposés à la suite de la reconstruction, ou ailleurs dans l’appartement”, poursuit Claire Meunier. “S’il manque un morceau, on essaie de recréer la partie en continuité.”
Il y a eu un travail de reconstruction du parquet, sur lequel il y avait les traces des cloisons posées directement sur le sol bois. Les seuils ont été supprimés de façon à lier les espaces lorsque les portes sont ouvertes.
Les réseaux ont été retravaillés de façon à passer le parquet, et de rejoindre l’évacuation des eaux usées depuis le cœur technique.


A la demande de la propriétaire, l’appartement a été divisé en deux zones qui peuvent être traitées distinctement par le système de chauffage/climatisation. Suprenant, “puisque c’est souvent demandé pour les bureaux, mais pas pour les appartements”, s’étonne Claire Meunier. “Il a donc fallu étudier un système de chauffage type de bureau, avec un système gainable et non pas avec des cassettes”. Les grilles ont été intégrées, avec le système à deux moteurs, dans le faux-plafond du cœur technique. “Un défi puisqu’il fallait faire en sorte de perdre le moins de hauteur sous plafond possible”, révèle-t-elle.

Ré architecture
Ré-utiliser des surfaces oubliées. Re-donner vie à des bâtiments existants. Ré-véler l’âme des lieux. Ré-habiliter des espaces abandonnés. Ré-investir la ville. Ré architecture est une agence spécialisée dans la réutilisation intelligente de l’existant. À la baguette, Pauline Suhr (fondatrice) et Claire Meunier, deux passionnées de l’ancien. Les deux architectes, qui refusent le neuf, prônent une gestion durable de l’espace à l’heure où les espaces vacants dans les villes ne se comptent plus.
Rémi de Marassé