Le 15 juillet 2025 à Tokyo, l’architecte portugais Eduardo Souto de Moura s’est vu décerner le Praemium Imperiale, distinction majeure qui vient saluer une trajectoire d’une rigueur exemplaire, où le projet d’architecture se pense à l’échelle du lieu, du temps long, et de la matière.
« Il n’y a pas d’architecture universelle »
Né en 1952 à Porto, Souto de Moura fonde son agence en 1980 après avoir collaboré avec Álvaro Siza, (lauréat du Praemium Imperiale en 1998). De cette filiation, il garde le goût de l’intégration contextuelle et du détail juste, mais développe une écriture propre, faite de retenue, de rigueur géométrique et d’un usage très maîtrisé de la matérialité.« Il n’y a pas d’architecture universelle, tout est enraciné dans un lieu particulier », affirme-t-il. Cette déclaration synthétise une pratique où l’architecture naît moins d’un style que d’un ancrage, d’une lecture attentive du territoire, qu’il soit urbain, naturel ou historique.
Un vocabulaire sobre, une architecture engagée
Parmi ses réalisations emblématiques, on citera la Pousada Mosteiro de Amares (1997), reconversion d’un monastère en hôtel où le geste architectural se fond dans la structure historique, l’Estádio Municipal de Braga (2003), littéralement taillé dans la roche, entre gravité monumentale et ouverture sur le paysage, ou encore le musée Paula Rego à Cascais (2009), dont les volumes géométriques et le rouge de la brique affirment une présence forte, tout en dialogue avec l’environnement. Ces projets révèlent une constante : l’architecture de Souto de Moura ne cherche pas à impressionner par l’expérimentation formelle, mais par sa capacité à durer, à faire sens, à affirmer une présence silencieuse mais puissante.
Une reconnaissance internationale durable
Déjà lauréat du prix Pritzker en 2011, et du Lion d’or de la Biennale de Venise en 2018, Souto de Moura est reconnu comme un architecte des équilibres. En 2024, il a reçu l’Ordre des Arts et des Lettres décerné par la France. Il enseigne régulièrement dans des écoles d’architecture à travers le monde.
Ce Praemium Imperiale 2025 marque une nouvelle étape dans une reconnaissance institutionnelle déjà solide. Le prix salue « des œuvres en résonance avec leur époque et le contexte dans lequel elles s’inscrivent », selon les termes du jury – une description qui semble écrite sur mesure pour ce bâtisseur qui refuse la spectacularisation de la discipline.
Pour une architecture lucide et durable
Dans un contexte de transition écologique, où l’architecture est appelée à réinterroger ses fondements, Souto de Moura propose une voie claire : celle d’une architecture économe, ancrée, lucide, où chaque choix – du matériau au site – est le fruit d’un regard critique et responsable. En recevant ce prix, il rejoint la lignée des architectes honorés pour avoir su penser l’espace comme une forme de culture lente, au service de la société et du vivant.