Du 18 décembre 2025 au 17 janvier 2026, la Galerie d’architecture à Paris présente l’expositon Triptyque Architecture – Corps mort / Corps vivant
Depuis 25 ans, Triptyque Architecture trace un parcours singulier entre la France et le Brésil, inventant un langage architectural nourri à la fois par l’expérimentation tropicale et par la rigueur constructive héritée du modernisme européen. Cette double appartenance culturelle a forgé une pratique où la structure et l’usage s’entrelacent, où le bâti dialogue en permanence avec la ville, le climat et le vivant.
Inauguration le jeudi 18 décembre 2025
Vernissage de 18h30 à 21h
Conférence de Guillaume Sibaud et Olivier Raffaëlli le jeudi 15 janvier 2026 à 19h
L’exposition Corps Mort / Corps Vivant propose une relecture de projets emblématiques de l’agence à travers une tension féconde : d’un côté, l’ordre structurel permanent, stable, minéral, rigoureux ; de l’autre, l’ordre mouvant de l’usage et de l’agrément, léger, organique et reprogrammable. Ce contraste, loin d’être une opposition, fonde une dialectique constitutive du travail de Triptyque : un jeu d’équilibre entre permanence et transformation, entre inertie et vitalité.
L’exposition s’organise selon deux axes qui structurent le parcours :
• un axe autochtone et organique, célébrant la vitalité du vivant, la végétation, l’informel et la réinvention des usages ;
• un axe moderniste et minéral, affirmant la force du cadre constructif, de la trame et de la rationalité.
Ces deux lignes se croisent au cœur de l’exposition, matérialisant la rencontre de deux mondes — le corps mort et le corps vivant — qui, dans l’architecture de Triptyque, s’interpénètrent et s’enrichissent mutuellement.
Ici, pas d’opposition figée, mais une tension créatrice. Les maquettes conceptuelles deviennent le terrain d’une hybridation féconde, où cadre et usage, inertie et vitalité, se réinventent.
L’exposition esquisse ainsi une réflexion prospective : Comment bâtir demain ? Comment conjuguer permanence et mouvement, rigueur et poésie, structure et vie ? Autant de possibles à explorer, techniques et sociaux, mais aussi profondément poétiques et artistiques.
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Harmonia 57
Lieu : São Paulo, SP, Brésil
Date : 2007 – 2008
Surface : 1.100 m²
Architecture : Triptyque – Greg Bousquet, Carolina Bueno, Guillaume Sibaud & Olivier Raffaelli
Équipe : Luiz Trindade, Tiago Guimarães, Laura Bigliassi, Isabella Gebara, Tiago Guimarães, Felipe Hess, Bob Van den Brande, Flavio Miranda, Renata Pedrosa, Marc Roca Bravo, Bruno Simões, Filipe Troncon
Client : Privé
Le projet de résidence artistique Harmonia, situé dans un quartier connu pour son effervescence artistique et ses inondations fréquentes, est conçu comme un organisme vivant. Rejetant l’idée d’une construction figée, il évolue de manière dynamique par le truchement d’éléments interconnectés tels que la pluie, la récupération et l’irrigation. Le projet Harmonia donne à voir une architecture hybride – un cyborg. Les tuyaux et les réservoirs font partie intégrante de son design « low-tech », remplissant à la fois des fonctions techniques et esthétiques. Les volumes construits autour d’une parcelle centrale offrent une base neutre, tandis que les éléments végétaux croissent à partir de ses pores et évoluent avec le temps. Les espaces intérieurs des ateliers sont épurés et minimalistes, et les terrasses offrent des vues sur la ligne d’horizon.
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Colômbia
Lieu : São Paulo, SP, Brésil
Date : 2005 – 2007
Surface : 1.200 m²
Architecture : Triptyque – Greg Bousquet, Carolina Bueno, Guillaume Sibaud & Olivier Raffaelli
Équipe : Luiz Trindade, Tiago Guimarães, Laura Bigliassi, Isabella Gebara, Tiago Guimarães, Felipe Hess, Bob Van den Brande, Flavio Miranda, Renata Pedrosa, Marc Roca Bravo, Bruno Simões, Filipe Troncon
Client : Loducca
La figure du brise-soleil – élément traditionnel de l’architecture tropicale – est au centre de ce projet architectural. Situé dans un ancien quartier en mutation radicale, sur une avenue au trafic intense, orienté plein soleil, le bâtiment se veut l’incarnation puissante et organique des nuisances urbaines et naturelles de la ville émergente subtropicale. Le projet prend le parti de se nourrir de l’interaction de deux nuisances potentielles : le bruit et l’ensoleillement. Le niveau sonore de la rue devient une puissante symphonie atonale à la “helicopter-quartett” de Stockhausen. Il sculpte la façade du bâtiment: une membrane de brise-soleil, organique, fluide – qui – comme sous l’effet des vagues d’ondes sonores se déforme – créant internement des nappes d’intensité lumineuse, et des températures différentes. Un deuxième filtre, sur la paroi interne en verre, égalise ces différences par un jeu de nappes de chaleur opaques en sérigraphie, exact négatif de la déformation de la brise.
Cette façade-membrane est trouée par un “plug” – un cadre de béton – liaison entre le milieu extérieur et l’intérieur du bâtiment. La façade de fond, comme une partition musicale binaire – pacifiée – ouvre sur le jardin tropical. Les trois étages sont structurés par un élément vertical fort: un escalier en béton. Sa géométrie en plans pliés – du parking au solarium – relie et forme les espaces.


© Pedro Kok
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Villa M
Lieu : Paris, FranceDate : 2015 – 2021Surface : 8.000 m²Architecture : Triptyque – Guillaume Sibaud, OlivierRaffaëlliÉquipe : Morgan Rapy, Damien Murat, Daniel Böer, Marina Capocchi, David Guillemaud, Nicolas François, Manuel Constans et Olivia BeauDesign d’intérieur : Philippe StarckPaysagisme : ColocoClient : Groupe Pasteur Mutualité
La Villa M représente une étape majeure dans le développement de Triptyque lors de son expansion à Paris. Elle synthétise quinze années de recherche et d’expérimentation autour du concept de « natureculture », développé au Brésil. Le thème central de la Villa M réside dans la tension entre une trame constructive parfaitement rationnelle et sa négation aléatoire par un élément organique. Conçu comme un système dynamique, le bâtiment rejoue perpétuellement l’interaction entre nature et culture, chacune cherchant à dominer selon les saisons. L’intégration de micro-jardins suspendus, précisément alignés sur les baies vitrées toute hauteur, crée une fluidité exceptionnelle entre les espaces publics et privés, assurant une continuité remarquable entre intérieur et extérieur. La Villa M, un hôtel multifonctionnel axé sur la santé, est un projet innovant du Groupe Pasteur Mutualité. Triptyque (architecture) et Coloco (paysagisme) ont collaboré pour offrir un projet à usages multiples, incluant un hôtel, un centre de santé, un restaurant et un espace de coworking. La Villa M incarne ainsi une nouvelle génération de bâtiments hybrides et multifonctionnels, implantés dans des quartiers urbains à forte densité.
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Casa das Mulheres
Lieu : Polo Leonardo, Território Indígena do Xingu, AltoXingu, MTDate : 2023Surface : 736,38 m²Architecture : Triptyque + AOCA – Guillaume Sibaud,Olivier Raffaëlli, Watatakalu Yawalapiti, Sandra SoaresÉquipe : Paulla Mattos, Karina, Lia Taruiap Troncarelli,Ruth Cuiá Troncarelli, Nathan Menegon, JulianaGeneroso, Gustavo Ziviani, Caio FrançaMaquette : Daniel Kenzo, Isabella Mancini, GabrielTatsuyaImages 3D : Jeudi WangClient : Associação Terra Indígena Xingu (ATIX)
L’association ATIX mulher chargée de défendre et de protéger les peuples autochtones du Haut Xingu a appelé à la création d’un équipement dédié à la cause des femmes et de l’adolescence, absent de la tradition constructive et sociétale Yawalapiti. Ce projet est propice à l’émergence d’un art constructif qui fusionne la modernité architecturale avec les méthodes de construction vernaculaires. Il vise à répondre aux nouvelles aspirations des peuples autochtones grâce à des pratiques de construction durables tout en enrichissant le répertoire architectural de la société brésilienne contemporaine, sommée de formuler des alternatives constructives. Le bâtiment, conçu comme un hybride entre l’OCA traditionnelle des Yawalapiti et une agora contemporaine ouverte, intègre à la fois des techniques autochtones traditionnelles (conception des charpentes à ossature bois) et des apports contemporains (telles que la conception préfabriquée de tuiles en bois et de murs en terre crue banchée, etc.). Il en résulte une structure publique durable, construite sur place avec les ressources disponibles et convoquant le plus faible apport technologique exogène possible. La construction participative de cette nouvelle institution sera le terreau de débats et échanges riches, guidés par la protection, l’affirmation et la perpétuation de l’existence autochtone et de ses modes de vie sur le territoire, ainsi que par la garantie et la défense de leurs droits.


© Jeudi Wang
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Biblioteca Miguel de Cervantes
Lieu : São Paulo, BrésilDate : 2023Surface : 1.550 m²Architecture : Triptyque – Guillaume Sibaud, Olivier RaffaëlliÉquipe : Gustavo Panza, Gustavo Ziviani, Pedro Freire, Paulla Mattos, Daniela Miranda, Caio França, Bruna Nepomuceno, Bruna Bernardes, Bárbara Petri, Gilnadson Bertuleza, Olivier LäuppiMaquette : Daniel Kenzo, Isabella Mancini, Gabriel TatsuyaImages 3D : Diego Santana Costa, Hassan Zoghbi de Palma, Julie Nolasco Barroca, Jeudi WangClient : Colégio Miguel de Cervantes
Continuité et mémoire
Le projet de la nouvelle bibliothèque s’inscrit dans la continuité de l’œuvre de Rino Levi, en dialogue avec l’architecture existante du collège. Le soin apporté au choix des matériaux et à l’intégration attentive au site prolonge cette approche, actualisant son héritage à travers un langage contemporain.
Identité contemporaine
Entièrement construite en structure bois, la bibliothèque affirme sa condition contemporaine. L’usage de ce matériau renouvelable traduit la volonté d’inscrire le projet dans une démarche responsable, où la technique s’allie à l’expression architecturale.
Clarté et flexibilité spatiale
Les volumes sont définis avec rigueur et simplicité, offrant une organisation intérieure lisible et fluide. Au-delà de cette clarté, la conception structurelle intègre une réflexion sur la flexibilité des usages : les espaces peuvent évoluer et se transformer au fil du temps, garantissant la pérennité et l’adaptabilité du bâtiment aux besoins futurs de la communauté scolaire.
Lumière, protection et approche bioclimatique
La recherche de la lumière naturelle est au cœur du projet : de grandes surfaces vitrées transparentes et un atrium ouvert créent des espaces lumineux et accueillants. La peau en cobogó céramique joue un rôle essentiel : elle filtre et protège avec délicatesse le contenu précieux de la bibliothèque – les livres – tout en assurant la continuité visuelle entre l’intérieur et l’extérieur. À la tombée de la nuit, cette peau ajourée transforme le bâtiment en lanterne, affirmant sa présence ouverte et chaleureuse au sein du campus.
Relation avec le sol et le ciel
Le bâtiment établit une relation fluide avec son environnement. Les espaces d’accueil se déploient au niveau du sol avec une grande transparence, tandis que les ouvertures visuelles vers le ciel confèrent une impression d’ouverture et d’élévation, renforçant la dimension collective et inspirante de la bibliothèque.
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Inspira SP
Lieu : São Paulo, BrésilDate : 2021 – 2025Surface : 17.462 m²Architecture : Triptyque – Guillaume Sibaud, Olivier RaffaëlliÉquipe : Gustavo Ziviani, Gustavo Panza, Pedro Freire, Luca Moreira, Rodrigo Gonzaga, Caio Dias de Sá, Gustavo Cherubini, Bruna Alcine, Bárbara Petri, Enzo NercoliniMaquette : Daniel Kenzo, Mathis DelmestreImages 3D : Diego Santana Costa, Hassan Zoghbi de Palma, Julie Nolasco BarrocaPaysagisme : Sergio SantanaCommunication Visuelle : Nitsche ArquitetosClient : Hemisfério Sul Investimentos, Toca 55 Incorporadora
Le bâtiment Inspira SP, situé dans la région de l’Avenida Paulista, émerge comme une réponse contemporaine à un contexte urbain consolidé, marqué par l’intensité culturelle et économique de São Paulo.
La structure comme principe
La tour est conçue à partir d’une grille structurelle périphérique en béton, qui se présente comme le geste primordial du projet. Cette structure permanente, stable et puissante s’adresse à la ville comme un premier ordre architecturale, affirmant sa présence dans le tissu urbain.
Espaces libres et reprogrammables
En déplaçant les éléments porteurs vers la périphérie, la grille structurelle libère les espaces intérieurs, permettant à chaque étage d’être occupé de manière libre, flexible et reprogrammable. Cette condition garantit une longévité d’usage et une adaptabilité aux différents programmes au fil du temps.
Infrastructure végétale
Plus qu’un simple bâtiment, Inspira se transforme en une infrastructure végétalisée. Un système continu de jardinières, intégré à la structure en béton, permet à la végétation de coloniser et de contredire la géométrie autoritaire de l’édifice.
Entre le neutre et l’artificiel, le vert se déploie, recompose le biome natif et confère à la tour une dimension changeante et dynamique. Le bâtiment devient ainsi un support actif pour un paysage en transformation, introduisant de nouvelles couches d’usage, de perception et de plaisir.
Relation avec la ville
Le bâtiment établit une relation délicate avec le sol et le ciel, compris comme les extrémités diluées de son système constructif. Au rez-de-chaussée, la tour s’ouvre à la ville à travers un escalier gradiné public et un jardin luxuriant, dissolvant la limite entre édifice et espace urbain. Au sommet, la grille structurelle se plie à l’horizontale, concluant le projet architectural et servant pleinement l’édifice. Sur ce plan élevé, une petite forêt relie l’architecture à l’horizon, transformant la toiture en continuité végétale.
Ainsi, Inspira se présente comme une verticalité élégante et élancée, mais toujours en dialogue avec les deux dimensions qui l’ancrent : la vie collective au sol et l’immensité ouverte du ciel.


© Maíra Acayaba
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Triptyque est une agence d’architecture et d’urbanisme franco-brésilienne connue pour son approche naturaliste et rationaliste. Elle est dirigée par Guillaume Sibaud et Olivier Raffaëlli, associés fondateurs, formés à l’école d’architecture de Paris La Seine et à l’Institut d’urbanisme de Paris. Animés par un même intérêt pour les métropoles contemporaines et l’envie de se confronter à d’autres réalités, ils fondent l’agence Triptyque à São Paulo en 2000 et à Paris en 2008.
Triptyque développe, en Amérique latine et en Europe, des projets publics et privés d’architecture, d’urbanisme et d’aménagement intérieur dans des domaines aussi variés que le résidentiel, l’entreprise, l’éducation, l’hôtellerie, la santé et la recherche. L’agence a également participé à plusieurs expositions et biennales. Des maquettes de certains de ses projets ont été incluses dans les collections de musées, tels que le Centre Pompidou à Paris et le Musée Guggenheim à New York. Triptyque a reçu de nombreux prix internationaux et son travail a été publié dans de nombreux pays.
Triptyque questionne l’art de construire en mêlant la modernité architecturale et le patrimoine contemporain aux méthodes de construction tropicales écologiques et traditionnelles, telles que celles utilisées par le peuple Xingu en Amazonie.
Depuis 20 ans, Triptyque s’attache à remettre en question la dualité nature/culture et à établir un concept de «natureculture». Cette approche intègre le concept culturel brésilien d’anthropophagie et l’effacement de la dualité intérieur/extérieur inspiré de l’avant-garde européenne du début du 20e siècle (Theo Van Doesburg). Ces idées façonnent les projets de l’agence.
Le travail de Triptyque s’appuie sur l’hybridation et le concept d’« architecture cyborg», inspiré du Manifeste Cyborg de Donna Haraway. Cette approche vise à développer un nouvel art de la construction qui transcende les «péchés» du modernisme architectural tout en ravivant sa vision utopique originale de la libération humaine, le tout dans le contexte d’un monde fini et endommagé. L’agence critique le déni rationaliste de la réalité et de la nature, ainsi que la notion moderniste fondamentale de tabula rasa.
Leurs projets comblent le fossé entre les environnements urbains extrêmes, tels que São Paulo, et l’architecture vernaculaire collaborative de la région amazonienne du Xingu, qui fait face à un développement rapide et chaotique ayant un impact sur ses structures sociales et environnementales ancestrales.
Ces diverses pratiques interagissent, s’enrichissent et se défient mutuellement dans un mouvement dynamique à la recherche d’une transcendance synthétique. Ce processus réexamine les notions d’espace, de matérialité et de construction, tout en critiquant et en déconstruisant l’héritage européen, rationaliste et colonialiste qui influence les pratiques urbaines.
La Galerie d’Architecture
11 Rue des Blancs Manteaux, 75004 Paris



