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Une aréna urbaine par Groupe-6

Le Colisée de Chartres vient de recevoir un titre mondial au Prix Versailles 2025 (Mention Extérieur). Unique aréna française distinguée cette année, l’équipement confirme, à peine un an après son ouverture, la pertinence d’une implantation pensée comme un acte de transformation urbaine. Sur une friche ferroviaire longtemps imperméable, le projet articule topographie, mobilités, paysage et visibilité monumentale pour redéfinir la relation entre centre-ville, gare et cathédrale.


Dans un contexte où la cathédrale demeure l’élément matriciel de Chartres, le positionnement de l’aréna relève d’un choix stratégique. La façade sud, largement vitrée, cadre le monument depuis l’esplanade et inscrit le bâtiment dans une relation visuelle directe avec le promontoire historique. Le projet s’ancre dans la pente, exploitée comme un outil de réduction d’impact volumétrique : semi-enterrée, la salle ne dépasse pas les quinze mètres hors sol, ce qui permet au paysage monumental de demeurer dominant. Cette mise à l’échelle, saluée par le Prix Versailles, repose sur une lecture fine des altimétries et sur un travail de couture urbaine entre plateau de Mainvilliers, vallée du Couasnon et secteur de la gare.

Une architecture pensée pour la porosité
L’emplacement en friche offrait l’opportunité rare d’introduire un équipement majeur sans rompre les continuités urbaines. L’aréna adopte une logique « recto-verso » : aucune façade n’est résiduelle, aucun dispositif logistique n’est exposé. Les interfaces techniques sont absorbées par la topographie, libérant les abords pour les circulations piétonnes. Ce parti s’accompagne d’un travail sur les flux, rendu possible par la passerelle SNCF mise en service en 2020, qui relie directement la gare au site. Le bâtiment devient ainsi un élément actif du système intermodal, plutôt qu’une destination périphérique isolée. L’implantation génère une perméabilité nouvelle entre centre-ville, quartiers nord et infrastructures ferroviaires, transformant un ancien cul-de-sac en un morceau de ville traversable.

La topographie comme outil de projet
Le plan elliptique de la salle répond à une double intention : maximiser la visibilité pour les spectateurs et accompagner la géométrie du site. L’enfouissement partiel permet non seulement de contenir la volumétrie mais aussi de développer, côté sud, un front plus affirmé qui dialogue avec les flux venant du centre. Depuis le nord, en revanche, l’aréna s’efface presque, rendant à la cathédrale une prééminence que l’équipement ne cherche pas à concurrencer. L’expression architecturale s’inscrit ainsi dans un jeu d’épaisseur entre sol et construction, où la pente redevient matière de projet.

Un toit-jardin belvédère
La toiture végétalisée constitue l’un des éléments structurants du projet. Son traitement en rampe douce prolonge naturellement l’esplanade et génère un belvédère accessible en continu. Il s’agit moins d’un geste spectaculaire que d’une manière de rendre le bâtiment habitable même en dehors des événements. Le toit devient un parcours, un espace public ouvert, un point de vue inédit sur la cathédrale et le quartier de la gare. Sur le plan technique, cette surface plantée agit comme tampon thermique et participe à la gestion des eaux pluviales, contribuant à la performance bioclimatique globale de l’aréna. La distinction du Prix Versailles, centrée sur l’expression architecturale, reconnaît également cette capacité à faire coexister paysage, infrastructure et perception urbaine.

Une aréna programmatique
Le Colisée est conçu pour accueillir aussi bien les championnats que les grandes scènes. La salle ovale, modulable, garantit une visibilité homogène quelle que soit la configuration. Pour les usages sportifs, l’équipement propose des zones d’échauffement indépendantes, des vestiaires associés, des salles de soins et de préparation répondant aux standards fédéraux. Côté spectacle, la salle offre un plateau scénique adaptable, une acoustique travaillée et des conditions logistiques proches de celles des grandes arénas européennes. Le salon panoramique, largement ouvert sur la cathédrale et bénéficiant des éclairages du parcours Chartres en lumières, élargit encore les usages vers des événements institutionnels et privés, consolidant l’équipement comme un outil d’attractivité territoriale.

Un outil métropolitain qui modifie la géographie culturelle et touristique
L’intégration du Colisée dans le pôle gare modifie la perception d’arrivée à Chartres. Sa proximité avec la plateforme intermodale facilite la venue de publics extérieurs, notamment des régions Centre et parisienne. L’équipement complète l’offre événementielle en accueillant des programmations culturelles et sportives de niveau national. Il devient ainsi un seuil contemporain, un espace de transition entre infrastructures, centre historique et frange résidentielle.Cette articulation entre mobilité, paysage et programme illustre une démarche où l’équipement public devient un levier de transformation urbaine.

Le Colisée faisait déjà partie des six réalisations constituant la Liste 2025 des plus belles arénas du monde par le Prix Versailles (Prix mondial de l’architecture et du design soutenu par l’Unesco).

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