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Réinventer un socle urbain, par Arte Charpentier

À Paris Rive Gauche, Arte Charpentier s’attaque à la transformation profonde d’un immeuble tertiaire construit au début des années 2000. L’intervention, volontairement précise et mesurée, réactive tout un potentiel jusqu’alors sous-exploité : celui d’un socle qui redevient poreux, habité et généreux.

Un socle qui redevient un morceau de ville
Le quartier du 13e arrondissement s’est densifié et complexifié depuis la livraison initiale de Sequana. Ce qui, vingt ans plus tôt, pouvait fonctionner comme un objet autonome sur son îlot, apparaît aujourd’hui en décalage avec un territoire où les circulations piétonnes, la mixité programmatique et le rapport au sol sont devenus des enjeux centraux.
La réponse d’Arte Charpentier consiste à transformer une coupure en couture urbaine. L’entrée unique, installée au rez-de-jardin, fédère les deux bâtiments existants et creuse une nouvelle transversalité entre le quai Panhard-Levassor et la rue des Frigos. Ce geste, qui rend lisible un passage là où l’espace semblait replié sur lui-même, redistribue les flux, ouvre des perspectives et installe un espace de respiration au cœur de l’ensemble immobilier. Les gradins végétalisés prolongent cette logique. Ils n’offrent pas simplement un accès, mais une topographie douce où s’installent assises, zones de pause et micro-espaces de travail. Le sol cesse d’être un simple support fonctionnel, il devient un paysage à approprier, un seuil où l’intérieur et l’extérieur dialoguent.

Un cœur vivant, lumineux et réversible
La véritable métamorphose de Sequana se joue au rez-de-jardin. Longtemps considéré comme un niveau technique, il bascule du côté des usages vivants : coworking, restauration, accueil, détente. L’espace se déploie comme une onde continue, largement ouvert sur le patio et les gradins. La lumière naturelle structure l’ensemble et crée ce sentiment d’un lieu traversant, perméable, hospitalier.
Les interventions dans les halls confirment cette volonté d’unifier sans uniformiser. D’un côté, un escalier devenu gradin monumental sert autant de liaison verticale que de lieu d’échanges informels. De l’autre, une mezzanine crée de nouvelles salles de réunion tout en préservant la verticalité du volume initial. Les matériaux, largement issus du réemploi, donnent à l’ensemble une cohérence douce. La pierre concassée, transformée en terrazzo pour les sols, rappelle que l’existant peut devenir matière première, et trouver une nouvelle valeur esthétique.

La frugalité comme stratégie
L’économie de moyens est à l’origine de nombreux choix programmatiques et constructifs. Les plateaux de bureaux d’origine, généreux en lumière et en hauteur, sont conservés dans leurs qualités essentielles. La structure mixte béton-acier, les trames larges et les façades vitrées fournissent un cadre déjà performant, que la réhabilitation se contente d’optimiser. Le traitement des façades illustre parfaitement cette démarche frugale. Plutôt que de remplacer l’enveloppe, des stores extérieurs viennent tempérer les apports solaires. Leur intégration discrète permet d’améliorer le confort d’été sans modifier l’image générale du bâtiment. Une sobriété qui se retrouve dans l’ensemble du projet, conjuguant réemploi, phasage en site occupé, et respect rigoureux des objectifs énergétiques.

Des paysages habités
Les terrasses, longtemps non valorisées, deviennent ici des lieux de vie en pleine hauteur. Leur végétalisation importante, pensée selon les expositions et les capacités structurelles, les transforme en îlots de fraîcheur. Le travail paysager privilégie des ambiances où l’on peut à la fois se reposer, travailler ou simplement profiter des vues sur la Seine et la ville.
Cette approche se prolonge jusqu’au rooftop, aménagé comme une plateforme panoramique pouvant accueillir un usage événementiel tout en intégrant des plantations légères. L’ensemble du projet, du rez-de-jardin aux toitures, est traversé par la même ambition : créer des espaces extérieurs vivants plutôt que des décors. Le paysage devient alors un prolongement naturel des lieux de travail, un lieu de bien-être et un vecteur de biodiversité dans un tissu urbain dense.

Réhabiliter pour mieux transformer la ville
À travers cette intervention, Arte Charpentier démontre que la réhabilitation peut être un outil puissant de transformation urbaine. Le projet ne cherche pas l’effet spectaculaire, mais la juste mesure : un sol réactivé, des espaces partagés, une présence nouvelle du végétal, une circulation pensée comme un liant plutôt qu’un simple tracé. Autant de micro-décisions qui, assemblées, redonnent au site une véritable capacité d’accueil.
Pour un tertiaire plus poreux et plus habitable.

Maître d’ouvrage : Covea Immobilier
Maintenance : Vinci Facilities
Architecte mandataire, missions conception et exécution : Arte Charpentier
MOEX : CALQ
Surface : 21 000 m2
Montant des travaux : 49 M€

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