Implanté à proximité du château médiéval de Suze-la-Rousse, l’établissement devait respecter des contraintes fortes d’intégration paysagère. Rudy Ricciotti a imaginé une architecture « furtive », qui se fond dans le site grâce à un travail de topographie artificielle. Le cœur du projet est un vaste impluvium romain formant la cour de récréation, protégé des vents par le relief environnant.
Neuf grandes failles décaissées, des toitures végétalisées et un jeu de volumes bas contribuent à inscrire le collège dans le paysage tout en révélant sa monumentalité par la seule horizontalité de la cour. Le bâtiment regroupe 23 salles de classe équipées de dalles tactiles, cinq laboratoires de sciences et technologie, un atelier collaboratif ouvert sur l’espace public, une salle polyvalente et un self participatif. L’aménagement intérieur privilégie la lumière naturelle et des configurations modulables adaptées aux nouveaux usages pédagogiques.
« Il s’agit bien ici de soumettre les conventions habituelles de représentation de l’institution publique et d’imaginer un bâtiment discret, intégré, voire furtif, disparaissant dans le grand paysage et ne révélant sa nature profonde d’équipement public que dans une proximité d’usage, « à hauteur d’homme ». Il est donc légitime d’écarter les attributs simplistes d’une urbanité conventionnelle (alignements sur rue, façades ordonnancées, entrée monumentale, surdensité…) comme composition étrangère à un paysage champêtre paisible et vénérable. Le parti lisible, le tracé précis, identifiable bien qu’estompé, œuvrent comme la lecture d’un site archéologique où le simple accident de terrain révèle, en prenant de la hauteur, le dessin oublié d’une structure disparue. Tumulus, cairns, oppidum symbolisent ces artefacts ancestraux mêlant topographie et construction dans le même dessin d’une architecture tellurique faisant corps avec la nature. Pour autant, ce collège ne peut se contenter de disparaître. Il désigne donc la cour de « récréation », transcription enfantine de la place publique de la cité, icône consensuelle et légitime de cette institution, comme un marqueur de l’identité du projet. Ce vaste impluvium planant, à l’horizontalité parfaite, signale la présence de l’édifice et révèle par la pureté de ces lignes la richesse du site naturel où il s’inscrit, révélant ainsi, sans excès, l’identité monumentale du bâtiment. »
_Rudy Ricciotti
Un chantier à faible empreinte carbone
La construction a mobilisé 18 750 m³ de remblais, 2 100 m³ de bois et 3 300 m² de tuiles. La structure associe du béton bas carbone et du bois issu des filières locales (Alpes et Vercors), complétés par des isolants biosourcés.
Le bâtiment bénéficie d’une conception bioclimatique et d’une isolation renforcée. Son chauffage repose sur deux chaudières à bois, tandis que la ventilation est assurée par un système de puits climatique et une centrale de traitement d’air équipée de sondes CO₂. Ces dispositifs assurent un confort thermique optimal et une qualité d’air contrôlée.
Classé E2C1, le collège s’inscrit dans la catégorie des constructions à haute performance énergétique.
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Architecte : Rudy Ricciotti (Agence Rudy Ricciotti, Bandol – 83)
Maître d’ouvrage : Conseil départemental de la Drôme
Co-maître d’ouvrage : Commune de Suze-la-Rousse
Surface : 5 500 m²
Montant total : 24 M€
Programme : Collège de 550 élèves (remplacement de l’ancien établissement)
23 salles de classe (équipées de dalles tactiles)
5 salles de sciences et technologie
1 atelier collaboratif ouvert sur l’espace public
1 salle polyvalente
1 self participatif
18 750 m³ de remblais utilisés
2 100 m³ de bois (charpente, planchers, cloisons – filières Alpes et Vercors)
3 300 m² de tuiles
Béton bas carbone pour la structure
