Perché sur un éperon rocheux dominant l’étang de Berre, le village de Cornillon-Confoux cultive une rare intensité paysagère. C’est au cœur de ce relief méditerranéen, dans l’écrin minéral de ses ruelles escarpées et de ses maisons bâties sur la pierre vive, qu’un projet d’école vient aujourd’hui renouer le lien entre patrimoine, topographie et usage public.
Le projet, mené par l’agence Averous & Simay Architecture, ne se contente pas d’agrandir une école existante : il redonne corps à une centralité villageoise, en inscrivant dans les plis du terrain une extension maternelle, un parking semi-enterré, une cour protégée et des locaux partagés, le tout articulé par un cheminement public historique, le bien nommé chemin des Écoliers.
Une école comme couture urbaine
C’est là, entre la Grand-rue et la cour de l’école élémentaire en surplomb, que le nouveau bâtiment s’implante avec délicatesse et précision. Le projet s’enroule littéralement autour de la venelle pentue, la surplombe par une passerelle qui relie les deux entités scolaires, tout en la requalifiant comme espace public continu, animé et appropriable. Un escalier-gradin, à la fois outil de franchissement et séquence contemplative, prolonge la pente dans le hall de la maternelle, brouillant habilement la frontière entre intérieur et extérieur, entre l’équipement et le village.
Ici, les contraintes – exiguïté de la parcelle, fortes altimétries, mitoyennetés irrégulières – deviennent autant de leviers de projet. L’école ne s’impose pas, elle s’imbrique. Trois niveaux s’empilent discrètement : parking en creux, classes et cour en cœur, terrasse pédagogique en belvédère. À chaque étage, une situation, une ambiance, un usage.
Jeu d’épaisseurs et de lumières
L’architecture assume une matérialité franche et ancrée. Les façades en pierre massive de Vers-Pont-du-Gard, taillées avec rigueur, donnent au bâtiment une présence minérale en harmonie avec les tonalités ocre du village. Le travail stéréotomique – joints finement marqués, ébrasements profonds, modénature des percements – confère à l’édifice une densité expressive sans jamais céder au pittoresque.
Le projet joue de la lumière avec discernement : zénithale via des sheds dans les salles de classe, latérale dans la circulation vitrée qui borde la cour, tamponnée en façade sur rue pour préserver la fraîcheur des intérieurs. Car il s’agit aussi, ici, de bâtir avec le climat : inertie thermique du béton, isolation naturelle de la pierre, ventilation nocturne par ouvrants motorisés, confort passif avant tout.Le couronnement du bâtiment, en béton clair en léger porte-à-faux, fait écho aux volumes blancs de l’école existante et affirme subtilement la présence contemporaine de l’extension, sans rompre l’échelle du tissu bâti.
Economie de moyens
Dans un vocabulaire de matières brutes – béton, pierre, bois –, les architectes parviennent à offrir une architecture sensible, sans fioritures, mais généreuse. Chaque composant répond à une logique constructive et environnementale. Le choix de matériaux biosourcés, de menuiseries en aluminium recyclé, de panneaux acoustiques en fibre de bois, accompagne un projet où la durabilité est pensée dans la durée d’usage autant que dans les matériaux.
La technique, discrètement intégrée, assure un confort thermique toutes saisons à coût énergétique minimal : PAC air/eau, ventilation double flux, plancher chauffant/rafraîchissant, le tout dissimulé dans les espaces bas pour préserver la qualité du site. L’installation photovoltaïque, enfin, vient discrètement compléter cette démarche.
Une école, mais plus que cela
À Cornillon-Confoux, l’école n’est plus un simple programme fonctionnel. Elle devient infrastructure de paysage, lieu de transition, plateforme d’usages partagés. La terrasse pédagogique au sommet, ouverte sur les collines alentour, est à la fois extension de la cour et belvédère communal. Le parking en sous-face résout une contrainte de mobilité en limitant l’emprise au sol. Les espaces mutualisés font le lien entre les âges et les temps : scolaire, extrascolaire, public. Ce projet modeste par son échelle, mais exigeant dans sa mise en œuvre, illustre une manière d’habiter les interstices, d’inventer des liens plus que des formes, et de faire de l’architecture un prolongement naturel du paysage et des usages.
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Groupe scolaire Igor Mitoraj
Maître d’ouvrage : Commune de Cornillon-Confoux
Maître d’œuvre : Averous & Simay Architecture (Mandataire),
Structua Ingénierie (Bet Structures et VRD)
SOLAIR (Bet Fluides)
ARTEC 64 (Économie de la construction et OPC)
Entreprises :
Calvin (VRD- Espaces verts), Poggia (Gros-œuvre et façades pierre), Kattec (Etanchéité), Reflets du Sud (Menuiseries extérieures), Ponzio (Serrurerie-GCV), Ckat (Cloisons-Doublages-Faux plafonds), Iroko (Menuiseries intérieures), Provençale de peinture (Peinture), EMC (Génie électrique), EITP (Génie climatique), Otis (Ascenseurs), Mila Modulaire (Classes provisoires)
Surfaces : 1687 m2 SDO (neuf) – 580 m2 SDO (réhabilitation)
Coût : 4 036 000 euros HT
