AccueilActualitéVa jouer dehors ! Manifeste joyeux pour une ville qui se réinvente

Va jouer dehors ! Manifeste joyeux pour une ville qui se réinvente

Et si l’architecture cessait de construire des objets pour créer des situations ? Et si les cabanes – fragiles, puissantes, insaisissables – devenaient les matrices d’un urbanisme à la fois politique et jubilatoire ? C’est l’élan porté par Va jouer dehors !, studio d’architecture et plateforme d’expérimentation emmenée par Matthieu Poitevin, qui mêle création bâtie, festival, écriture et activisme spatial.

Une double entité, un même élan
Va jouer dehors !, c’est d’abord un studio, mais aussi une association d’intérêt général. D’un côté, une production architecturale concrète, engagée, ancrée dans les marges. De l’autre, un festival de la ville qui prend chaque année possession d’un lieu oublié pour y faire émerger débats, performances, réflexions collectives et moments de fête. Ensemble, les deux entités forment une plateforme de recherche-action, pensée comme un outil d’intervention sur la ville ordinaire – pour mieux la hacker.

Matthieu Poitevin, initiateur du projet, rappelle que son “professeur était Paul Virilio” et qu’il lui a appris l’exigence plus que la norme. Ce qui se joue ici, ce n’est pas un branding de l’alternatif, mais une mise en risque assumée : désobéir, renverser la table, tout en étant constructif – au sens premier du terme.

L’architecture comme acte populaire
« L’architecture est l’art de l’ordinaire », écrit le studio dans son manifeste. Et plutôt que de sacraliser l’exceptionnel, Va jouer dehors ! s’attache à transformer le banal. Friches, hangars, écoles désaffectées, anciennes vinaigreries ou bastides en ruine : les lieux investis sont choisis pour leur potentiel de basculement. Chaque intervention devient un récit en soi, souvent écrit à plusieurs voix, où la technique, le soin et l’imaginaire tiennent ensemble.

Les projets livrés ou en cours (Mixt à Nantes, Le ZEF à Marseille, le TOP à Digne…) prolongent une même philosophie : réparer, relier, ouvrir. Le bois y est omniprésent, non comme gage de bonne conscience écologique, mais parce qu’il permet de faire vite, léger, réversible et sensible. Ventilation naturelle, réemploi, cabanes, toitures partagées et gradins mobiles ne sont pas des gadgets, mais des armes douces pour contrer le béton normatif.

Une esthétique de l’insubordination
Au croisement de l’Oulipo et du cirque populaire, Va jouer dehors ! propose une méthode : créer avec les contraintes, détourner les règles, produire des formes avec une joie profondément politique. Dans les textes comme dans les bâtiments, on retrouve le goût du détournement, de l’humour et de la dérision. À l’image des cabanes, icônes du projet, tout est pensé pour être provisoire mais puissant, libre mais inscrit, poétique mais utile.
Ce que l’agence revendique, ce n’est pas une “signature” formelle mais une posture : l’architecture comme levier d’émancipation, comme outil pour rendre les gens heureux, sans jamais les enfermer. « Être libre et heureux est vertigineux et inconfortable », indique Matthieu Poitevin, « les gens confondent trop souvent confort et conformisme ».

Va jouer dehors ! n’est pas un manifeste de plus. C’est un laboratoire vivant, un espace de frottement entre art, ville et société. Une cabane pour l’imaginaire, à habiter dès maintenant.

À noter – 2025 chez Va jouer dehors !
12 septembre 2025 : Festival de la Ville, 4ᵉ édition> Au Théâtre du Centaure, Marseille
> Spectacle-banquet Liberté pour les chimères, débats publics (Bazar D XXL), cabaret Pecha Kucha, revue éditée en direct (L’architecture euphorique)
https://www.festivaldelaville.org/

Tout au long de l’année
3 numéros de la revue L’architecture euphorique, format papier et numérique
> Thèmes : ville sensible, pratiques alternatives, récits d’habitants et de concepteurs
https://www.festivaldelaville.org/editions/larchitecture-euphorique-n05/

Livraisons 2025
Le ZEF, scène nationale – Marseille
Mixt, théâtre & lieu culturel – Nantes
Le TOP, salle de spectacle hybride – Digne-les-Bains (chantier en fin de phase)
Îlot Gambetta/Canebière – Marseille (projet de couture urbaine en cours)

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