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À Taichung, SANAA invente une nouvelle géographie du savoir

À la lisière nord du Central Park de Taichung, un édifice de verre et de métal vient redessiner les contours de la culture publique. La Taichung Green Museumbrary marque à la fois l’ouverture du nouveau musée d’art de la ville et de sa bibliothèque publique, réunis en un seul et même geste architectural. Une hybridation assumée, presque manifeste, signée Kazuyo Sejima et Ryue Nishizawa.

Premier bâtiment de SANAA à Taïwan, et plus vaste projet culturel jamais conçu par l’agence, la Museumbrary développe près de 58 000 m². Réalisée en collaboration avec l’agence taïwanaise Ricky Liu & Associates Architects + Planners, elle se déploie comme un archipel de huit volumes interconnectés, enveloppés d’une résille d’aluminium déployé. Une peau légère, vibrante, qui filtre la lumière autant qu’elle ménage des vues poreuses vers le parc.

Un édifice ouvert comme une clairière
SANAA décrit le projet comme « une bibliothèque dans un parc et un musée d’art dans une forêt ». Une formule qui résume l’ambition de l’édifice : abolir les frontières, adoucir les seuils, laisser circuler l’air, la lumière et les corps. Soulevés du sol, les volumes laissent pénétrer les brises et prolongent le paysage à l’intérieur même du bâtiment. Depuis les façades ajourées comme depuis le toit, transformé en « forêt culturelle », le regard glisse à travers le maillage, toujours relié au végétal.

Au-delà de la relation au site, le dialogue entre les programmes constitue le cœur du projet. Ici, musée et bibliothèque ne se juxtaposent pas : ils s’entrelacent. Les visiteurs passent librement de l’un à l’autre, traversent des « espaces de fusion » où lecture, exposition et rencontre se superposent. Une manière délibérée de déconstruire les usages traditionnels, au profit d’un lieu ouvert, inclusif, propice aux croisements inattendus entre publics et savoirs.

« Nous avons toujours souhaité créer un bâtiment ouvert, dans lequel chacun puisse facilement prendre part, expliquent Kazuyo Sejima et Ryue Nishizawa. Que le musée propose un apprentissage visuel par l’art, que la bibliothèque transmette le savoir par la littérature, leur combinaison donne naissance à un espace d’apprentissage multiple, fondé sur la communication et le partage. »

Une architecture de la porosité et du partage
Le musée d’art s’organise autour d’un vaste atrium de 27 mètres de hauteur, traversé de rampes qui relient les différents niveaux. Cinq salles d’exposition, aux hauteurs variables – de 4 à près de 11 mètres – offrent une grande diversité de configurations spatiales. L’exposition inaugurale, A Call of All Beings / See You Tomorrow, Same Time, Same Place, puise dans les paysages naturels et urbains environnants, faisant écho à l’ouverture architecturale du lieu. L’atrium accueille également la première commande artistique dans l’espace public du musée, avec l’installation Liquid Votive – Tree Shade Triad de Haegue Yang.
La bibliothèque publique déploie quant à elle une succession d’espaces : hall, zones de lecture pour adolescents et enfants, salle de périodiques, Digital HUB, multiples alcôves de lecture. Des rideaux pare-soleil y filtrent la lumière directe, sans jamais rompre le lien visuel avec le parc, rappelant que le paysage demeure un acteur à part entière de l’expérience.

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