Fin 2020, l’Institut indien de management d’Ahmedabad (IIAM) annonçait sa décision de démolir 14 des 18 dortoirs du campus conçu en 1962 par Louis Kahn, Balkrishna Doshi et Anant Raje. En un mois, plus de 600 architectes et universitaires, représentant 118 universités à travers le monde, écrivaient alors au directeur de l’IIMA, Errol D’Souza, dénonçant « un acte de vandalisme culturel ». Une pétition fut lancée par The Architectural Review, comptant entre autres signataires les architectes lauréats du prix Pritzker Balkrishna Doshi, Alejandro Aravena et Rafael Moneo.
L’historien anglais de l’architecture William J. R. Curtis fut parmi les premiers à s’exprimer publiquement pour la reconsidération de cette décision, insistant sur la nécessité de conserver la cohérence spatiale et l’intégrité du campus. Il signait une tribune publiée par The Architectural Review et une lettre ouverte adressée au directeur de l’IIMA, indiquant : « l’idée que la bibliothèque, l’administration et l’amphithéâtre puissent représenter un “patrimoine” une fois que les dortoirs sont démolis est tout simplement inconcevable ». Aujourd’hui, alors que l’IIMA aurait décidé – selon le site d’information indien The Wire – de retirer sa proposition, la menace perdure.
Retour en arrière
Pensé lors de sa création comme le « Harvard indien », l’IIMA avait commandité Louis Kahn pour la réalisation de son campus. L’architecte Prem Chandavarkar décrira alors le projet de Kahn comme « incarné dans un ordre spatial à expérimenter, où l’union du bloc académique, de la bibliothèque et des dortoirs, crée un réseau intime de cours qui, avec les bâtiments, capture l’esprit d’une communauté monastique d’apprenants où le savoir est collectivement considéré comme sacré ». Plus tard, la bibliothèque, restaurée par Somaya et Kalappa (SNKindia), semblait pourtant indiquer que l’ensemble du campus serait préservé. Mais le directeur de l’IIMA continue de soutenir que les dortoirs ayant subi au fil du temps de nombreux dommages structurels, notamment lors du tremblement de terre de 2001, ne sont plus sûrs pour les étudiants, devant être remplacés par de nouveaux bâtiments. Par ailleurs, la loi indienne stipule que les bâtiments ne peuvent être qualifiés de « patrimoine » qu’après plus de cent ans d’existence.
Alors que les articles condamnant le projet de démolition des dortoirs de l’IIMA se multiplient, la pétition est toujours ouverte : « Nous voulons demander que la décision soit annulée et que les dortoirs de Louis Kahn soient sauvés de la démolition. Les 18 dortoirs doivent être préservés et restaurés pour répondre aux besoins futurs de l’institution. »
Pour plus de détails sur la pétition : https://www.change.org/p/architects-save-louis-kahn-s-iim-ahmedabad-dormitories-from-demolition-2af5b2e1-2be0-4269-a8cd-09fbc29c7a1a#decision-makers-heading
