Collectif Saga, une jeune agence de cinq architectes, participe au développement social d’une communauté africaine basée à Joe Slovo.
Pour sa première mission, le jeune Collectif Saga, fondé en 2014 et composé de cinq architectes Nantais, est intervenu en Afrique du Sud. Tout juste diplômés, Sylvain Guitard, Camille Sable, Simon Galland, Anastasia Rohaut et Pierre Y. Guerin ont construit un projet de développement social pour et avec une communauté basée à Joe Slovo, un quartier informel de la ville de Port Elizabeth. Ce projet, Silindokulhe Pre-School, est une crèche temporaire vouée à devenir un atelier.
La construction d’un équipement à Port Elizabeth, prétexte de lien social
Collectif Saga : pour une architecture participative
Collectif Saga s’interroge sur la dimension éthique du travail de l’architecte et repense la place de l’habitant dans le processus de construction du projet ; autant dans sa conception que dans la réalisation de l’espace habité. Influencé par les travaux de Carin Smuts, Christophe Hutin, Lucien et Simone Kroll ou encore Elemental, il vient faire de l’art de construire le prétexte à un dialogue social. Proposé par les habitants et les organisations locales déjà en place, le projet fut conçu sur le mode du workshop. A la manière de Patrick Bouchain, Collectif Saga a mis en place un chantier participatif où les habitants construisent leur propre équipement et se l’approprient d’autant plus. A un moment T du chantier, l’espace s’est transformé en une scène, capable de fédérer des dynamiques culturelles différentes autour d’un projet commun. Le bâtiment physique devient le catalyseur d’un processus social bien plus large et s’inscrit dans un projet de développement à long terme.
Silindokulhe Pre-School : pour une architecture pérenne
Bien entendu, cet équipement n’avait qu’un budget minime, ce qui n’a pas empêché les architectes de créer un espace qualitatif, suffisamment grand et adaptable. La halle multi-programme est constituée de deux bâtiments qui se répondent. D’un coté le point d’eau de 38 m², de l’autre une grande halle de 100 m² divisible sur laquelle vient se « plugger » un conteneur qui abrite un bureau et une cuisine. Surélevé sur pilotis, le bâtiment répond à la problématique des eaux de pluie transformant le terrain en une marre de boue.

Le point d’eau
Le toit est réalisé en tôle ondulée ; les portiques à partir de poteaux téléphoniques et bois de palettes ; les murs, sols et menuiseries sont intégralement réalisés en bois de palettes ; le mur d’entrée est constitué de bouteilles et contreplaqué. Ainsi, les matériaux sont en grande partie recyclés et les techniques de construction des plus efficientes. Les procédés constructifs sont simples et réplicables par la communauté ; des outils sont fournis aux habitants pour qu’ils puissent être eux-même acteur du développement de leur quartier. La construction participative a permis la transmission des savoirs, et ce dans les deux sens. Collectif Saga a beaucoup appris des habitants de la communauté de Joe Slovo et ne demande que ça.
Joe Slovo : pour un quartier en développement
Ce projet n’est que la première phase d’une intervention à plus grande échelle qui doit se dérouler en quatre phases. Cette crèche est temporaire et a vocation à devenir un atelier autour du travail du bois et du métal, tandis que la véritable école sera construite sur la parcelle adjacente. Dans le même temps verront le jour des jardins, ainsi qu’un centre communautaire. De quoi équiper Joe Slovo et inscrire ce quartier dans un processus de renouveau.
Collectif Saga ne s’arrête pas là, ils ont pour ambition de « partager ses opportunités de projet avec ceux qui n’en ont que rarement la possibilité, en particulier les étudiants pour qui l’expérimentation est primordiale. Notre volonté est celle d’offrir une plateforme capable de mettre en relation des initiatives particulières entre elles. »
Courtesy Collectif Saga / Joubert Loots et Maguelonne Gorioux
Amélie Luquain