En juin 2014, le musée du Louvre a entamé un chantier qui devait s’étaler sur 2 ans. Relancé par Jean-Luc Martinez, président-directeur du musée du Louvre, et mené par l’agence d’architecture SEARCH, le projet Pyramide a pour volonté de replacer les visiteurs au cœur des collections.

Pyramide © Charlie Abad
Affluence croissante
Inauguré en 1989, l’accueil central souterrain du musée du Louvre surmonté de la pyramide de verre et d’acier d’Ieoh Ming Pey était pensé pour 4,5 millions de visiteurs. Aujourd’hui, cette institution culturelle de premier rang en accueille 10 millions par an.
Chaque jour, le public et les agents subissent les désagréments lié au sous-dimensionnement des infrastructures d’accueil : allongements des files d’attente, difficulté de repérage, sous-dimensionnement des vestiaires et de la bagagerie, toilettes en nombre insuffisant, nuisances sonores…

Belvédère : doublement du controle d’accès

Entrée Pyramide © Antoine Mongodin
Visibilité augmentée
« Comment rendre le Louvre plus lisible ? » demande Jean-Luc Martinez, président-directeur du musée du Louvre, qui a décidé de mettre le projet Pyramide au cœur de ses priorités dès sa prise de fonction en avril 2013. La réorganisation des accès et de l’accueil sous la pyramide apporte des solutions en déplaçant les fonctions logistiques (billetterie, vestiaires, toilettes…) à la périphérie de celle-ci. Le projet est mené depuis sa conception en 2011 par l’agence d’architecture SEARCH, notamment lauréate des Nouveaux Albums des Jeunes Architectes (NAJA 2006).

Hall Napoléon libéré de sa banque d’information
Opération tiroir
Débuté en juin 2014, le chantier du projet Pyramide vise à minimiser les impacts sur le public et à assurer la continuité des services sans incidence sur les horaires d’ouverture, pour ce musée ouvert 6 jours sur 7. Ainsi, l’emprise du chantier ne doit pas dépasser 7% de celle du hall Napoléon. Les gros travaux se font de nuit, du lundi soir au mercredi matin. Les parois de chantier, à la fois acoustique, coupe-feu et anti-poussière, minimisent les nuisances. Mais surtout, ce chantier fragmenté rythme la vie du musée, en toute discrétion. Le Louvre héberge une dizaine de micros-lots, chacun avec son propre niveau d’avancement. « L’organisation du chantier en site occupé est le premier des défis techniques (…) Il est ainsi prévu d’organiser les travaux en 12 chantiers qui s’articulent dans le temps en un « jeu de chaises musicales » permettant de maintenir le site ouvert au public. » précise Caroline Barat, architecte.

Point d’information
Par exemple, tandis que les nouvelles portes d’accès à la pyramide sont livrées, l’allée du Grand Louvre entame tout juste sa restructuration. Les Algeco de l’entrée Richelieu, à l’origine temporaire, sont enfin remplacés par des auvents « immatériels » en inox poli miroir. L’actuel point d’information, noyé sous la foule, sera bientôt logé dans deux piliers, dits « trièdres ». Des parois minimisant les nuisances acoustiques, amélioreront notablement l’accueil des visiteurs et les conditions de travail des agents. La billetterie aura son propre espace, concentré au rez-de-chaussée de l’ancienne librairie.

Billetterie dans l’espace protégé de l’actuelle librairie
Le nouveau complexe bagagerie/vestiaire, regroupé d’ores et déjà en une zone unique permet l’autonomie du visiteur et une plus grande capacité de stockage. La signalétique est également entièrement repensée, en collaboration avec Philippe Apeloig. Au centre du hall, un dispositif de projection permet de s’orienter. A l’entrée de chaque aile, seront reproduits des détails d’œuvres célèbres sur de grandes bannières, laissant place à l’image plutôt qu’à l’écrit, peu accessible en raison de la diversité des langues. Quant à la signalétique des espaces d’accueil, elle sera placée en hauteur et en lettres noires, facilitant sa visibilité, y compris les jours d’affluence.

Bagagerie
Détails urbains
Les architectes ont donc dû s’implanter dans une architecture forte par le biais d’intervention minimale ne nécessitant aucune intervention sur l’édifice. Chaque action, bien que largement contemporaine, doit donner l’illusion d’avoir toujours été là. « La pyramide d’I.M. Pei, désormais iconique, implique pour notre équipe de trouver une écriture architecturale juste, sans surenchère tout en assumant sa propre identité en évitant l’écueil de l’imitation. » nous dit Thomas Dubuisson, architecte.
Le projet Pyramide, oscillant entre micro-architecture et échelle urbaine, sera inauguré le 5 juillet 2016 en présence du Président de la République.
Amélie Luquain
Calendrier :
septembre 2013 : présentation du projet aux personnels
automne 2013 : commission ministérielle des programmes immobiliers
novembre 2013 : dépôt du permis de construire
mai 2014 : consultation d’ I.M. Pei
2ème semestre 2014 : démarrage des travaux de la future bagagerie et des points d’information.
1er semestre 2015 : Démarrage des travaux de la future billetterie, des sanitaires et de la future librairie dans l’allée du Grand Louvre. Ouverture de la nouvelle bagagerie.
2ème semestre 2015 : Poursuite des chantiers de la billetterie et de la librairie. Pérennisation des contrôles d’accès du passage Richelieu. Livraison de 22 sanitaires.
1er semestre 2016 : Démarrage des travaux des boutiques au nord de l’allée du Grand Louvre. Ouverture de la nouvelle billetterie, des nouveaux points d’information, de la librairie et de 33 sanitaires. Reconfiguration des contrôles d’accès de l’entrée de la pyramide.
2ème semestre 2016 – 2017 : réfection et agrandissement de l’accueil des groupes pour la réalisation d’un espace d’accueil des visiteurs sur deux niveaux.
Fiche technique
Surface impactée par le projet : 7 000 m2 environ
Maîtrise d’ouvrage : Musée du Louvre
Maîtrise d’oeuvre :
Agence Search – Architecte Mandataire
Sylvain Dubuisson – Architecte designer
Philippe Apeloig – Signalétique
OPC : PLANITEC – Groupe SETEC
Budget : 53,5 millions d’euros
Courtesy Musée du Louvre / SEARCH