Sur l’Ile-Saint-Denis (93), les logements conçus par l’agence Philippon Kalt profitent d’un site exceptionnel, entre deux rives de la Seine.
L’Ile-Saint-Denis, un petit lieu de paradis en région parisienne ; entourée par deux bras de la Seine, l’île est une commune de 7500 habitants, reliée par 6 ponts aux villes voisines. Le long de ces 7 km se déroule un territoire étroit au séquençage marqué : parc départemental, équipements publics, centre ville et grands entrepôts se succèdent.
Brigitte Philippon et Jean Kalt ont posé la première pierre de l’éco-quartier fluvial de l’Ile-Saint-Denis. Également urbanistes des lieux, ils y ont reconverti une ancienne friche industrielle située dans le quartier Sud. 165 logements BBC – dont 20 en accession social – répartis dans 5 bâtiments sur 3 îlots sont sortis de terre en 2014.
Principal objectif, retrouver le rapport à la Seine qui confère à ce lieu tout son exotisme.
Du petit bras au grand bras
Sur un site de 50 m de large et 250 m de long, les bâtiments rectangulaires parallèles aux berges se succèdent en un épanelage allant du R+2 au R+6. Deux visages s’offrent aux berges : le « petit bras » plus sauvage, des logements sur 3 niveaux revêtus de mélèze reprennent l’échelle des maisons de ville avoisinante. Le « grand bras » un front bâti de 7 niveaux vêtu de caissettes d’aluminium thermolaqué souligne le quai du Châtelier.
Façade industrielle
Pour ce projet, un système innovant et précurseur de façades légères et recyclables a été mis au point. Afin d’économiser la matière et les coûts, seuls les éléments porteurs du bâtiment, les refends et dalles, sont réalisés en béton. La façade en ossature métal est non porteuse. Inspirés des bâtiments tertiaires tels que les hangars, les architectes utilisent des composants industrialisés autorisant un montage rapide de la façade: les plateaux de bardage et précadre de fenêtres en acier sont fixés sur les nez de dalle, l’isolation protégée par le pare-pluie est placée devant le bardage, puis vient la vêture.
Chaque élément est déconstructible et recyclable. La façade devient un manteau isolant dont l’épaisseur global est de seulement 27 cm, dont 20 cm d’isolant, soit 30 % de gain de matière. Les loggias, quant à elles, sont portées par des consoles métalliques en acier galvanisé. Structurellement indépendantes, elles évitent les ponts thermiques.
Perméabilités et vues panoramiques
Des porosités, tant physiques que visuelles, nous rappelle sans cesse qu’on se situe sur une île. Redonnant sa vraie place à l’espace public et aux piétons, les îlots largement décloisonnés sont traversant. Implantées dans le prolongement du séjour, les loggias sont véritablement une pièce en plus de 6m de long sur 2 m de profondeur, offrant une vue panoramique sur les rives.
L’île verte
Dans une volonté de biodiversité, les volumes bâtis alternent avec des jardins arborés dont la superficie représente 50 % de chaque îlot, soit 12 200 m² de construction bâti et 11 100 m² de surface plantée.
Sur le plan vertical, les loggias à l’est revêtent une fine résille métallique posée d’un seul tenant à la manière d’un tissu et habillée de plantes grimpantes.
Coté ouest, de grandes parois vitrées teintées de jaunes illuminent l’intérieur du logement.
Élément déclencheur de la végétalisation des balcons, ceux-ci ont été livrés avec une arrivée d’eau et des bacs acier.
Entre innovation technique et respect de la charte environnementale de l’éco-quartier, le projet urbain et architectural de l’agence Philippon Kalt fut permis par une ville investie et tournée vers l’avenir.
Amélie Luquain
Courtesy Philippon Kalt / Hervé Abbadie et Philippe Monges