Suite aux vacances de la Toussaint, les collégiens de la commune rurale de Sissonne (Reims) ont pris place dans un nouveau cadre d’apprentissage épanouissant. Le collège Froelicher, conçu par l’agence Daudré-Vignier et associés, remplace l’ancien équipement datant des années 70 devenu obsolète.
Formalisme organique ou écriture efficiente ?
Pour Antoine Daudré-Vignier et Jérôme Pétré, pas de « geste architectural » ni de « green washing » mais a contrario une économie d’effet et une simplicité d’écriture pour un projet fort. Si au premier coup d’œil les courbes de l’équipement peuvent sembler dotées d’un certain formalisme organique, la lecture du projet permet d’en comprendre les tenants et aboutissants.
L’enjeu est double : affirmer un bâtiment public d’enseignement tout en se fondant dans le paysage.
Suivre la courbe
Parlons-en de ce paysage ; un terrain vierge de 1,3 ha en limite de commune, face aux terrains agricoles et au-delà au camp militaire. S’appuyant sur la géométrie de la parcelle et la planéité du site, les architectes couvrent le bâtiment d’un manteau végétal, le fondant dans le paysage environnant. Ce ruban de verdure, ondulant en toiture, s’enveloppe, s’enroule, protège, cadre l’espace en le délimitant. En parcourant l’extérieur du bâtiment, la vision de ce dernier change constamment ; l’œil suit la courbe.
Chacun sa fonction
Face à l’ondulation apparente, un plan rigoureux en équerre se déploie sur deux niveaux. Après avoir traversé l’auvent principal, l’usager pénètre dans un large hall d’entrée en double hauteur, extrêmement lumineux, donnant sur la cour intérieure. La façade principale, largement ouverte sur la rue des Vieux Moulins, forme un front bâti vitré qui abrite l’administration et les salles dédiées aux enseignants, leur offrant un moment de détente en s’extériorisant vers la ville. Les salles de classes, elles, se déroulent en un long corridor le long de l’autre aile, orientée sud-ouest. Ce couloir est rythmé par deux cages d’escalier, dont le vitrage double hauteur cadre sur les arbres environnants. Tel un satellite indépendant, la salle de restauration prend place à l’autre bout de la cour, en réponse à un espace vert ovoïde surélevé, proposant des assises extérieures.
Surveillance passive
Fait particulièrement intéressant de ce plan, la position du bureau des surveillants. A l’image du panoptique de Bentham théorisé par Foucault, le surveillant est placé au centre du bâtiment (en l’occurrence dans l’angle interne du plan en équerre) afin de surveiller en tout point l’élève. Telle une tour de contrôle, ce bureau assure une surveillance passive, en plus de sa position stratégique permettant d’accéder rapidement et facilement aux deux niveaux des salles de classes, au vu de la simplicité des parcours.
L’art de la technique
Techniquement parlant, la toiture végétale est portée par une charpente bois en lamellé-collé, reposant sur une structure béton, choisie pour ses capacités de stabilité au feu et de contreventement. Les façades légères a ossature bois sont combinées au bardage 3 plis en mélèze, aux membrures verticales en douglas faisant office de brise soleil et aux panneaux 3 plis en hêtre pour la sous-face. La majorité des pièces étant en double courbure, elles ont nécessité une maquette numérique 3D. Pour ne pas casser la lisibilité de la toiture, les exutoires sont placés en façade, et les organes techniques dans les combles, aux extrémités du bâtiment. Les descentes d’eau de pluie sont intégrées dans les poteaux, les plafonds sont rayonnants, l’éclairage est automatisé… bref un véritable confort thermique, acoustique et d’usage, et bien entendu, un projet labélisé HQE et Effinergy +.
Le collège Froelicher conjugue courbe et orthogonalité avec dextérité et efficacité.
Surface, 5 833 m² SHON. Livraison, octobre 2015. Maître d’ouvrage, Conseil général de l’Aisne. Maitre d’œuvre, Daudré-Vignier & associés. Entreprise général, Demathieu Bard Construction. Montant des travaux, 9,4 M euros HT.
Amélie Luquain
Courtesy Daudré-Vignier & associés / Charly Broyez