Face à la nudité originelle du projet inhabité, les architectes de l’agence Brenac&Gonzalez priment la vie après l’architecture : « L’architecture se vit au quotidien, elle est le quotidien de chacun de nous : nous habitons l’architecture. » nous disent-ils dans One/un(bg) : une architecture du quotidien. Ainsi, les architectes ont choisi de nous dévoiler ces opérations tardivement, les habitants ayant déjà pris possession des deux ensembles de logement l’année dernière.
Brenac&Gonzalez orchestre à Boulogne-Billancourt un « macro-(î)lot »
Le premier se pointe au croisement de deux rues. Le hall d’entrée traversant rappelle les cheminements en cœur d’îlot. Développant un linéaire de façade maximal, le bâtiment se creuse en quête de lumière, générant une géométrie sculpturale. De larges balcons ceinturent l’édifice, soulignant les étages qui ne cessent de se superposer. Revêtues de panneaux de bois qui se retournent en sous-face, les coursives de profondeur variable prolongent les 95 logements à double ou triple orientation. Les montants des garde-corps quant à eux sont orientés de façon aléatoire, captant la lumière tout en privilégiant l’intimité. Aux derniers étages, de généreuses terrasses s’ouvrent sur de grands duplex ouverts à 180° sur la ville, coup de théâtre de la construction.
Le second héberge 46 logements en accession libre à l’arrière de l’ensemble pastoral. Des jardins privatifs à rez-de-chaussée surélevé gèrent l’interstice entre les deux édifices, tandis que le hall prolonge en longueur l’espace public. Au Nord, la façade sur rue se veut lisse et blanche, perforée de quelques loggias. Au Sud, elle se déploie tel un origami accueillant balcons et jardins d’hiver (équipés de vitrages coulissants). La forme en losange des espaces extérieurs étire habillement la surface perçue au delà de la réalité, donnant la sensation d’aller chercher le paysage qui lui fait face.
Par cet habile jeu de pliage, les architectes tentent de satisfaire chacun des occupants.
« Nous privilégions la recherche d’une cohérence englobant tous les éléments du projet : le plan, l’esthétique, la narration. L’ensemble doit fabriquer du sens. Aux modèles dogmatiques et réducteurs de nos ainés nous préférons mettre en avant les différences, les singularités, la recherche d’émotions. C’est cela qui nous motive. » Face à cette « liberté retrouvée », l’agence Brenac&Gonzalez conçoit un ensemble qui fait sens.
Amélie Luquain
Courtesy Brenac&Gonzalez ©SergioGrazia