AccueilRéalisationsRéhabilitation« Révéler l’intelligence constructive » selon Eléonore Givry architecte

« Révéler l’intelligence constructive » selon Eléonore Givry architecte

Diplômée de l’école d’architecture de Paris-Belleville, Eléonore Givry est engagée dans de nombreux projets de transformation architecturale. Parmi eux la rénovation du bâtiment Orion signé Jean Prouvé, prochainement inauguré sur la dalle Beaugrenelle (Paris XVe) ou encore le projet MurMure (Paris XIe), reconversion d’un ancien transformateur électrique en un pôle des métiers du son.

(« Révéler l’intelligence constructive » : une conférence sera donnée par l’architecte Eléonore Givry le 24 avril à 19 h à l’école d’architecture de Paris-Belleville. Pour en savoir plus : https://archicree.com/2024/03/19/rencontres-regenerer-la-ville/)

Ses interventions se revendiquent d’approches constructives menant à articuler et valoriser les structures existantes tout en questionnant les usages. Attentive au « déjà-là », Eléonore Givry entend par son travail « sublimer le génie du lieu avec la frugalité nécessaire et un engagement environnemental fort, toujours en équilibre entre histoire et durabilité à l’épreuve de la ville de demain ».

Restaurer la lisibilité d’un joyau signé Jean Prouvé
Pour intervenir sur ce bâtiment d’exception signé des architectes Jean-Claude Jallat et Michel Péron en collaboration avec Jean Prouvé, Eléonore Givry s’en est remise à un audit patrimonial approfondi du bâtiment et un inventaire exhaustif de ses éléments remarquables. Situé au cœur de l’opération d’urbanisme Front de Seine des années 1960-1970, le bâtiment Orion témoigne en effet d’une époque novatrice et pionnière que l’architecte s’est imposé de restituer « tout en le resynchronisant avec les attentes de ses contemporains et de ses futurs occupants ». L’un des édifices les plus emblématiques de la fameuse dalle de Beaugrenelle a longtemps été le siège de la SemPariSeine (qui poursuit la rénovation de ce quartier controversé), avant d’être loué à une société informatique. Le parti-pris des architectes aura été avant tout de rendre au bâtiment sa lisibilité d’origine, et de renforcer ses qualités thermiques. Les éléments de la façade ainsi démontés, dépollués, traités puis remontés.
Parmi les plus interventions lourdes, les façades du hall du rez-de-dalle ont été retravaillées pour retrouver leur fonction d’époque et « fournir ouverture, transparence, et sensation de lévitation aux étages supérieurs ». Dans les étages, la libération du sol, du plafond et des murs a été rendue possible grâce au fameux ruban métallique Jean Prouvé. Doublé d’un renforcement thermique, ce dernier retrouve son aspect, sa forme et sa fonction d’origine. En façade, les panneaux aluminium, « héritages de l’inventivité des ateliers Jean Prouvé », bénéficient d’un renforcement thermique pour retrouver leur éclat d’antan. Enfin, un patio planté situé au centre sera complété par la végétalisation du toit-terrasse.

MurMure, une réhabilitation pour réinventer Paris
Lauréat de l’appel à projets urbains innovants Réinventer Paris 2 – désigné l’un des cinq projets remarquables cette édition – le projet MurMure vise à faire d’un ancien transformateur électrique un temple de la musique. Le programme gigantesque, situé boulevard de Charonne dans le 11e arrondissement, ouvrira ses portes en 2025. L’ancien édifice datant de 1929 et désaffecté depuis une dizaine d’année, est une véritable cathédrale de béton avec ses volumes imposants, abritant le processus de transformation de l’électricité destinée à l’est parisien. L’architecte propose alors d’en faire un cluster des métiers du son dans lequel professionnels et amateurs pourraient bénéficier d’équipements et de studios d’enregistrement de très haute qualité.
Le projet s’attache à toucher le moins possible à l’existant, une structure en poteaux-poutres avec des dalles en béton en bon état, comme le confirme un diagnostic structure et des sondages – indiquant que les planchers en béton étaient en capacité de supporter les mutations proposées.
Un passage commerçant sera créé au rez-de-chaussée, rappelant les passages couverts parisiens. Mais les interventions les plus lourdes auront lieu au sous-sol, en prolongement de la structure existante. La création d’une faille permettra en effet de faire descendre la lumière jusque sous le niveau de la rue, partant de la toiture, traversant la verrière et un plancher de verre, pour parvenir jusque dans les sous-sols.
Sur plus de 8 000 m2, différents programmes s’organiseront selon un diagramme du son : en souterrains les activités les plus bruyantes totalement isolées (des studios d’enregistrement seront capables d’accueillir un orchestre symphonique), au rez-de-chaussée, une rue intérieure ancrera le projet dans la ville. Dans les étages enfin seront disposés des plateaux de coworking dédiés aux métiers du son, dotés d’une acoustique exemplaire, et en toiture un « jardin des silences », suspendu aux cimes de Paris.

«Révéler l’intelligence constructive»
le 24 avril à 19 h à l’école d’architecture de Paris-Belleville
Pour en savoir plus : https://archicree.com/2024/03/19/rencontres-regenerer-la-ville/

ARTICLES SIMILAIRES

A lire aussi