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VURPAS Architectes, l’art de la réhabilitation

Lorsque dans les années 80 l’architecte lyonnais Pierre Vurpas crée son agence, ses projets s’inscrivent dans une méthode qui préfigure celle d’une nouvelle génération de la réhabilitation : ancrée dans un territoire tout d’abord, cherchant à « rester proche de ceux qui bâtissent, à écouter les usagers », à conserver et restaurer enfin dans le respect de la logique et de l’esprit du lieu. Des projets qui témoignent de cette proximité recherchée, on peut citer les réhabilitations de la Cour des Loges et de la Tour Rose à Lyon, intervenant dans des immeubles Renaissance. Plus tard, ce sera la restructuration du fort militaire Saint-Jean pour la création de l’école nationale du Trésor public.

Créée à sa suite en 2015, Vurpas Architectes développe au fil des collaborateurs qui la rejoignent, les valeurs originelles de l’agence : une écoute sensible des différents savoir-faire, la prise en compte du chantier comme un temps du projet à part entière. A celles-ci s’ajoutent une vision écoresponsable de la conception, l’appréhension du site comme une « matière à projet vivante », et de l’existant, que les architectes – Brigitte Scharff, Philippe Beaujon, Julien Leclerq, et Daniel Briet s’est retiré il y a peu- et Damien Pontet, économiste de la construction, s’attachent à magnifier. La transmission et le désir de continuité rassemblent aujourd’hui une trentaine de collaborateurs, architectes, ingénieurs QEB, économistes, architecte du patrimoine, installés à Caluire-et-Cuire, trouvant dans les locaux en pierre massive dessinés par Gilles Perraudin assez d‘espace pour développer leur pratique : restructurations d’équipements culturels, universitaires ou scolaires, extensions, menés dans les règles de l’art.

Loin d’une démarche unilatérale, les architectes considèrent chaque situation et déterminent la méthode à adopter selon les contextes et les caractéristiques du bâti en présence. Un point commun toutefois, une discrétion à toute épreuve, quitte à effacer toute trace d’intervention pour rétablir sans concession l’unité architecturale et maintenir la logique existante. Un parti-pris qui demande aux maîtres d’œuvre de s’approcher toujours plus près de la fabrication et du chantier. « Savoir construire avec les hommes qui construisent, c’est la volonté de construire bien : être architecte-maître d’œuvre, comme un artisan qui façonne. »

Longtemps inscrits dans des sites patrimoniaux des XVIIIe et XIXe siècles, les projets de Vurpas Architectes concernent aussi l’architecture remarquable du XXe siècle. La rénovation du bâtiment « le patio » de l’Université de Strasbourg, dessiné dans les années 60 par Pierre Vivien, l’extension et la réhabilitation de la faculté de médecine Rockfeller à Lyon, site historique des années 30, la récente réhabilitation des façades du socle de la tour la Duchère ou encore la restructuration de l’ensemble Marquisats, œuvre d’André Wogenscky à Annecy (concours gagné), font partie de la trentaine de projets à leur actif, auxquels s’ajoutent le H7 dans le quartier de la Confluence, lieu totem de la French tech installé dans une ancienne halle de chaudronnerie ou encore la Manufacture des tabacs à Strasbourg en phase d’être livrée.

Le groupe scolaire Eugénie Brazier : de la logistique à l’accueil de la petite enfance

En mai 1961, le marché de gros s’installe sur les quais de Saône à Lyon, à l’extrémité de la Presqu’île. Il nourrira la capitale des Gaules pendant près de cinquante ans jusqu’à son transfert en 2009 plus à l’est, laissant libres près de 25 hectares en plein cœur de ville. Le projet de Vurpas Architectes intervient dans la deuxième phase du quartier Confluence consistant à transformer les friches industrielles, logistiques et portuaires au confluent des fleuves, dans le prolongement de l’hypercentre de Lyon dont il double désormais l’étendue.

Plus au Sud, entre les rues Smith et Delandine, la plus longue halle du « ventre de Lyon » vient donc de finir sa métamorphose au terme d’un concours organisé par la SPL Lyon Confluence. La « halle C3 » se voit ainsi réhabilitée et dotée d’une extension pour accueillir, réponse au développement démographique du site, 15 classes (dont 9 élémentaires et 6 maternelles) et 45 places de crèche.

Conçue par l’architecte de la ville dans une logique structurelle, la halle que l’on aperçoit de l’ancienne autoroute le long du Rhône, disposait encore de quinze trames sur les vingt-six d’origine. Composée en cases -chacune mesurant six mètres de large par vingt-cinq mètres de long- répétées sur trois niveaux et couverts par une fine toiture cintrée en bois, elle repose sur une structure poteaux-poutres en béton, et permettait, par la rationalité de sa composition, de s’adapter aux besoins des nombreuses livraisons, manutention, et autre nettoyage du site. « Destinée à faciliter la giration des camions, la structure semblait loin des besoins de la petite enfance… ».

Mais l’économie de matière et la logique constructive répétitive de l’ensemble ont inspiré les maîtres d’œuvre qui ont dès lors souhaité inscrire l’extension dans le prolongement de l’existant. Le projet en respecte le rythme, les percements, les textures. Seule la destruction de trois travées permet la création au rez-de-chaussée d’une vaste salle avec des cloisons mobiles pour l’école maternelle et la crèche. Au 1er étage se tient l’école élémentaire puis la cour, ouverte, sur le toit. Si le concours ne le demandait pas, les architectes ont pris le parti d’investir la partie basse de l’édifice pour créer des espaces supplémentaires destinés aux enfants. Pour se faire, ils créent une cour anglaise apportant à la fois de la lumière et générant une nouvelle façade et de nouveaux lieux de vie extérieurs paysagés.

La réhabilitation est source d’imprévus, Julien Leclercq quant à lui y voit d’ « heureux hasards » : à commencer par la circulation permettant de desservir les classes entre deux trames porteuses, et qui bénéficie de la hauteur existante plus généreuse que nécessaire, ou encore le hall, plus grand lui aussi : « pour nous c’était deux trames sinon rien, une seule aurait été trop étroite ». Prévu comme espace d’accueil, ce dernier se fait « capable » grâce à des portes coulissantes pour offrir des configurations variables et accueillir des évènements de quartier.  « Respecter la constitution des lieux et en tirer profit », une fois de plus.

Puis dans l’extension, perpendiculaire à l’édifice historique, viennent se loger le restaurant scolaire et le gymnase vaste et lumineux -tous deux mutualisables par des associations- ainsi que le logement du gardien.

Partout les matières s’exposent dans leur intégrité, le bois (du douglas local laissé dans son apparence historique), le béton d’origine ici et là repris. Les espaces sont eux aussi soigneusement étudiés, confort thermique, acoustique, les vues, les lumières, l’atmosphère qui participe de l’intimité nécessaire à l’évolution des enfants mais aussi à l’ouverture « bien tempérée » des espaces intérieurs sur la ville. Seule matière ajoutée, participant de la quiétude des lieux, la brique, destinée au rebut pour ses légers défauts de couleurs, ici utilisée en murs pleins ou évidés en moucharabiehs. Un soin du détail que l’on retrouve enfin dans la cour basse où deux rigoles symbolisent la confluence des fleuves, un rocher les collines de la Croix Rousse, et diverses plantes les coteaux cultivés du Lyonnais.


Maîtrise d’ouvrage : SPL Lyon Confluence
SDP : 1120 m² créés – 4440 m² réhabilités
Coût travaux : 13,3 M€ HT
Économiste, Signalétique : Vurpas Architectes
Paysagiste :BASE
BE Structure :UBC
BE Fluides, QEB : OTEIS
BE Acoustique : GAMBA
OPC : ARPEGE

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