AccueilActualité« Écrire l'architecture » : relire et écouter Paul Andreu

« Écrire l’architecture » : relire et écouter Paul Andreu

Jeudi 2 mai prochain, la Cité de l’Architecture à Paris organise une lecture musicale du recueil d’essais « Faire et refaire » composé par Nadine Eghels à partir d’une cinquantaine de textes de Paul Andreu.

« Tout au long de sa carrière d’architecte, Paul Andreu n’a cessé d’écrire. Des textes liés à l’architecture, à sa pensée et à sa pratique, d’autres qui s’en affranchissent délibérément, essais, récits, romans. Ils témoignent de la richesse du parcours de celui qui fut toujours porté par « le désir d’architecture ». Ils sont aussi l’occasion d’aborder des thèmes chers à l’ingénieur tels le dessin, les mathématiques, les flux et les passages, ou encore la culture, l’écriture, le temps et l’espace. Il s‘agit ici d’une réflexion sur la création – réflexion in progress d’un homme qui s’interroge, qui doute, qui fait et refait, sans jamais se départir d’une forme de clairvoyance, d’un regard toujours plus fin sur le monde dans lequel il évolue et qu’il modifie par son oeuvre. »

Dans ce recueil d’essais, Faire et refaire (Editions Alma), il y est question d’architecture, mais aussi de culture, de paysage, de média, d’espace, de passé et de futur, de développement et d’intériorité, d’écriture et de peinture. De la vie, dans son évidence et sa diversité.

« Le moment de l’architecture, c’est celui où l’interrogation et le désir font naître du doute un projet, qu’il faudra, dans un long travail d’élaboration, comprendre, dégager, élucider, découvrir, dévoiler. Rien je crois ne peut diminuer l’incertitude de ce moment, rien ne permet de l’aborder avec assurance (…). Libérer l’architecture de ce qui la relie au monde de l’économie, de la technique, de la politique, n’aurait aucun sens, et ce serait un terrible aveuglement que de ne pas voir tous les liens qu’elle a avec les autres arts, avec la science, avec la philosophie, avec la littérature et la poésie. »

La lecture sera suivie d’un échange avec Albert Dichy, Nadine Eghels, Francis Rambert.

Lecture – François Marthouret
Violoncelle et chant
– Silvia Lenzi
Conception
– Nadine Eghels
Production
– Textes et Voix

Auditorium – Hall About
7 avenue Albert de Mun, 75116, Paris
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Autre évènement organisé par la Cité de l’Architecture :

Jeudi 25 avril 2024 à 18:30
L’architecture de Paul Andreu en Asie
(sur inscription)

-Pierre Clément, architecte, docteur en ethnologie, professeur honoraire à l’ENSA Paris-Belleville, chercheur à l’IPRAUS, président d’Arte Charpentier 
-Yann Nussaume, architecte, professeur à l’ENSA Paris-La Villette, membre de l’Unité de recherche AMP « Architecture, Milieu, Paysage »
-Martin Robain, architecte, co-fondateur et architecte associé d’Architecture Studio, président honoraire de l’Académie d’Architecture
-Zou Qiang, architecte, docteur en histoire de l’art, fondateur de Zone of Utopia (sous réserve)
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Et à lire ou relire …

Faire et refaire
Paul Andreu – Essai
Alma éditeur, 2021, 240 pages
ISBN : 9782362795015
Ce recueil rassemble plusieurs essais de l’architecte Paul Andreu, écrits dans le cadre de conférences ou de communications données en France mais aussi à travers le monde. Ces textes reviennent principalement sur ses différents travaux (aéroports comme celui de Roissy, musées et bâtiments culturels comme l’Opéra de Pékin, décors de théâtre…). Ils témoignent de la richesse du parcours de celui qui fut toujours porté par « le désir d’architecture ». Ils sont aussi l’occasion d’aborder des thèmes chers à l’ingénieur tels le dessin, les mathématiques ou encore la culture, le temps et l’espace. Mais bien plus qu’une réflexion théorique sur l’architecture, il s‘agit ici d’une réflexion sur la création – réflexion in progress d’un homme qui s’interroge, qui doute, qui fait et refait, sans jamais se départir d’une forme de clairvoyance, d’un regard toujours plus fin sur le monde dans lequel il évolue et qu’il modifie par son œuvre.

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Kaléidoscope
Paul Andreu
Alma, 2021
ISBN : 9782362795053

Un architecte célèbre vient de mourir. Il laisse derrière lui de nombreuses réalisations, des projets encore inachevés, mais aussi une famille, des amis, des proches. Tirant le fil des liens qui ont pu exister entre ces hommes et ces femmes, le roman déroule les récits de différents personnages qui se racontent et dont l’itinéraire recoupe plus ou moins la trajectoire de l’architecte. Le roman démultiplie la narration sans aucun artifice, chaque récit faisant subtilement écho à un autre. Tantôt ce sont des lieux dans lesquels nous revenons, telles ces allées du jardin du Luxembourg ; tantôt des personnages qui réapparaissent ; tantôt des thèmes (le temps, l’alchimie de la mémoire, les voyages, les lieux). Autant de morceaux de vie qui reconfigurent le réel autour d’un point de vue, mais aussi par le prisme des souvenirs, comme dans l’œil du kaléidoscope. Un texte étrangement prémonitoire (Paul Andreu est mort quelques mois après l’avoir achevé). La justesse de son regard, la douce mélancolie qui s’en dégage, tout comme le sourire bienveillant et distancié de l’architecte-écrivain en font un roman lumineux.

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La Maison
Paul Andreu
Stock, 2009
ISBN : 9782234061934

« La maison, avec sa façade de pierre, sa grande porte de bois massif, ses deux balcons, celle que j’ai longtemps appelée ma maison, non parce que nous en étions propriétaires, nous ne l’avons jamais été, mais parce que nous y vivions, elle est toujours là, je l’ai revue, dans la même rue, au milieu des mêmes maisons. Est-elle aussi vaste que mon souvenir, n’a-t-elle pas grandi en moi autant que j’avais grandi en elle quand sans bien le savoir je lui confiais mes premiers désirs, mes premières espérances ? Il m’a semblé que non, j’ai pensé qu’il fallait vite que je m’en éloigne, j’ai eu peur qu’elle ne soit comme ces vieilles personnes aimées, rétrécies jusqu’à la limite de l’absence, qu’on regarde tendrement en sachant que quelque chose de vous, avec elles, va disparaître. »

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Avec Paul
Nadine Eghels
Arléa, 2023
ISBN : 9782363083289

« Sept heures du matin donc. Le 10 octobre. Le jour se lève. Le réveil sonne. Le réveil sonne. Le réveil sonne. Et Paul ne l’éteint pas. Le réveil sonne. Je maugrée. Pourquoi ne l’éteint-il pas ? » Ce jour définitif d’automne de 2018, dans leur lit plus petit que la moyenne pour « sentir l’autre, dans la profondeur des limbes », Nadine Eghels ouvre les paupières sur un monde différent, celui où son amour n’est plus. Le sommeil l’a englouti. 17, Samu, hôpital, réparer les vivants et laisser partir les morts ; telle est la fin de sa vie avec Paul Andreu et le début de son récit Avec Paul

Fin des années 1990, suite au décès d’un ami commun, Paul et Nadine se rapprochent. Leurs âmes se reconnaissent, dès les premiers échanges anodins. Il est de ces évidences qu’aucune contingence n’a le pouvoir de limiter. Paul et Nadine sont adultes, posent des choix, entament leur route en une proximité confondante, « fondamentalement heureux de partager l’essentiel ». Si l’homme se rend très vite libre, le professionnel, lui, imposera au couple une exigeante maîtresse : l’architecture. Paul Andreu se dédie en effet aux formes, aux structures et aux flux ; se nourrit de gens, de sciences, d’amitié, d’art et de silence ; conçoit des ouvrages organiques aux dimensions prodigieuses. Tourné vers les cieux et les nuages, ancré dans le sol et la terre, Andreu cherche perpétuellement, tente, imagine, entreprend, compose dans un mouvement tumultueux. Entre colères et enthousiasmes, curiosités et retraits, l’homme d’absolu ne (se) concède rien, jamais, et demeure vigilamment indépendant. Dans cette quête éreintante, il sait aussi savourer les mots, les lignes, les mets, les rencontres. « Un homme oui, mon amoureux mon amant mon mari, mais aussi un architecte, un créateur. Vivre au contact de la création génère des émotions particulières. Des hauts et des bas, un peu plus hauts, un peu plus bas que la moyenne, j’allais dire que “le commun des mortels”, mais je sais maintenant que même les moins communs le sont, mortels. »

Avec Paul est un hymne à l’amour. Celui qui liait Paul et Nadine vibrait de respect, d’admiration, de complicité. Pendant une vingtaine d’années, les deux intellectuels ont cheminé ensemble. Ils ont sillonné les airs, les sentiers de randonnée, les routes chinoises ou chiliennes, les allées du Jardin du Luxembourg ; ils ont trinqué lors de soirées mondaines et se sont nichés dans leurs espaces respectifs ; ils se sont compris, soutenus, nourris et laissés respirer ; ils se sont parfois éloignés mais se sont toujours retrouvés. C’est cet amour que Nadine Eghels raconte, dans un style clair, d’une voix assurée, à travers l’évocation de souvenirs et la rédaction de lettres à des êtres chers. Un double mouvement de remémoration et de réancrage, afin de laisser partir et de continuer… « Il est temps de te laisser vivre ta vie d’âme. Et que je poursuive la mienne. Nadioche redevient Nadine. Mais avec cette lumière, qui ne s’éteindra pas. Il est temps de refermer notre livre. Je le sais par cœur. » Samia Hammami
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Née en 1957, Nadine Eghels a étudié la psychologie clinique à l’Université libre de Bruxelles avant d’entrer, en 1984, au Théâtre Varia où elle dirige la communication et organise des « journées particulières » autour des spectacles. En 1991, elle rejoint Jean-Pierre Vincent au théâtre Nanterre-Amandiers comme directrice de la communication. En 1999, elle crée TEXTES & VOIX et y conçoit depuis des lectures et rencontres littéraires, en collaboration avec de nombreux écrivains et comédiens.

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