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L’architecture contextuelle de PietriArchitectes

En septembre dernier sur le Quai d’Arenc dans le quartier Euroméditerranée à Marseille, a été livré un nouvel édifice aux façades composées d’une multitude de voûtes en béton blanc. Face à lui, la Marseillaise de Jean Nouvel, imposante et joyeuse tour de bureaux de 135 mètres de haut, imprimée bleu, blanc, rouge, elle-même érigée dans l’ombre de la tour CMA CGM de Zaha Hadid, dont la longue robe de verre fendue sur les côtés domine le paysage. Non loin encore, le Silo, expressif bâtiment industriel réhabilité en une salle de spectacles par l’architecte marseillais Roland Carta. Le site est complexe, composé de formes urbaines disparates et de multiples voies de communication connectant le port, les routes et la ville.

Allégorie du paysage
Sur ce lieu de transition entre la zone urbaine et son extérieur, le nouvel édifice de 53 mètres de haut avec ses 414 voûtes blanches ouvertes sur la Méditerranée, se positionne comme une allégorie aux composantes de la ville, un monolithe, « ouvert à quiconque arrivant par voies ferroviaire, terrestre ou maritime », garant d’une tradition du vivre ensemble et d’une matérialité souveraine. « À travers ses voûtes qui s’appuient les unes sur les autres comme autant d’éléments qui composent un puzzle et qui ne pourraient vivre les uns sans les autres, la Porte Bleue apparaît comme un véritable hommage aux racines de la ville. »

La nouvelle opération située au cœur de de la ZAC Euroméditerranée est signée de l’agence PietriArchitectes, dont le fondateur Jean-Baptiste Pietri exprime ici une philosophie qu’il se plaît à nommer « le rationalisme romantique », une écriture cherchant à articuler la rigueur du dessin et une forme de poésie architecturale, expressive sans être bavarde. L’architecte, qui a obtenu son diplôme en 2000 sous la direction d’Henri Ciriani, ne cache pas sa volonté d’attribuer à ces projets la mission d’émouvoir, tout en s’inspirant des modes de construction méditerranéens par les choix des matériaux, des modénatures et des couleurs.

C’est ainsi que l’architecte est parvenu ici à faire oublier le statut de tour à cet édifice qu’il transforme en porte, tel le seuil de la ville classique, un monument dont l’ADN méditerranéen s’exprime au travers de sa composition. Le dessin de la voûte s’est imposé, décliné en différentes tailles, et dont la profondeur allant jusqu’à 90 cm rappelle le mur épais vernaculaire conçu pour garder la chaleur ou la fraîcheur des habitats provençaux selon les heures et les saisons. Leurs ondulations faisant vibrer le bâtiment sous la lumière ajoutent à son aspect monumental, de même que le blanc méditerranéen,  au sentiment de solidité et de pérennité.

Chambres avec vues
Derrière la façade expressive, accrochant la lumière caractéristique de la ville, la Porte Bleue propose deux entités de programmes : une résidence 4 étoiles d’une part sur les 11 niveaux bas (250 unités au décor soigné, une piscine intérieure et d’autres équipements voués au bien-être, un restaurant et des espaces de réception) et de l’autre, des logements en accession sur les 6 niveaux hauts (68 logements pour une surface de plancher totale de 4 891 m².). De larges loggias sont attribuées à tous les logements qui bénéficient ainsi de vues sur la mer à l’ouest, et sur la ville de Marseille à l’est et au sud. Un commerce en rez-de-chaussée, au sud, face aux docks, complète le programme.

Les modules de cette multitude de voûtes en béton blanc, conférant à la tour un aspect arborescent, sont dessinés de façon aléatoire, et permettent de lire l’organisation interne des logements. Les studios sont ainsi compris dans une demi-trame structurelle et disposent d’une baie au nu de la façade, tandis que les suites et certains duplex sont compris dans une trame structurelle entière, en retrait. De grandes voûtes à double-hauteur créent des événements dans la façade.

Sous son apparente simplicité, le projet a dû s’emparer d’une contrainte existante en se positionnant sur un parking souterrain déjà construit. Les volumes intérieurs suivent ainsi la trame rectiligne du parking mais se dégagent ensuite de ce schéma au niveau des logements. D’un point de vue constructif, les façades en béton bas carbone, constituées de modules liés entre eux par clavetage et connectés à la structure du bâtiment par des assemblages mécaniques, sont fabriquées hors site et autoporteuses. L’ensemble participe de l’étanchéité de l’enveloppe extérieure, de concert avec les menuiseries aluminium.

Jean-Baptiste Pietri revêt ici deux casquettes, d’architecte et de maître d’ouvrage. En effet, le fondateur de PietriArchitectes a dû, en 2020 à la disparition de son père Marc Pietri, reprendre les rênes de l’entreprise familiale Constructa. Une double culture d’architecte et de maître d’ouvrage, et un double attachement géographique alors que l’architecte partage son activité entre la région PACA et l’Île-de-France où il a établit son agence comptant une vingtaine de collaborateurs.

Maître d’œuvre : PietriArchitectes
Architectes associés : Jérémy Louette, Marine de Chateauneuf, Zoé Reynaud
Maîtrise d’ouvrage : Constructa — Les Éditeurs Urbains
BET général : BET Yves Garnier
BET façade préfabriquée : BET Masse
Surface : 13 000 m²
Coût : 26 M€

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