En mars 2021, la FFP dévoilait 15 projets récompensés dans la cadre de son inédit “Palmarès du paysage”. Un concours qui met en lumière les paysagistes concepteurs, dont la pratique est moins notoire que celle des architectes et urbanistes.

Pour la première fois, en mars 2021, la Fédération française du paysage (FFP) récompensait une quinzaine de projets nationaux. Avec son “Palmarès du paysage”, la FFP et son président Hervé Bava entendent “donner de la visibilité aux actions des paysagistes concepteurs”, qui sont réunis autour de “l’exigence d’une territorialisation de l’action climatique par une écologie appliquée, située et sociale”. Une profession encore déniée il y a peu, puisque le titre de paysagiste concepteur est né avec la loi du août 2016 pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages (dite loi Biodiversité).
Le Palmarès du paysage est également l’occasion de “faire un état des lieux de la profession en matière de pratique, de commande, de recherche et d’enseignement”, énumère Hervé Bava, lui-même paysagiste concepteur et cofondateur de l’agence TER.
A terme, le palmarès pourrait même servir de “vivier pour choisir, tous les deux ans, le projet qui pourra représenter la France pour le Grand Prix de la Convention européenne du paysage [une initiative européenne, lancée en 2000, qui vise à mieux prendre en compte et protéger les paysages, NDLR].”
Pour cette édition fondatrice, le jury était composé de paysagistes concepteurs membres de la FFP, envoyés de chaque région de France, et de jurés invités : Vincent Tricaud, président de l’Association des Paysagistes-Conseils de l’Etat, apparaissait notamment au côté d’Anne Vourc’h et Chiara Santini. Les 15 projets récompensés sont répartis selon trois catégories : jeunes diplômés, praticiens et chercheurs. Des catégories qui “reflètent et anticipent les constantes évolutions des attentes et des pratiques de la société, et qui ne sont donc pas gravées dans le marbre et peuvent être adaptées d’une année à l’autre”, conclut Hervé Bava dans son discours d’ouverture de la 1ère édition du Palmarès du paysage.
Catégorie “Jeunes diplômés”
Prix Approches thématiques
Les friches industrielles de la métropole lilloise comme support d’une filière réemploi

Aurélien Martin – Ecole de la Nature et du Paysage de Blois
Les friches industrielles de la métropole lilloise sont le support de création d’une filière de réemploi. Stockage, transport, construction, ce projet métropolitain s’ancre sur son territoire, et pour son territoire, dans une démarche de limiter la consommation de matériaux et de réduction de la production de déchets issus de la fabrique de la ville.
Parler d’agriculture en allant voir la mer, habitants et agriculteurs bretons face aux algues vertes

Amélie Cénet – Ecole de la Nature et du Paysage, INSA CVL, Blois
En Bretagne, la nécessité de production alimentaire entraîne des dérives environnementales qui se traduisent par un dépôts d’algues vertes potentiellement mortelles sur les plages. La démarche par le paysage permet de porter un regard transversal, et de proposer une nouvelle approche des fonctionnements agricoles pour faciliter leur nécessaire évolution. En baie de Douarnenez, le paysagiste donne à voir un espace agricole plausible pour susciter de nouvelles envies.
Prix Projets
Entrelacements & Intégration – entre la ville et l’eau

Shan Jiang – Ecole nationale supérieure de paysage de Versailles
A Dordrecht (Pays-Bas), la majorité des territoires sont en-dessous du niveau de la mer faisant de l’inondation de précipitation une grande menace. Avec le changement climatique, le risque va encore augmenter. L’objectif du projet est de transformer cette menace en opportunité de valorisation du territoire, à l’aide d’un paysage résilient, et d’augmenter l’attractivité par l’écologie et la dynamique d’activités.
Catégories “Praticiens”
Prix Réalisations
Espaces naturels et agricoles : Parc du Bois des Noyers

Structure : Après la pluie paysagistes – Anne-Sophie Verriest
Au sud de Nîmes, le Bois des Noyers s’étend sur près de 10 hectares en zone inondable. Composé de 700 arbres, situé à 20 minutes de la gare et connecté aux Pépinières Pichon, il fait partie de la diagonale verte du Schéma de Cohérence Territoriale (SCoT). La programmation pour ce lieu jusqu’alors fermé au public, est à inventer tout en préservant ses fragiles qualités : hydrologie, biodiversité, usages récréatifs et pédagogiques.
Espaces industriels et commerciaux : Zone commerciale Begreen à St-Parres-aux-Tertres

Structure : Métamorphose
La zone commerciale Begreen voit le jour en 2013 en parallèle de la requalification de l’Aire des Moissons, près de Troyes. Cette opération pilote “HQE Aménagement” répond à de nombreuses cibles haute qualité environnementale : mutualisation du stationnement, modes de circulation doux, toitures végétalisées, qualité paysagère et traitement des eaux de pluies sur site.
Infrastructures et mobilités : Pointe des baleines, abords du phare

Structure : Phytolab – Loïc Mareschal
La réorganisation de l’accès et du stationnement constitue une intervention forte de la requalification de ce morceau de territoire. Le dispositif permettra d’offrir des espaces d’accueil de qualité et un parcours piéton et à vélo vers le phare.
Espaces publics : Eco-quartier Victor Hugo et Quartier théâtre – Bagneux

Structure : Arte Charpentier Architectes – Nathalie Leroy
Bagneux, au sud de Paris, connaît de profondes mutations liées à l’arrivée de deux métros dont le Grand Paris Express. L’éco-quartier Victor Hugo et le quartier théâtre anticipent les mutations du territoire en créant une trame verte urbaine qui innerve le quartier. Une démarche qui implique les habitants, afin que chacun ait sa place dans la ville.
Parcs #1 : Jardin extraordinaire de la carrière Miséry

Structure : Phytolab – Loïc Mareschal
L’ancienne carrière de Miséry, à Nantes, est devenue un jardin luxuriant. Des cascades révèlent le front de taille de la falaise, une riche palette végétale génère une ambiance exotique adaptée au microclimat du site. Auparavant délaissé, le 101e jardin de Nantes est désormais relié au quartier de Chantenay par une promenade ponctuée de sept belvédères offrant des points de vue sur la ville et la carrière.
Parc #2 : Parc Simone Veil – Cours du Château des Ducs d’Alençon

Structure : Atelier Strates en Strates – Sandra Leyour
Le projet consiste en la requalification des anciennes cours de la prison du Château des Ducs d’Alençon, acquis par la ville en 2011. Il s’agit alors de révéler un lieu chargé d’histoire, de susciter l’intérêt pour toutes les formes patrimoniales que peuvent avoir un château et une prison, de proposer de nouveaux usages lorsque d’un coup les murs tombent.
Jardins : Aménagement des espaces extérieurs et création du jardin des migrations du Fort Saint-Jean

Structure : Agence APS
Ce jardin de Marseille est conçu comme un “livre toujours ouvert”, où il faut s’égarer pour y découvrir les preuves de la connaissance. Volontairement irrégulier, le jardin exprime l’épaisseur du temps où la promenade permet de faire correspondre à chaque chose une date et un nom, afin de reconstituer l’histoire.
Mention Spéciale Jardin thérapeutique : Domaine de la Châtaigneraie

Structure : Atelier NDF – Nicolas Deshais-Fernandez
A Osmoy, dans les Yvelines, l’aménagement des 5 hectares du domaine de la Châtaigneraie est devenu une partie intégrante du programme d’accompagnement thérapeutique dispensé aux jeunes adultes autistes du foyer. En deux ans, 8 000m2 de maraîchage et 2 kilomètres de haies bocagères d’essence locales ont été aménagés, ensuite complétés par la plantation d’un verger de conservation avec des variétés du Berry. Un plan de gestion différenciée et de rotations de pâturages assurent la préservation de la biodiversité.
Prix Participation
Approche participative : Ma cour de récré, un jardin forêt

Structure : Atelier CLAP – Stéphanie Querio
Les 90 arbres plantés de la cour de l’école élémentaire Sud de Libourne lui donnent l’air d’un jardin-forêt. Depuis la rentrée 2020, les 2 300m2 d’enrobé imperméable se sont transformés avec la création d’un salon de lecture, de bosquets pédagogiques, de lanières arborées et d’un grand sol ludique coloré.
Prix Etudes
Grand Paysage : Atlas paysagers et patrimoniaux pour le futur PNR Baie de Somme Picardie Maritime

Structure : Atelier de l’Ours
Dans le cadre de ses actions de préfiguration, le Parc naturel régional (PNR) Baie de Somme Picardie Maritime s’est engagé dès 2012 dans la réalisation d’atlas paysagers et patrimoniaux. Sur quatre ans et pour quinze communes, il s’agit de poser un diagnostic et de formuler des enjeux paysagers.
Catégorie “Chercheurs”
Prix Recherche en paysage
Recherche par le projet : Elaborer le paysage pour l’habiter, le cas des agriculteurs agroforestiers de la Haute-Garonne

Mathilde Rue – Université Toulouse II Jean Jaurès, ENSP, ENSFA
Des agriculteurs développent des pistes inventives et concrètes pour opérer la “transition”. L’expérience agroforestière, vectrice d’une possible réinvention d’un rapport au territoire, se fait expérimentation paysagère. Elle questionne le rôle de l’agriculteur dans la transformation des paysages et éclaire les mouvements des valeurs sociales et des désirs écologiques.
Recherche en action : Le projet de paysage au service de la transition énergétique en France et aux Pays-Bas

Roberta Pistoni – Larep-ENSP Versailles-Marseille
La transition vers un système énergétique soutenable est mise en avant par les projets politiques comme point fondamental pour l’atténuation du changement climatique. Le projet de paysage peut participer activement à ce processus, et réciproquement.