La cité industrielle verticale Mozinor vient d’être labellisée “Architecture contemporaine remarquable”. Une distinction qui valorise les réalisations des XXe et XXIe siècles les plus significatives en matière d’architecture et de technique.

Premier ensemble industriel construit en hauteur en France, la Montreuil Zone Industrielle Nord, plus communément appelée Mozinor, est la cité industrielle emblématique du paysage de la ville de Montreuil (93). Ce témoin de l’esthétique brutaliste de la deuxième moitié du XXe siècle, reconnu pour l’écriture graphique de ses façades, est aujourd’hui labellisé “Architecture contemporaine remarquable”. Cette distinction a été créée par la loi du 7 juillet 2016 relative à la liberté de la création, à l’architecture et au patrimoine (dite LCAP), à la suite de la disparition du label « Patrimoine du XXe siècle”, et signale les édifices et productions de moins de 100 ans non protégés au titre des “Monuments historiques”.
Une réponse au contexte industriel dégradé

Les années 1960 sont marquées par une forte désindustrialisation de la région parisienne, qui se traduit à Montreuil par d’importantes destructions d’emplois. Le 2 décembre 1963, la mairie de la commune de Seine-Saint-Denis annonce la création de Mozinor, une cité industrielle dont l’objectif est de réindustrialiser la ville et d’y implanter 10 000 emplois. Face à la réticence des habitants, opposés à l’opération qui nécessitait la destruction de près de 200 pavillons, la cité industrielle est transformée en hôtel d’entreprises verticales. Avec son toit terrasse planté d’une prairie de 2 hectares, le bâtiment est plus respectueux de l’environnement et du cadre de vie.
Cependant le projet est très vite rattrapé par la réalité économique et industrielle. Les entreprises historiques du bâtiment, du traitement du bois ou de la fabrication de jouets disparaissent les unes après les autres : entre 1962 et 1966, 1 500 emplois quittent la ville et près de 50 entreprises mettent la clé sous la porte. En dix ans, un tiers des entreprises de la commune cessent toute activité. Le secteur industriel perd 1 200 emplois sur la seule année 1970.
Pour le conseil municipal, il est temps d’agir : le 21 mars 1972 est annoncée la réalisation d’une ZAC à caractère industriel. Cette décision approuve définitivement le projet d’hôtel industriel Mozinor, imaginé dix ans plus tôt.
42 000 m2 de locaux modulables

La conception de l’hôtel industriel est confiée aux architectes Gilbert-Paul Bertrand, notamment reconnu comme urbaniste de Pierrefittes-sur-Seine, et Claude Le Goas, également urbaniste de Montreuil, à qui l’on doit le siège confédéral de la CGT ou le Conservatoire de Croix-de-Chavaux.
Les deux hommes conçoivent un bâtiment industriel de 42 000 m2 en béton armé, avec une ossature en poteaux-poutres porteurs sur lesquels reposent des dalles de plancher, sur une emprise au sol de 3,2 hectares. L’immeuble dessert, sur quatre étages, des locaux d’activités modulables de 500 à 6 000 m2.
Les locaux sont distribués par une rampe hélicoïdale centrale à faible pente et empruntable par des poids lourds de 30 tonnes sans que ces derniers, qu’ils montent ou qu’ils descendent, n’aient jamais à se croiser.
Un demi-siècle plus tard, Mozinor accueille 50 entreprises, et 500 salariés, réparties autour de l’industrie, de l’art, du design, de l’évènementiel, du fooding, des loisirs et de la culture, et des métiers de l’imprimerie.