Maison Blanche, Frank Gehry archi contrarié, la deuxième vie des prisons aux USA, régionalisme au Maghreb, formes immobilières à Londres, Greyxit : la revue de presse du 8 novembre 2016
Washington-Upon-Dordogne
Il occupe déjà la Maison-Blanche sans jamais avoir pris part à la moindre primaire, s’être soumis au plus minime des caucus et sans avoir conquis un seuls des 270 grands électeurs désignant le dirigeant de la première puissance mondiale. Lui, c’est un habitant de la Bachellerie (24), propriétaire du château de Rastignac. A nous deux Paris-Texas : l’édifice ressemble trait pour trait à la résidence de POTUS (President of the United States), bien que la pierre lui donne un teint qui tire plus sur le crème que sur l’artic white. Plusieurs explications sont avancées pour expliquer cette troublante gémellité. Une première hypothèse postule que Thomas Jefferson a copié cet édifice qu’il aurait aperçu lors d’un voyage à Bordeaux. Les plus modestes défendent l’hypothèse inverse, où la Maison-Blanche aurait servi de modèle au château français, et entre les deux, d’autres plaident pour une influence diffuse du style classique local. Une question reste en suspens : la forme du bureau ovale a-t-elle été inspiré par le ballon de même forme ? La commune étant incluse dans la grande région de l’Ovalie, le point serait alors indiscutablement pour la France.
Via La Montagne

Sur la commune de La Bachellerie en Dordogne, le château de Rastignac ressemble trait pour trait à la Maison-Blanche sise à Washington. © Frédéric LHERPINIERE via La Montagne
Très prisés
Comme l’Etat Français, l’Etat américain se débarrasse d’une partie de ses prisons. Plus de 150 établissements ont fermé leurs portes du pénitencier, pas vraiment pour cause de vétusté, mais d’abord suite à la baisse de la population carcérale provoquée par des réformes judiciaires, et des opérations de regroupement d’établissement destinées à faire baisser les coûts d’exploitation. Par exemple, dans l’Etat de New York, le nombre de détenus est passé de 63 800 à 52 200 entre 2007 et 2016, et 13 prisons ont été fermées. Une économie de plusieurs millions pour l’Etat, mais un désastre économique pour les villes qui hébergeaient les établissements, surtout dans les zones rurales. « La prison pour mineurs de Murphysboro, Illinois, était l’un des plus grand employeurs de la ville, a dit au Guardian le représentant Républicain de l’état Terry Bryant. Sa fermeture en 2012 a dévasté l’économie locale ». La reconversion s’impose : elle peut prendre la forme d’hôtel de luxe, comme à Boston, de centre de culture de la Marijuana, de centre d’accueil des homeless, en bureaux. Ironie cruelle, de nombreuses prisons s’ouvrent aux populations qu’elles accueillaient sous le statut de détenus. Dans le Bronx, une ONG veut réutiliser une prison désaffectée pour aider d’anciens condamnés dans leur retour à la vie civile – la permanence du cadre aidant sans doute à ne pas les désorienter. L’opération la plus exemplaire se situe à Moundsville, Virginie-Occidentale, où la prison a été convertie en maison hantée, et accueille des événements en tout genre, du mariage au festival d’été. « Il a fallu près de deux décennies pour que le projet devienne rentable », dit une responsable de la ville. Vingt ans pour changer la tôle en argent.
Via The guardian

The prison in Coalinga, California, which may be turned into a marijuana farm. Photograph: Sam Levin Via the Guardian
50 nuances de laid
Quand le Royaume-Uni déclare la guerre à la laideur, de toute l’île remontent des bruits de batailles. Le long des digues anti-crues, d’abord. Ancien directeur de cabinet de Cameron, Oliver Letwin a déclaré que les autorités locales devraient s’inspirer d’exemples étrangers pour demander aux architectes de concevoir de « « splendides » défenses anti-crue ». Intégrer ces infrastructures dès le début des projets d’aménagement « augmenterait la valeur de l’immobilier, parce qu’en fait les gens les apprécient ». La beauté est relative : sur ce point, Letwin sera d’accord avec John Hayes, ministre des transports du gouvernement May, et commandant d’une charge anti-brutaliste aussi rude que l’architecture qu’elle condamne. Faisant fi du regain d’intérêt pour cette période fertile et rugueuse de l’architecture britannique, Hayes affirme dans un long discours que le brutalisme est « sans intérêt esthétique », accusant même cette tendance d’entretenir « un culte de la laideur ». Le gouvernement dont il fait partie sera « à l’avant-garde d’une renaissance architecturale », qui se matérialisera par la reconstruction d’une arche dorique détruite lors de l’édification de la gare de Euston en 1962 – un projet défendu de longue date par des groupes conservateurs. Après la Grey Pride, le Greyxit?
Via Building Design et The Independant

The Doric arch at Euston Station (Public Domain) via The Independant
Arabisances
Pourquoi notre architecture est toujours plaquée de symboles arabo-musulmans ? Citant en exemple la préfecture de Salé, le Musée Mohammed VI de Tanger ou le Palais des arts de Tanger, des jeunes architectes marocains s’insurgent et s’interrogent. « Si cette approche architecturale fait référence au patrimoine marocain pour certains, elle agace d’autres, qui estiment que les voûtes, arcatures et arabesques étaient propres à des méthodes de construction d’antan, puisqu’elles se justifiaient par les matériaux utilisés à l’époque ». Bizarrement, cette pratique semble dériver du néo-régionalisme importé par la puissance coloniale dans les années 30, contribuant à la diffusion d’ « une vision qui reste en surface de ce qu’est l’architecture marocaine et qui reproduit des clichés plutôt que l’essence même de notre patrimoine », adopté par des autorités se contentant de ce vernis culturel superficiel. « Le monde arabo-musulman a été moderne à l’époque. On ne peut pas rester bloqué dans une certaine écriture, alors que la démarche même de nos ancêtres consistait à innover », explique Younes Diouri, de l’agence Narrowminded. Ces architectes veulent remplacer le pastiche par « une architecture qui correspond à des nécessités climatiques et économiques s’insère nécessairement dans son contexte culturel. Rien ne sert de justifier la marocanité par des courbes et arabesques ».
Soumission
L’identité architecturale pose aussi question en Tunisie. L’écrivain et philosophe Youssef Seddik affirme qu’elle est soumise, sur sa partie religieuse, à des volontés extérieures. « les saoudiens imposent leur lois et leurs conditions à la Tunisie, ils imposent même l’architecture des minarets des mosquées ». On ne saurait être plus clair.
Via Webdo
Triste
Conquérir les sommets, réussir dans tout, et garder des regrets : c’est le sort de Frank Gehry, qui confie son amertume au journal La Croix, qu’il rencontre dans le restaurant qui porte son prénom à la fondation Vuitton. Sa tristesse épouse un air connu : « j’aurais voulu être un artiste ». Tellement dépité de ne pas être reconnu comme tel, Frank chantera le blues de l’architecte lorsque Broadway jouera Starchitectmania,. « Pendant longtemps, l’architecture a été considérée comme une technique et non comme un art. Mais encore aujourd’hui, cette reconnaissance ne plaît pas à tout le monde. Richard Serra – saint Richard ! – a dit un jour à la télévision que je n’étais pas un artiste, parce qu’il y avait de la plomberie dans ma structure ! Ensuite, il m’a appelé pour me demander si j’étais en colère… » Selon La Croix, « Gehry ne vit pas bien ce désamour ». Autre manque de cette carrière pourtant bien remplie « athée depuis sa jeunesse, (Gehry) souligne qu’il a toujours voulu construire des édifices religieux. « J’ai soumis un projet au concours de la cathédrale de Los Angeles, mais je n’ai pas embrassé la bague du cardinal, ironise-t-il. Rafael Moneo, un catholique, pouvait parler à l’Église. Moi, je n’ai pas réussi. J’ai essayé de faire des synagogues mais je n’ai pas été engagé non plus. Je pense qu’une église chrétienne, surtout catholique, serait plus intéressante à faire, en raison de la longue histoire qu’elle charrie. Dites-le à vos lecteurs : je veux construire une église ! ». Pourvu que Saint-Louis Vuitton entende son vibrant appel au culte !
Via La Croix

Frank Gehry. / Robert Jean-Francois/modds via La Croix
Au Top
Pas déprimé, Renzo Piano, qui voit cette année se confirmer sa position en tête du palmarès italien des sociétés d’architectures, classées selon le chiffre d’affaires. Avec 12,8 millions d’euros, le génois peut se targuer d’une croissance de 9,3%. Ses suivants progressent plus encore, mais sont loin d’avoir la notoriété du coauteur du Centre Pompidou. One Works, le numéro deux, a vu son chiffre d’affaires progresser de 81,6%, et Lombardini, le 3e, de 72%. Plus surprenant, à la septième place, la présence de Chipperfield, reflète de la place croissante des agences internationales dans la péninsule, parmi lesquels Libeskind.
Via Affari Italiani

Via Affari Italiani
Sprawl
L’étalement urbain, ça n’arrive pas qu’aux autres : « au quartier Foes, à Ain Abdellah, vers Figuiers, ou encore Boukerroucha ou Alliliguia, le même spectacle désolant d’habitations collées les unes aux autres, d’étages en concurrence, de bâtisses inopportunes, d’absence de commodités, de structures d’accompagnement, d’allées… ». El watan relate l’urbanisation sauvage près de Boumerdès. « Des citoyens qui ont opté pour une construction après l’achat d’un terrain, pensant ainsi fuir les désagréments de l’immeuble et de la ville, ont été malheureusement piégés par de nouveaux voisins peu respectueux des normes de civisme et d’architecture, insoucieux de la légalité la plus élémentaire. Pourtant, la crainte d’un séisme comme celui de 2003 est toujours vivace ». Tout le monde est d’accord sur la gravité de la situation, mais sans aller au-delà du simple constat. « Un Plan directeur d’aménagement urbain (PDAU) avait été adopté. Mais l’aménagement à l’intérieur du périmètre urbain obéit à l’arbitraire et à l’opportunisme. Un responsable a avoué que «des complicités existent à tous les niveaux pour transformer l’illégal en légal…» L’astuce est simple. On achète un terrain chez un privé dépourvu de documents (héritage). (…) Des complicités à tous les niveaux se chargent par la suite de régulariser la situation. Avec le temps, les traces se dissipent.» Après la ville diffuse, la ville corrompue.
Via El Watan

Via El Watan
Patate
Malgré le départ annoncé du Royaume-Uni de l’Union Européenne, les acheteurs de biens immobilier pourraient voir doubler la valeur de leur investissement d’ici les quinze prochaines années, affirme une recherche de l’agent immobilier JLL. L’étude s’appuit sur des données d’Oxford Economics basée sur l’hypothèse d’un « Hard Brexit ». L’est londonien devrait être le plus porteur. De nouvelles chances de voir apparaitre des édifices comme la Spire London, construite pour le compte d’investisseurs chinois. Haute de 235 mètres, elle ressemble à un penis, rapporte la presse anglaise. Banal peut-être pour un gratte-ciel, sauf que la ressemblance s’exprime cette fois en plan. Un beau signe de la vitalité des marchés immobiliers.
Via Mansion Global et Yahoo News

via Mansion Global et Yahoo News
Olivier Namias