La Fondation Jacques Rougerie dévoilait, le 10 décembre, les lauréats de son Concours international d’Architecture 2020. Un palmarès audacieux et visionnaire, qui met en avant les habitats de demain et valorise les richesses de la mer et de l’espace.

Depuis 10 ans, Jacques Rougerie offre l’opportunité aux architectes, ingénieurs et designers de partager sa passion pour les océans et l’espace. Avec le Concours international d’Architecture de la Fondation Jacques Rougerie – Institut de France, il leur donne l’opportunité de présenter leur vision de l’habitat de demain.
Leurs projets replacent l’homme au cœur des habitats naturels. Cette année, l’attention était tout particulièrement tournée vers les océans, puisque les participants étaient invités à penser des projets adaptés aux enjeux de la montée du niveau des océans sur le littoral africain.
“Tout ce qu’un homme est capable d’imaginer, d’autres hommes seront capables de le réaliser”, disait Jules Verne, qui a par ailleurs donné son nom à la promotion 2020 du concours. Une phrase qui fait écho à ces projets audacieux et visionnaires, relevant parfois du rêve ou de l’utopie, mais qui prend tout son sens dans une année 2020 qui nous apprend que tout était possible.
Pour sa 10e édition, le concours s’étoffe avec les Prix internationaux de l’Art sous la Mer et de l’Art dans l’Espace, créés en partenariat avec l’Académie des beaux-arts. Ils récompensent des artistes explorant de formes nouvelles d’expression à l’échelle de l’océan et de l’espace.
Au total, 6 Prix internationaux d’Architecture et 2 Prix internationaux d’Art sont décernés, pour une dotation globale de 50 000 euros.
Prix “Architecture et Innovation pour la mer”
Grand Prix
Le 8e continent – Lenka Petrakova – Slovaquie

La station flottante nettoie l’océan et rétablit l’équilibre du milieu marin. La station flottante est dotée de divers procédés répondant aux changements environnementaux sur place. Ses éléments peuvent coopérer et optimiser l’utilisation de l’énergie pour créer un organisme vivant autosuffisant. Elle crée la plate-forme interdisciplinaire pour lutter contre la dilution que nous pouvons causer à l’océan par notre action à terre.
Coup de coeur du Grand Prix
Ægir – Henri Rousseau / Baptiste Loison / Yves Amoros – France

Les activités humaines continuent à dégrader l’environnement. L’utilisation de combustibles fossiles, les déchets et autres ont un impact négatif important sur la flore et la faune marines ainsi que sur la qualité de l’eau. Ægir propose une alternative afin de répondre à ces problèmes. Elle puise l’énergie de l’océan et la met à profit pour son propre usage. En captant les ondulations de la houle, elle produit de l’énergie pour alimenter les infrastructures intérieures.
Prix Focus “Le Village sous la mer”
Himanthalia – Baptiste Bosser – France

Situé au large de la côte atlantique française, ce complexe offre une alternative pour le traitement de certaines pathologies telles que la dépressurisation rapide, le traitement des plaies ou les maladies respiratoires. La pression naturelle de l’eau assure la pressurisation des unités d’accueil des patients.
Prix “Architecture et Innovation liées à la montée des océans”
Grand Prix
Rising with the ocean – Alexandre Bausson / Felipe Luiz Valenzuela – France et Chili

Totope (Ghana), un village de pêcheurs, souffre de l’érosion côtière et de l’élévation du niveau de la mer. Le projet propose une solution réaliste pour établir un village résilient. Des fondations inspirées des racines de la mangrove sont utilisées pour renforcer la structure. La conception se concentre sur les résidents locaux et leur travail, elle cherche à maintenir la durabilité de Totope et l’utilisation de la terre jusqu’à ce qu’elle coule. Pour y parvenir, le projet utilise les forces hydrauliques naturelles qui élèvent progressivement la structure en l’adaptant au niveau de la mer. Ainsi, il fait face au changement climatique tout en préservant le mode de vie local.
Mention spéciale “Le littoral africain”
Dat Noi Terres flottantes – Nam Vu / Anna Giraudeau-Warden / Marie-Line Bruneau – Vietnam et France

Le projet se situe sur le fleuve Dong Nai qui traverse la ville de Ho Chi Minh, au Vietnam. Inspirés par les villages flottants existants dans le delta du Mékong, il propose un processus de production alternatif. Basé sur un système de production agricole locale, la culture du riz, des fruits et de la pêche est rendue possible grâce à des constructions flottantes. Les habitants peuvent retrouver un mode de vie familier, vivant au bord de l’eau. Composé de parcelles agricoles et d’habitations comme des chemins, ce projet révèle une forme végétale symbolique : un nénuphar victoria.
Prix Focus “Le littoral africain”
Le lotus flottant – Martin Pretorius / Raphael Trischler – Afrique du Sud

La salinisation qui contamine les terres agricoles, alors que la hausse des températures a déclenché la migration des stocks de poissons, affecte les moyens de subsistance des agriculteurs et des pêcheurs au Ghana. De plus, la demande d’électricité dépasse l’offre et ajoute aux moyens de subsistance déjà difficiles de la communauté.
Le lotus flottant vise à apporter une solution. Le mouvement du courant est capté par le système d’ancrage, produisant de l’électricité en tandem avec les panneaux photovoltaïques du toit. Le lotus inclut l’agriculture, la pêche et les logements.
Coup de coeur “Le littoral africain”
Nimbus – Kenton Sin / Chung Kin – États-Unis

Le Nimbus entend recréer le principe de la distillation membranaire (procédé de séparation liquide-liquide) à grande échelle et tenter de résoudre la crise de l’eau présente dans les villes côtières d’Afrique subsaharienne.
Prix “Architecture et Innovation liées pour l’espace”
Grand Prix
Corallation – Oliver Jungwirth / Maria Martinez Rarmirez / Dario Bergmann / Philipp Erkinger – Autriche et Espagne

Le déluge de pollution a dépassé la planète et a atteint l’espace avec plus de 8000 tonnes de débris d’espace en pleine croissance. Inspirés par les récifs de corail, nous proposons une station spatiale comme structure croissante qui collectera et recyclera les débris spatiaux, et les réutilisera comme matériau de construction. Financée par le tourisme spatial durable, cette station devient un symbole international, un hub de connaissances, offrant la gravité, l’habitation et la réflexion, permettant à l’humanité d’avoir une nouvelle perspective sur la Terre en tant qu’entité terminale de ressources.
Prix Focus “Le village lunaire”
Project Iris – Samer El Sayary – Egypte

Le projet Iris s’inspire du biomimétisme du mécanisme de l’œil. Il a également interprété le biomorphisme et la biophile pour aboutir à un projet intégré dont les racines remontent à la mythologie grecque : tao, est la personnification du messager des dieux. Dans l’anatomie des humains et de la plupart des mammifères, l’iris est une fine structure annulaire située dans l’œil, responsable du contrôle du diamètre et de la taille de la pupille ; c’est donc le concept utilisé pour contrôler l’ouverture du portail céleste.
Mention spéciale “Le village lunaire”
Eurohab – Peter Weiss / Jean-Jacques Favier – Allemagne et France

Nous vivons une époque à la fois passionnante et stimulante : la génération actuelle pourrait voir des astronautes marcher à nouveau sur la surface lunaire. Un long voyage est constitué de nombreux petits pas. L’objectif d’Eurohab est de jeter un pont entre le futur proche et le futur à long terme sur la surface lunaire. Le projet est un concept d’habitat gonflable basé sur le European Large Logistics Lander (E3L). Ces atterrisseurs pourraient être envoyés sur la surface lunaire en parallèle avec les autres missions de soutien à l’équipage. Progressivement, ces atterrisseurs pourraient constituer un réseau de petits habitats et par conséquent mener à un premier village lunaire.
Coup de coeur “Le village lunaire”
Lunar Village – Ekaterina Sharygina – Russie

Le but du projet était de résoudre la question de la cohabitation des communautés dans un espace confiné en se basant sur les caractéristiques technologiques et les possibilités de construction de bases spatiales. Sur un point proche du cratère Shackleton , le scénario de colonisation du village lunaire comprend quatre étapes : S, M, L, XL. Au dernier stade, la colonie est un établissement presque autonome pour 1000 personnes et plus, qui se compose d’une zone industrielle, d’une zone d’habitation, d’un port spatial et d’une zone touristique. La colonie est un ensemble de dunes métalliques sphériques, recouvertes d’une couche de voile lunaire en guise de protection.
Retrouvez les présentations vidéos des différents projets sur la page Youtube de la Fondation Jacques Rougerie.
Prix internationaux de l’Art sous la Mer et de l’Art dans l’Espace – 1ère édition
Prix internationaux de l’Art sous la Mer
- Grand Prix : Corail Artefact – Jérémy Gobé
- Mention spéciale : Ama – Julie Gautier
- Mention spéciale : Michel Redolfi
Prix Internationaux de l’Art dans l’Espace
- Grand Prix : Kitsou Dubois
- Mention spéciale : Théodora Barat
- Mention spéciale : Sylvie Bonnot