L’imprimerie MAME à Tours, fruit de l’architecture industrielle du XXe siècle, a notamment associé l’architecte Bernard Zehrfuss (grand Prix de Rome 1939) et l’architecte et designer Jean Prouvé dans les années 1950. Le bâtiment conclut aujourd’hui sa métamorphose, sous la supervision du tandem Caraty Poupart-Lafarge et RCP Design, et devient un véritable bâtiment du XXIe siècle.

Manifeste de l’architecture du XXe siècle, l’imprimerie MAME à Tours achève sa transition vers le XXIe siècle. Sa réhabilitation, en deux étapes, a transformé ce bâtiment industriel en cité d’innovation et de création.
En 2015, l’architecte Franklin Azzi et l’architecte en chef des monuments historiques Pierre-Antoine Gatier ont assuré la réhabilitation des façades de la tour administrative et la réhabilitation partielle des ateliers, qui intègrent désormais l’Ecole supérieure des Beaux-Arts de Tours.
Cette année s’est achevée la deuxième étape de la rénovation. L’opération, qui consistait à faire de cette ancienne imprimerie un établissement recevant du public (ERP), a été menée par le cabinet d’architectes associés Caraty & Poupart-Lafarge et l’agence RCP Design. Le tandem a puisé dans le travail de Bernard Zehrfuss, architecte à l’origine de ce bâtiment des années 1950 reconnu pour sa modularité.
Des interventions mesurées

Dans un premier temps, le chantier de rénovation concerne les façades. L’inscription de l’imprimerie à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques (depuis 2000) implique de les rénover “à l’identique du projet originel de 1952”, explique Bruno Poupart-Lafarge, architecte du cabinet éponyme en charge du projet. En plus du “nettoyage de façade, une peinture après traitement et quelques reprises de bétons dégradé”, il a fallu supprimer “les traces incongrues laissées par les extensions réalisées en 1964 et en 1995”, puis démolies en 2011.
Devant l’entrée principale, une rampe en béton adaptée aux normes handicapées, qui facilite l’accès aux chariots et aux personnes en fauteuil roulant, a été construite.
Le mobilier et les bureaux nomades : le coeur du projet
Le deuxième pan de la réhabilitation consistait à “augmenter la capacité d’accueil des Mamers (les travailleurs de la Cité de la Création et de l’innovation, NDLR)”, détaille Bruno Poupart-Lafarge, “en augmentant le nombre de bureaux et en aménageant un espace d’animation modulable, de coworking et de restauration”.

Pensée autour de la modularité, qui a fait la renommée de l’imprimerie à sa construction dans les années 1950, la rénovation intérieure s’articule autour de “La Machine”. “Pièce forte de l’aménagement intérieur”, selon les mots de Régine Charvet-Pello, designer chez RCP Design à l’origine notamment de la Machine, elle fait écho au passé du lieu. En inox, elle reprend les codes design des machines d’imprimerie, et des sheds en aluminium imaginés par Jean Prouvé. Cet espace est voué à l’accueil, à la préparation et au service lié à la restauration, au stockage et aux offices. Dans le prolongement de la Machine, la boutique elle est conçue pour l’accueil, les expositions temporaires et la promotion d’évènements.

“Pour incarner l’activité multiple des entreprises et des visiteurs, nous avons conçu une collection de meubles et de cloisons mobiles, modulables et adaptés aux différents usages pour tous”, développe Régine Charvet-Pello. Les cloisons “flèches” en sont le parfait exemple. Sur roulettes, elles puisent leur origine des “flèches” de musées, ces chariots en bois, utilisés pour déplacer les grands et lourds tableaux. Ces cloisons modulables, acoustiques et multicolores servent de support d’information ou d’écran entre les zones.
Les bureaux nomades apportent une réponse à la pluralité de métiers et de manières de travailler entre les murs de la Cité de la Création et de l’innovation. L’espace de co-working est équipé de tables connectées et éclairées, aux airs de cabanes sur roulettes offrant un espace de travail protégé de l’environnement ambiant. Ces bureaux ont été réalisés avec iwoodlove, une jeune entreprise de fabrication de mobilier en bois.