
Vele Secondary School, Vhembe District, Limpopo, Afrique du Sud, 2005 @ ECA
East Coast Architectes, Derek Van Heerden & Steve Kinsler, Durban, Afrique du Sud
Derek Van Heerden et Steve Kinsler, fondateurs d’East Coast Architectes, exerçant dans leur province d’Afrique du Sud, le Kwazulu Natal, ont un modèle économique hors norme. Au moment où ils reçoivent le Global Award, leur agence est – à nouveau – en péril, nous confient-ils. « Les gens travaillent avec nous et non pour nous », continuent les architectes, en résistance contre les lois du marché. « Nous faisons le travail que personne ne veut faire », disent-ils. De quoi provoquer la profession.

Vele Secondary School, Vhembe District, Limpopo, Afrique du Sud, 2005 @ ECA
Ceci étant-dit, les fondateurs nous présentent la production d’East Coast, qu’ils définissent comme une agence de « développement rural », s’expatriant dans la province excentrée du Kwazulu Natal. Leurs projets, financés par des fondations et ONG, sont essentiellement des équipements sanitaires et des écoles bâties à partir de convictions écologiques et participatives. Cette démarche s’appuie sur les compétences des deux associés – Derek Van Heerden, expert dans les programmes éducatifs, Steve Kinsler, spécialiste en agronomie et développement rural – permettant à un modèle économique peu stable de perdurer dans le temps.

7 Fountains primary school @ ECA
Leur méthode, de la même manière que Patama Roonrakwit, consiste à s’immerger dans le milieu étudié, parfois pendant plusieurs mois, pour en comprendre les tenants et aboutissants. Leur objectif, répondre à des besoins réels plutôt que d’imposer des systèmes standardisés, réglementés. Derek Van Heerden & Steve Kinsler nous présente deux projets d’écoles, l’un à 7 Fountains, l’autre à Vele. Ces deux projets se démarquent par une construction participative. Pour l’une, qui subit les affres de la surpopulation, le travail commence en toute spontanéité avec les élèves qui dessinent le portrait de leurs camarades, le tout étant transposé sur les vitrages de l’école, dissuadant toute dégradation. Viennent ensuite les femmes qui fabriquent les briques en pisé, se réappropriant des techniques de construction oubliées. Bref, les ressources locales sont utilisées et surtout les Ecoles font école par elles-mêmes. Par l’organisation de la vie collective, par leur construction, la gestion de l’eau et de l’énergie, elles deviennent des microcosmes où le jeune se forme par immersion.
Amélie Luquain
Courtesy Cité de l’Architecture et du Patrimoine