AccueilArchitectureDavid Mangin, le "rez-de-ville" : pour repenser le projet urbain

David Mangin, le “rez-de-ville” : pour repenser le projet urbain

Dans son dernier ouvrage « Rez-de-ville La Dimension cachée du projet urbain », David Mangin développe avec méthode et finesse la notion de « rez-de-ville » qui lui est chère. Partant d’une insatisfaction quant au paysage urbain courant, l’architecte-urbaniste met ici en œuvre une méthodologie permettant de penser ensemble les espaces publics et les intérieurs d’îlots, les rez-de-chaussée et les réseaux enterrés, le cadre bâti et les pratiques urbaines.

« Omniprésence de l’automobile, artificialisation du sol, vacance des commerces, hypersurveillance des lieux publics… Pourquoi nos paysages urbains et suburbains sont-ils aussi inhospitaliers ? Face aux transitions à venir, il est urgent de réformer les méthodes du projet urbain. »  (1)

Cette vaste enquête comparative passe en revue les rez-de-ville sur quatre continents, d’Ahmedabad à Brasilia en passant par Beyrouth, Rabat, Kinshasa, São Paulo, Singapour ou le Grand Paris, suivant un même protocole graphique. Un inventaire international fait sans préjugés, rendu possible par des professeurs et leurs étudiants qui ont fait l’expérience sur place de cette « dimension cachée » du projet urbain, et d’où sont tirées des perspectives concrètes pour faire la ville autrement.


Un même diagnostic est fait de ces différents lieux, de la ville dense à la périphérie : une emprise considérable accordé au stationnement individuel, une imperméabilisation inutile des sols, une hyper-sécurisation, des problèmes de vacance commerciale.

L’ouvrage remplit donc son « devoir d’inventaire » auquel il ajoute un « devoir d’invention », des préconisations adressées aux concepteurs de la ville, parmi lesquelles l’organisation d’itinéraires plutôt que la planification de périmètres (ne plus travailler à partir de cercles d’accessibilité autour des gares mais s’intéresser aux itinéraires pris par les habitants), le développement de figures d’intériorité -cours, patios ou passages- plutôt que d’îlots ouverts, l’ajustement du degré d’intimité du rez-de-chaussée selon les activités qu’il abrite, le déploiement enfin des usages du rez-de-ville en enrichissant ses dispositifs architecturaux. 

« Ni atlas, ni manuel, ni traité, tout cela à la fois », l’ouvrage se conclut par un vade-mecum aussi utile au concepteur qu’au décideur pour rendre la ville à nouveau « passante, poreuse et profonde ».

(1) « Rez-de-ville. La Dimension cachée du projet urbain » dirigé par David Mangin, avec Soraya Boudjenane (Editions de la Villette, 2023, coll. “Essais”

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