
Courtesy ArcelorMittal Orbit
The Day After
Hypothèse mardi dernier, le Brexit est devenu une dure réalité vendredi matin. Partisane du Remain à plus de 70%, la « classe créative » oscille entre la déception et l’expectative. Maintenant l’incertitude que redoutait la profession est là, résume Ben Derbyshire, Directeur de l’agence HTA Design.Toutes nos énergies seront gaspillées en attendant que le chaos bureaucratique se clarifie rapporte Cany Ash, de l’agence Ash Sekula. Pour Lucy Tilley, chargée des projets au Royaume-Uni et à l’international, plus du quart de nos employés vient de l’UE et l’idée de perdre un tel filon de talent est une conséquence du vote qui demandera une longue période d’adaptation. Ceux qui ont centré leurs stratégies d’export sur l’Asie craignent surtout les perturbations liées à l’indécision qui vient : dans certaines régions, on ne peut pas dire que l’industrie du bâtiment soit complètement remise du crash de 2008, et la perspective d’une période prolongée d’hésitations n’aide pas, témoigne James McGillivray, de l’agence NVB, une structure de taille moyenne basée dans le Somerset. Amanda Levete se veut volontaire : nous continuerons à travailler en Europe autant que dans le reste du monde – et continuerons à exprimer nos idéaux communs – démocratie, ouverture d’esprit, tolérance et créativité.
Architects’ fears as UK votes for Brexit, via Building design
Partir après le Leave?
Où allons-nous à partir d’ici ? se demande un associé de Rogers, Stirk Harbour & Partners toujours dans les colonnes de Building Design. A l’étranger, répond sans hésiter Annabelle Gauberti, avocate associée du cabinet Crefovi sur son blog : les entreprises créatives basées au Royaume-Uni, celles qui exportent des biens et des produits, à l’instar des maisons de modes et de design, doivent être extrêmement attentives aux négociations des accords de retraits avec l’UE, et, si besoin, relocaliser leurs opérations au sein de l’UE dans les deux ans, le changement des régimes douaniers et les taxes sur les biens et produits pouvant apparaître inévitable dans l’éventualité de négociations infructueuses avec l’UE. Les flux de réfugiés vont-ils s’inverser, et qui récupèrera les agences de designers ? Encore faudrait-il vouloir partir : ces conseils concernent moins les structures petites et/ou débutantes, qui ne pourront faire face aux frais d’avocats ni de comptabilité. Les étudiants aussi pourraient avoir du mal à quitter Albion : inquiets des répercussions du Leave sur le programme Erasmus, ceux impliqués dans les « industries créatives » ont manifesté mardi à Trafalgar Square, réunissant au moins 50 000 personnes… sur leur page Facebook ! 270 000 étudiants de toute l’Europe bénéficient chaque année du programme Erasmus, rappelle Dezeen. Perdre la possibilité de venir ou d’aller en Albion serait à n’en pas douter un sacré coup de Trafalgar.
Via Dezeen, Design firms should « relocate their operations to the EU » if Brexit talks fail, says lawyer et Designers and students to protest in Trafalgar Square as threats to Erasmus programme emerge
Dégringolades
Dans la Londres post-Brexit, tout chute. Pas seulement les bourses, qui auraient perdues vendredi l’équivalent de 24 années de contributions à l’EU en moins d’une heure quarante. On tombe – ou plutôt on glisse littéralement du coté de l’ancien parc Olympique, où l’artiste belge Carsten Höller vient d’installer un toboggan sur la tour ArcelorMittal Orbit. Cette chose architecturale conçue par l’artiste Anish Kapoor avec l’ingénieur Cécil Balmond qui n’apparaît pas comme le plus beau leg des jeux de 2012 – le critique d’architecture du Guardian Oliver Wainwright la compare à un éléphant blanc, expression anglo-saxonne pour désigner les monstres architecturaux – ni la meilleur marché. L’entretien du Godsavezilla couterait au contribuable 10 000 livres par semaine. L’insertion d’une attraction dans la structure fait partie d’un business plan visant à limiter les pertes financières de ce qui avait été vendu comme une machine à cash, devant générer initialement 1,2 millions de livres de profits à l’année. Conséquence du coût de maintenance, le prix du ticket donnant droit à 40 secondes de glisse à la vitesse moyenne de 15 mph est très élevé. 17 livres pour 76 mètres de dénivelé, c’est cher, note Wainwright, d’autant que le quartier entourant ce toboggan géant abrite une population pauvre. Le résumé du critique est sans appel : jamais une attraction n’avait promis autant et donné si peu. Wainwright n’a surement jamais visité le défunt parc Mirapolis, près de Cergy !
Via The Guardian
Glissomania
Wainwright voit dans l’ArcelorMittal Orbit le plus inutile des totems dédié à l’hubris de l’ex-maire de Londres, Boris Johnson, qui avait pourtant tenté de se dépasser dans le domaine, du téléphérique urbain (opéré par la compagnie aérienne Emirates) à l’affaire des bus-saunas que l’on avait dû dotée en catastrophe de fenêtres ouvrantes pour permettre aux passagers de respirer. Boris a trouvé une nouvelle occasion de faire parler de lui lors du Brexit, mais il serait injuste de le présenter comme unique partisan des glissades urbaines. Pour preuve, à Los Angeles, un toboggan de verre entièrement transparent vient d’être installé au sommet de l’US Bank Tower, à l’occasion de sa rénovation. Pour une somme oscillant entre 27 et 33$, passez du 70e au 69e étages sans emprunter l’escalier, éprouvez la sensation des « Skywalker » – personnes qui escaladent les immeubles sans assurances – le risque en moins. Je ne dirais pas que je suis pressé de le refaire. Mais c’était une expérience architecturale que je n’aie jamais eue, a déclaré le présentateur d’une télévision américaine après avoir testé l’attraction. Voilà un argument en faveur des gratte-ciels, auxquels certains architectes ne prédisent aucun futur. Après Koolhaas (voir semaine dernière), c’est au tour de David Adjaye de s’en prendre à un urbanisme vertical dépassé, achevé quelque part au 20e siècle. Pour l’architecte, qui s’exprimait dans les colonnes du quotidien italien La Stampa, il s’agit uniquement d’une question de densité : on peut construire une ville de dix étages et satisfaire tout le monde. Tout le monde, sauf les amateurs de toboggans qui sont de plus en plus nombreux en architecture, que l’on songe à certains aménagement récents de bureaux ou de rues en pentes, voire même de maisons individuelles.
Via LA Times, Libération et La Stampa
Un référendum Soulages
85% contre : c’était le résultat d’un sondage demandant en 2009 l’avis des ruthénois sur la construction du musée Soulages. La population de Rodez trouvait ce projet attribué aux catalans de RCR trop cher, pas convaincant, trop élitiste, trop grand, se souvient-on alors que le musée fête deux ans de succès. Benoit Decron, directeur du musée, rappelle que les prévision de quarante mille entrées annuelles furent dépassées en six mois. 200 000 personnes avaient déjà visité les lieux lors du premier semestre d’ouverture du musée, qui se hisse au premier rang des musées de la Région Midi Pyrénées, devant le musée Toulouse-Lautrec d’Albi, souligne Télérama. Et l’on ne parle pas encore d’effet Rodez… Si l’on refaisait le sondage aujourd’hui, les convaincus atteindraient surement les 85%, estime Christian Teyssèdre, maire de Rodez et président de la Communauté d’agglomération. Consulter de nouveau la population : il n’y a pas qu’en Aveyron que l’idée séduit…
Via Télérama
Le piège de cristal
Partir ou rester, on ne leur demande pas leur avis. 200 expatriés français travaillant pour la firme de BTP Saudi Oger seraient bloqués à Riyad sans la moindre possibilité de Gulfxit, d’après un employé français de la société qui témoigne sur le site de l’Obs. Devant faire face à de lourdes pertes, conséquences du management hasardeux et de chantiers mal estimés, Saudi Oger aurait temporisé en baladant certains membres de son personnel d’un site à l’autre, prélude à un licenciement sans préavis. Or, rappelle Rémy Catusse depuis son exil forcé, lorsqu’ils ne sont pas payés, les expatriés en Arabie saoudite se retrouvent dans une position ambiguë : ils perdent le droit de travailler, et ne peut plus renouveler son « iqama », titre de séjour indispensable à l’obtention d’un visa de sortie. La situation est confuse : Catusse a signé une lettre de démission pour obtenir le parrainage d’une autre entreprise, d’autres continueraient à travailler sans être payés. L’Etat français n’a pas de recours dans les affaires de droit du travail saoudiens, et Jean-Marc Ayrault, ministre des affaires étrangères, n’aurait pour l’instant pas répondu aux appels à l’aide des expatriés. Le vice-ministre de l’intérieur saoudien a promis de faire le nécessaire, mais les fêtes de ramadan ralentissent l’action administrative.
Via Le plus de l’Obs
Olivier Namias