Pour le Pavillon libanais de la 17ème Exposition Internationale d’Architecture – La Biennale di Venezia, Hala Wardé, fondatrice du cabinet HW Architecture, qui a réalisé le Louvre Abu Dhabi avec Jean Nouvel, présente A Roof for Silence dans les Magazzini del Sale (Zattere).

En écho à la problématique “Comment vivrons-nous ensemble” posée par Hashim Sarkis, commissaire général de cette 17ème Exposition Internationale d’Architecture – La Biennale di Venezia, Hala Wardé aborde le vivre-ensemble à travers un questionnement des espaces de silence, en faisant dialoguer architecture, peinture, musique, poésie, vidéo et photographie.
Le Pavillon libanais, et son installation A Roof for Silence est conçu comme une partition musicale. Il fait résonner les disciplines, les formes et les époques pour provoquer l’expérience d’une pensée articulée autour des notions du vide et du silence comme conditions temporelles et spatiales de l’architecture. Une installation « révélationnaire » selon la formule de Paul Virilio, en hommage au célèbre penseur et urbaniste.
Conçu comme un manifeste pour une nouvelle forme d’architecture, le projet de Hala Wardé s’appuie sur les formes cryptiques d’un ensemble de seize oliviers millénaires du Liban. Figure tutélaire du Pavillon libanais, ces arbres légendaires, dont les creux abritent la vie de différentes espèces, sont des lieux de recueillement ou de rassemblement, où les paysans se réunissent depuis des générations pour y décider des affaires du village où y célébrer des noces.
Questionnement sur l’approche territoriale et urbanistique du vide, le projet architectural de Hala Wardé est introduit par les « Antiformes » de Paul Virilio, théoricien de l’accélération du temps et de la désintégration des territoires. Il met en résonnance les peintures de Paul Virilio, espaces d’entre-deux du vide et du plein, avec la représentation graphique des oliviers, ainsi qu’avec celle de l’empreinte de la déflagration instantanée du port de Beyrouth, le 4 août 2020. Il trouve sa clef de voûte dans une pièce centrale, lieu ultime de l’expérience, conçue autour d’une œuvre d’art de la poétesse et artiste Etel Adnan : un ensemble de seize toiles intitulé « Olivéa : Hommage à la déesse de l’olivier ».
Une scénographie en quatre temps
Le dispositif architectural du Pavillon libanais s’inscrit dans l’espace du Magazzino del Sale. Il se déploie en quatre temps :

Une introduction sur la question du vide et du silence, observés au cœur des arbres millénaires du Liban. “Les oliviers de Bchaaleh”, 16 tirages photographiques en noir et blanc de Fouad Elkoury, portent le témoignage de la rencontre entre le passé et le présent. Les “Antiformes” de Paul Virilio, exploration de l’espace et de la matière absente qui nous mène à une nouvelle forme d’architecture, expriment ces notions d’entre-deux, et sont mises en regard avec des relevés photogrammétriques des arbres millénaires.

“Métamorphoses”, une trainée de verres au sol. Cassés par le souffle de l’explosion du port de Beyrouth, ou transformés par le souffleur Jeremy Maxwell Wintrebert, ces formes ou traces fractales matérialisent l’impact de la déflagration dans la ville, une forme de vide qui se métamorphose en « Antiforme », puis en empreinte à grande échelle du creux d’un arbre.

“Les Oliviers, Piliers du Temps”, une projection en triptyque des oliviers millénaires du Liban. Filmés dans l’obscurité de la nuit par Alain Fleischer, ces oliviers offrent une expérience sensible du vide et de la lumière, accompagnée d’une création musicale “Falling into Time”, des artistes sonores Soundwalk Collective.

La pièce centrale, abritant l’œuvre d’Etel Adnan, est conçue dans la logique cyclique de son poème-enpeinture, “Hommage à la déesse Olivéa”. L’artiste n’y représente pas tel ou tel olivier mais le sentiment que lui a inspiré cet arbre légendaire qui a accompagné les civilisations méditerranéennes. Ce petit bâtiment de forme circulaire et octogonale est couronné d’un toit semi sphérique bordé de lumière, dont l’absence de limites contribue à en faire un lieu essentiel : “Un Toit pour le Silence”.
Après la Biennale, A Roof for Silence poursuivra son itinérance culturelle dans différentes villes du monde. En première étape, il fera l’objet d’une exposition temporaire au Musée National de Beyrouth, à l’occasion de l’inauguration de sa nouvelle aile construite par la Fondation Nationale du Patrimoine pour la promotion du patrimoine architectural et artistique. Il sera notamment présenté à l’Abbaye de Jumièges, et au Palais de Tokyo à Paris.