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Bâtiment d’accueil du domaine de Gaasbeek par l’Atelier Pierre Hebbelinck

Pour le nouveau bâtiment d’accueil du Château de Gaasbeek, château médiéval dans le Pajottenland aux portes de Bruxelles, il a été demandé aux architectes de trouver un équilibre, dans une empreinte au sol limitée, entre un bâtiment contemporain et fonctionnel et le paysage protégé environnant. La réponse de l’atelier Pierre Hebbelinck est un gigantesque auvent surmontant une boîte fermée qui abrite, en plus de sa fonction d’accueil, la boutique du musée, les bureaux, une bibliothèque et les archives du château.  Pour assumer ces nombreuses fonctions « sous un seul toit », l’architecte a pensé un espace flexible et généreux tel un outil au service du domaine. Le résultat relève de la prouesse architecturale, autant dans la mise en œuvre que dans l’expression architecturale.

« Le domaine de Gaasbeek est avant tout un paysage unique, généreux, ouvert et représentatif de la région. C’est aussi un domaine multidisciplinaire où se mélangent l’art, la culture et les loisirs. Le projet s’articule autour de deux axes : résoudre le problème de lisibilité de l’entrée et créer un élément qui introduit, dès l’accueil, la rencontre avec le paysage exceptionnel du site. ».

Paysage originel
Le pavillon d’entrée du château de Gaasbeek et du domaine éponyme a été conçu à partir des observations que Pierre Hebbelinck a mené (avec la collaboration de Catherine Hebbelinck, historienne du paysage) à l’échelle du territoire : une topographie faite de collines où le village se trouve lové autour de son église médiévale, deux châteaux -Groenenberg et Gaasbeek- tous deux perchés, dont le second est placé sur un promontoire face au lac, et dont les territoires sont séparés par un petit vallon. Le projet du pavillon se pose ici comme un trait d’union placé légèrement au-dessus de ce « paysage ondulé », avec lequel il dialogue par ses formes organiques épurées.

« Il n’est en aucun cas notre intention d’impressionner le visiteur avec une construction accrocheuse. Bien au contraire ; le bâtiment doit avant tout paraître fonctionnel, humble, voire fragile. Il est au service du domaine du château et se fond dans son environnement. De cette façon, un équilibre est créé entre un bâtiment moderne et fonctionnel avec une empreinte limitée ».

Programme augmenté
Le projet consiste en une imposante couverture, abri vernaculaire sous lequel vient se glisser le volume du pavillon. Trop vaste toutefois pour abriter les seuls usages internes d’un lieu d’accueil, il permet d’abriter les groupes de visiteurs, animations, bureaux, un centre de recherche artistique et un dépôt de tapisseries médiévales. L’auvent débordant largement du volume bâti, offre un espace supplémentaire extérieur protégé de la pluie. Cette partie en saillie protège enfin l’intérieur du soleil tandis que de fines perforations dans les profilés génèrent un jeu d’ombres sur le sol.

Simplicité constructive
Le large toit fut d’abord imaginé en béton armé coulé, comme une empreinte du sol existant, levée par la suite par des vérins hydrauliques. Alors que le maître de l’ouvrage demande à abandonner ce concept, l’architecte se remémore le site du Palais de Knossos en Crète, et de son auvent recouvrant les chantiers de fouilles archéologiques, une structure métallique très simple et temporaire protégeant les précieux vestiges.

« De voyage en Crète à la même période, lors de la visite du Palais de Knossos, m’apparaît une structure temporaire réalisée, sans plans, par des archéologues. La simplicité et l’intemporalité de la structure pauvre constitue l’ima­ginaire de la proposition. »


Colonnes solidaires
L’ensemble paraît léger, porté par de fines poutrelles supportant la toiture surdimensionnée marquant une légère pente vers l’arrière, et accentué par une large perforation à l’avant permettant à la lumière du soleil d’entrer de façon tamisée dans le bâtiment. Une quarantaine de fines colonnes portent ainsi la gigantesque plaque d’une superficie totale de 1470 mètres carrés, formant une trame recouverte de tôles à larges nervures -pour permettre d’évacuer les eaux de pluie et les feuilles mortes. Une gouttière, surdimensionnée elle-aussi, borde une partie de la toiture, à laquelle se greffe un entonnoir que l’architecte définit comme une « gigantesque gargouille d’acier », pour finir dans un collecteur en béton.

Les minces sections IPE forment un système de colonnes très étudié, dont les sections varient selon la direction dans laquelle elles sont placées : « cette alternance crée un équilibre solidaire et collectif, chaque colonne corrigeant les faiblesses de sa voisine. » Les 26 colonnes (des profilés IPE 270) ainsi disposées en quinconce sont ancrées dans le sol à l’aide de bases de fondation séparées tandis que depuis le toit du bâtiment, 10 autres colonnes finissent d’assurer la rigidité nécessaire.

Un bloc habité à double identité
La partie habitée jouit d’un double visage : un volume en verre d’une part, séparant l’extérieur de l’intérieur, pour abriter l’espace de réception. Accolée, une boîte « fermée » accueille les fonctions administratives, le stockage, les archives, la bibliothèque, la salle de réunion et les installations sanitaires. Toutes deux composent un seul et même édifice dans une tension quasi schizophrénique, la partie en verre d’une hauteur de 4,45 m ouverte pleinement sur le paysage -constituée d’un mur rideau porteur sur trois côtés- et le volume fermé portant les stigmates de sa propre lourdeur : des blocs de béton de 20 x 20 x 40 cm venant par leur poids écraser le mortier du joint, pour finir en saillie du mur.

« Il donne à celui-ci une matérialité accrue, une texture hasardeuse, accroche d’ombre et de lumière. En parallèle à la conception de cette nouvelle structure, lisse, parfaite, tendue, nous concevons un volume fait du matériau de construction le plus pauvre ». Pierre Hebbelinck

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