Koolhaas s’oppose au Brexit, inauguration de la New Tate modern, les architectes anglais face aux référendum du 23 juin, des décibels qui coûtent de l’Or, Calatrava à l’amende

New Tate Modern » The Switch » – Herzog et de Meuron architectes. Courtesy (c) Luc Boegly+Sergio Grazia
Remxin
Hollandais, mais aussi ancien étudiant de la AA school, Rem Koolhaas s’est prononcé pour le maintien du Royaume-Uni dans l’Union Européenne sur les ondes de la BBC. Il y a bien plus en jeu qu’être dedans ou dehors, a affirmé l’architecte se souvenant des effets que l’entrée dans la CEE avait eu sur son ex-école. Des Allemands, Tchécoslovaques et Français arrivant dans l’établissement avaient contribué à « moderniser la mentalité anglaise, l’ensemble de la civilisation britannique », a encore expliqué l’architecte. Une sortie de l’UE la ramènerait en revanche aux temps qu’a connu Rem à ses tous débuts à l’AA : une ère où les serveuses du restaurant de l’école portaient des bonnets victoriens. Pas sexy pour un moderne, et dur à avaler pour la figure de proue d’une agence qui s’est plusieurs fois penchée sur la communication de la Commission européenne.
Via Building Design
Archout?
Si pour Rem Koolhaas, le Brexit ramènerait l’Angleterre aux mauvais temps anciens, les grandes agences d’architectures britanniques se déclarent mal préparées aux conséquences du « Oui » au référendum du 23 juin. Le magazine Building Design a interrogé une douzaine d’agences parmi les principales du Royaume-Uni. Pour Brendan Kilpatrick, associé de PRP, les conséquences sur l’emploi seraient très négatives : notre agence est très internationale, et craint de voir partir de Londres ses employés d’origines polonaise, lituanienne, espagnole ou grecque. Les perspectives d’emploi devraient cependant les retenir au nord du continent… Un directeur d’AHR s’attend à une période d’instabilité d’une durée inconnue et des répercussions sur l’activité économique difficiles à évaluer. En mai dernier, 78% des architectes se prononçaient pour un maintien dans l’UE et 11% pour le Brexit, selon un sondage réalisé par le magazine Building auprès de 180 architectes.
Via Building Design
Adieu saucisses, bonjour pyramide
Au-delà du Brexit, l’actualité architecturale britannique se focalise sur l’inauguration de la New Tate Modern, bâtiment livré par Herzog et de Meuron après 10 années de chantier. Déjà un succès public, si l’on en croit les notes données par les lecteurs du Guardian à l’extension de l’ancienne centrale électrique de Bankside. Harry Hickmore, 23 ans, observe qu’il est difficile de prendre un selfie avec le nouvel édifice, admettant que ce n’est peut-être pas un mal. Adam Smith apprécie l’illusion de vivre dans le décor des SIM. L’accès aux pièces avec panorama sur la Tamise lui donne l’impression de vivre dans un des luxueux appartements occupés par les personnages du jeu vidéo, sensation qu’il évalue comme une performance artistique du XXIe siècle. Les deux ont donné 4 étoiles sur 5 au bâtiment, beaucoup plus qu’à l’usine Sainsbury, construite dans les années 30 par Owen Williams, dont la destruction récente est passée inaperçue. Nina Rappaport rend hommage dans les colonnes de Building Design à cette ancienne usine de saucisses. Il faut se faire une raison : francforts, chipolatas et autres merguez ont désormais plus de chance de sortir aujourd’hui des murs d’un atelier d’artiste que d’un établissement de confection industrielle.
via The Guardian
Kidzania
La Tate se fera-t-elle voler son jeune public par un concurrent féroce, Kidzania ? Dans ce parc d’attraction qui a pour thème le capitalisme, les enfants apprennent « que rien ne tombe du ciel » tout en éprouvant les « valeurs de la vie réelle ». France TV info visite cet espace de 7 000 m2 ouvert il y a un an – une ville en miniature, décrit la chaine – dans l’ouest londonien. On peut y essayer 60 métiers, et dépenser des dollars kidzaniens durement gagnés pour acheter le droits d’exercer des professions attractives, comme pompier, ou aller étudier pour s’élever dans la société. Le reportage ne dit pas si l’on peut y exercer le métier d’architecte en herbe, ni même si cette profession est enviable financièrement. Voila comment les vocations se perdent.
via France TV info
A l’amende
Et pourtant, l’exercice du métier d’architecte peut s’avérer coûteux. Santiago Calatrava, architecte valencien exilé en Suisse, vient d’en faire l’amère expérience. Le Tribunal suprême de Madrid vient de confirmer la condamnation de l’architecte à 2,96 millions de dommages et intérêts en réparation des malfaçons du Palais des congrès d’Oviedo. Le dernier recours juridique espagnol impute une faute de prévision dans le dessin, la fabrication et l’exécution de la couverture de ce projet détonnant pour une ville de 200 000 habitants. La société Santiago Calatrava LLC s’était vue confier par le promoteur Jovellanos XXI l’ensemble des missions, de la conception à la livraison du bâtiment. Trancadiz, Zubi-zuri, passerelle de Venise… souhaitons que les dommages de ces oeuvres calatraviennes construites à Valence, Bilbao ou dans la serenissime ne perturbent pas le sommeil de l’architecte
Via El Mundo
Economies Silencieuses
En France, l’État en mal d’argent pourrait, plutôt que de s’en prendre à Calatrava, poursuivre… le bruit ! D’après une étude réalisée par le cabinet EY (ex Ernst&Young) à la demande du Conseil national du bruit, le coût du bruit s’élèverait à 57 milliards ! L’étude financée par l’ADEME repose sur une méthode de l’OMS mesurant la relation entre l’exposition à un agent (le bruit) et ses effets (son impact sanitaire). On veut bien admettre que les traitements pour la surdité aient un coût mesurable, on reste plus sceptique quand à la quantification financière des dommages induits par la gêne du sommeil (40% des cas selon l’étude). On guette l’apparition prochaine de nouvelles normes anti-bruit pouvant faire rimer affaiblissement acoustique et renforcement budgétaire. Pourquoi ne pas tous se taire pendant quatre ans pour réduire le déficit ? L’idée pourra séduire, et pas seulement le Conseil du bruit, qui fait décidément un sacré vacarme autour de ce « coût social » des nuisances sonores.
Via agence newspress

New Tate Modern » The Switch » – Herzog et de Meuron architectes. Courtesy (c) Luc Boegly+Sergio Grazia