L’agence de design Dragon Rouge signe la reconfiguration de la Lighthouse, un immeuble de bureaux à Nanterre. Le projet met en lumière les nouvelles façons de travailler et illustre ce que seront les bureaux de demain.

L’agence de design Dragon Rouge transforme un immeuble de bureaux à Nanterre (Ile-de-France), en y installant la Lighthouse (littéralement le Phare), une lampe gigantesque de 23 mètres de hauteur qui traverse le bâtiment de bas en haut.
L’opération consistait à reconfigurer et repositionner le Magellan, immeuble de bureaux de 6 étages et de 10 600 m2, qui abritait l’équipementier automobile Faurecia depuis 2001. L’objectif était de revitaliser l’immeuble, en bordure de La Défense, et de susciter l’envie de venir y travailler.
En association avec le studio K, qui signe l’architecture et l’agencement des espaces bureaux à proprement parler, l’agence Dragon Rouge réalise 2 600 m2 d’espaces, du rez-de-chaussée au toit terrasse.
La traduction d’une nouvelle façon de travailler
Le projet de la Lighthouse repose sur deux axes créatifs. Le premier consiste en la création d’un nom et d’une identité forte, illustrée par la lampe colossale. L’objet, certes symbolique, n’est autre que la colonne vertébrale de l’immeuble. Elle traverse la tour de bas en haut, du pied au rez-de-chaussée à l’abat-jour sur le toit terrasse au 5e étage. Si l’immeuble est investi par une seule société, elle fédérera les équipes. Sinon elle créera des “liens et des interactions” entre les plateaux, qui “contribuent à la force du collectif et de la culture d’entreprise”, selon Mathieu Sakkas, directeur général de Dragon Rouge.

Le second axe touche les attentes en matière d’espaces de travail. Alors que les salariés poussent pour “pouvoir [télétravailler] depuis une dizaine d’années”, notamment pour les tâches qui nécessitent une plus forte concentration, les salariés “attendent des espaces de travail [en entreprise] plus récréatifs pour stimuler l’innovation et la créativité sur les projets communs”.
Aussi, il s’agit d’attirer “les talents qui savent manager et créer de la valeur dans un monde digitalisé”, abonde Mathieu Sakkas. À cette fin, les entreprises rivalisent d’originalité dans le choix des services proposés sur le lieu de travail : conciergerie, commerce de bouche, espace de repos, pharmacie…
Espaces polyvalents et hybrides
Le rez-de-chaussé de la Lighthouse ouvre sur le hall d’entrée, largement occupé par le pied de la lampe géante qui fait office d’assise pour les visiteurs. Le niveau zéro accueille aussi une conciergerie, des vestiaires, un “work café”, un espace lounge et un business center. Cet espace est constitué de 4 salles de réunion modulables qui peuvent accueillir 8 à 24 personnes. La mezzanine du hall dispose d’un espace de coworking.
Au rez-de-chaussée toujours, se trouve le restaurant inter-entreprise où la diversité est de mise, autant dans les espaces que sur le menu. “La même cantine pour tous a eu son heure de gloire. Aujourd’hui, l’offre change au gré des saisons et des tendances”, détaille le directeur général de Dragon Rouge. Le salarié dispose d’un espace de restauration comme à la maison avec des vitrages façons atelier, des assises hautes ou normales ; d’un espace salon où banquettes et paravents claustras sont de mise ; d’un autre à l’ambiance tables d’hôtes avec son mobilier en bois ; ou de petits boxes intimistes pour manger seul ou à deux. Les menus répondent ainsi à “la demande de menus personnalisés. Les gens ont une approche très rationnelle de leur alimentation et cela devient un casse-tête de combiner plaisir, sain et local.”

Le forum est l’autre pièce maîtresse du rez-de-chaussée. Ce “lieu de convergence des diversités de rythmes, de cultures, d’âges et de personnalités (…) donne du sens à la vie au travail”. Grâce aux estrades escamotables, aux placards intégrés dans les cloisons, ou aux projecteurs, il se module en fonction des activités et devient tour à tour salle de repos, salle de sport, showroom d’exposition ou auditorium de 100 places.

À l’extérieur, Dragon Rouge a cherché l’équilibre entre les parkings et les espaces végétalisés. Au 5e étage, le toit terrasse accueille l’abat-jour de la lampe géante, ajouré afin d’être source de lumière.
Le bureau de demain
“Peu sont les salariés qui sont fiers de leur bureau !”. Pour Mathieu Sakkas, le constat est sans appel : “ils le désertent pour des raisons sanitaires, ils le critiquent quand il est loin de chez eux, et lui préfèrent leur chez soi qu’ils jugent plus confortables”.
Avec la Lighthouse, l’agence Dragon Rouge apporte une réponse à ce qu’elle appelle “l’équation nécessaire aux nouveaux immeubles de bureaux”. Les stratégies prennent désormais en compte “le poids budgétaire de l’investissement, le degré de disruption apporté, le niveau de flexibilité donné aux équipes, le niveau d’expression de la marque, la proximité du hub de mobilité et enfin la plus demandée : les extérieurs, jardins et terrasses”. Autant de variables qui définissent le choix de l’immeuble et façonnent les espaces de travail de demain.
Le directeur général de l’agence avance que l’immobilier de bureaux “de demain” sera “probablement polymorphe”. D’une part, les rythmes d’occupation s’accélérant, “l’enjeu sera de séduire les entreprises avec un “minimum viable space” (MVS) qui permettrait de s’installer sans dépenser des fortunes en space planning et avoir une image attractive”. D’autre part, l’immobilier sera “fragmenté”, faisant apparaître des bureaux satellites au bureau “mère”.
Rémi de Marassé