L’Atelier Cos imagine un resort urbain de luxe à Colmar, dont les bâtiments reprendront les codes architecturaux de la Maison du Chasseur, vestige de l’Alsace du XVIe siècle.

Les fenêtres du Pôle Média Culture Edmond Gerrer de Colmar offrent deux spectacles bien différents. À l’ouest, l’édifice ouvre sur le verdoyant Square de la Montagne verte. À l’est par contre, la vue est moins attrayante : là, sur un terrain vague, se dresse seule la Maison du Chasseur, bordée d’engins de chantier et de grillages. Aujourd’hui esseulé, cet ancien bâtiment de délivrance des permis de chasse, vestige de l’architecture alsacienne du XVIe siècle, sera la pièce maîtresse d’un resort urbain de luxe aux airs de petit village local.
Imaginé par l’Atelier Cos, à la demande de Paris Inn Group et Maison Albar Hotel, le projet s’inscrira dans un quartier dense et typé, puisque dans le centre historique de la ville de Colmar.
Les différents éléments du programme reprennent la morphologie de cette Maison du Chasseur. On y retrouve le soubassement minéral, le corps de bâtiment à encorbellement ou à pans de bois apparents, et la toiture à deux pentes prononcées et à géométrie régulière, avec cependant une touche contemporaine. “Certains bâtiments auront des soubassements en enduits ou en baie vitrée pour créer une percée visuelle, explique Valeria Sanchez, et en béton armé pour donner une plus grande portée aux bâtiments”. Les étages seront en bois, structures et parements en façade compris. Les toitures, habituellement réalisée en tuiles de terre cuite, seront ici en cuivre, “un matériau qui vit et qui change de couleur avec le temps”, poursuit l’architecte et urbaniste de l’Atelier Cos. Cette contemporanéisation a fait l’objet d’une importante “concertation avec la mairie et l’architecte du bâtiment de France Grégory Schott”, afin qu’elle crée une continuité avec le bâti existant.

Les différents bâtiments s’inspirent de la Maison du Chasseur, mais ne la reproduisent pas à l’identique. L’Atelier Cos joue sur la volumétrie en l’agrandissant de manière homothétique. Ainsi, le bar, la brasserie, le restaurant gastronomique, les salles de conférences et le spa qui composeront ce resort 5 étoiles de 7 500 m2 prennent de l’importance à mesure qu’on y pénètre.
Une place, créée au sein du resort, permettra d’insérer le programme au tissu urbain existant. Elle connectera notamment l’hôtel, et ses 71 chambres, au parc créé à l’entrée, délimitant par la même occasion les différents espaces du resort. “Le projet présentera différentes strates, détaille Valeria Sanchez. Un espace public avec le parc, un semi-public avec la place et les lieux de restauration qui amènent à l’hôtel, et enfin les espaces privés avec les jardins de l’hôtel et le restaurant gastronomique notamment”.
© Atelier Cos © Atelier Cos
Outre le fait de proposer “un resort éclaté évite d’avoir un bâtiment purement urbain”, explique Didier Beautemps, architecte fondateur de l’Atelier Cos, cela permettra de créer une porosité morphologique et d’ouvrir le programme vers l’extérieur. Cette ouverture sera renforcée par la présence de commerces dans les pieds d’immeubles, accessibles depuis la rue, aux habitants de Colmar et aux clients du resort. Une nécessité aujourd’hui pour les hôtels, à la lumière notamment de la crise sanitaire, qui en plus de pâtir de l’absence de la clientèle internationale se voient délaissés par la clientèle locale.

Rémi de Marassé