Le futur pavillon français de la Biennale de Venise 2016 a été présenté le 2 mai lors d’une conférence de presse au Ministère de la Culture et de la Communication, en présence d’Audrey Azoulay, la ministre et Bruno Foucher, président de l’Institut français. L’occasion de prendre plus ample connaissance du projet d’OBRAS-Frédéric Bonnet/Collectif AJAP14.

Guillaume Amat, Vieille-Église, 2016 © Guillaume Amat – France(s) Territoire Liquide
Au front, des acteurs
Pour la première fois dans l’histoire de la Biennale, l’Institut français, opérateur du pavillon, a lancé un appel à projet auquel ont répondu 26 équipes. Les différents ministères (Affaires étrangères, Développement international, Culture et Communication) ont retenu, sous l’égide du comité de sélection présidé par Dominique Perrault, le projet Nouvelles richesses de l’équipe OBRAS-Frédéric Bonnet/Collectif AJAP14* qui s’inscrit dans la thématique Nouvelles du front énoncé par le commissaire général de la Biennale, Alejandro Aravena.

Equipe du Pavillon français, Paris, 2016 – OBRAS – Collectif AJAP14 © Thibaut Chapotot
Bien que les commissaires aient déjà été distingués par les ministères, comme l’a souligné la presse, l’équipe lauréate a élargi ses horizons et s’est associée à d’autres acteurs, persuadée de la force des communs : les collectifs de photographes et vidéastes MYOP et France(s) territoire Liquide, les Éditions Fourre-Tout, les Écoles Nationales Supérieures d’Architecture, les Architectes-conseils d’État, les Maisons d’Architecture, les CAUE, les communes ainsi que tous les architectes dont les travaux sont présentés dans l’exposition.
A noter que le projet Ailleurs commence ici de l’équipe PEROU et Gilles Clément, qui devait être initialement intégré au pavillon par les lauréats, a disparu du paysage, à la suite d’un « commun désaccord » selon Frédéric Bonnet.
Au front, de nouvelles richesses
« Dans la France ordinaire s’opèrent les projets qui transforment un bien commun en devenir : le territoire. Face à l’adversité que représente la banalité, un engagement hérité largement partagé fait émerger quotidiennement, modestement, du remarquable dans le familier. » OBRAS-Frédéric Bonnet/Collectif AJAP14

Hébergement d’urgence, Niclas Dünnebacke, Saint-Denis
Sous la forme d’une revue de réalisations, les commissaires questionnent la production française. Ils se détournent des architectures emblématiques des métropoles, portées par les « star-architectes », pour s’intéresser aux architectures du quotidien, celles dont on parle peu mais que l’on pratique tous les jours. Adoptant une approche volontairement optimiste, le collectif veut donner à voir les innovations qui naissent de la complexité du contexte contemporain, supposant que les crises sont porteuses de création par les questions qu’elles posent. Ils s’intéressent aux nouvelles organisations qui apparaissent et redéfinissent les potentialités des territoires, notamment ruraux et péri-urbains.

Accueil periscolaire, HAHA, Tendon
Les nouvelles richesses, selon eux, sont faites de ressources locales, matérielles, naturelles et énergétiques. Elles sont aussi humaines, faites d’échanges reconfigurés, repensant l’architecture comme un bien commun porté collectivement où élus, citoyens et entreprises sont également impliqués. De cet engagement multiple nait un « manifeste démocratique » constitué d’histoires ordinaires, qui se veut le porte-voix d’une prise de conscience de la situation architecturale à l’échelle du pays.

Espace public, Simon Teyssou, Chaliers © Nicolas Lamouroux
Au front, une scénographie
L’exposition, donc, se scindera en quatre parties. La première, Territoires, nous montrera la transformation de lieux par une architecture qui les transcende. La seconde, Récits, nous racontera les échanges entre élus, architectes, citoyens et entreprises. La troisième, Savoir-faire, mettra en valeur des solutions constructives inventives naissant des richesses locales. La dernière thématique, Terreau, fera part du foisonnement et de la diversité des expérimentations architecturales.

Salle centrale du Pavillon français, Territoires
Parmi les projets présentés, on pourra redécouvrir l’accueil péri-scolaire de HAHA conçu à Tendon (2012), qui a choisi d’expérimenter des solutions constructives complexes en hêtre, afin de fédérer des savoir-faire locaux. Sera aussi présentée la reconversion d’un espace public par Simon Teyssou à Chaliers (2014), où l’on peut saluer l’initiative du conseil municipal de mettre à profit un besoin technique – refaire les réseaux enterrés d’un bourg de 30 habitants – pour réaménager le village. Également, l’hébergement d’urgence conçu par Niclas Dünnebacke à Saint-Denis (2015) sera porté à notre regard.

Croquis de la salle Récits (gauche) et de la salle Savoir-Faire (droite)
Photographies, dessins, maquettes, vidéos et textes rendront compte des nouvelles richesses françaises. Frédéric Bonnet nous a également révélé que les dix territoires seront présentés sous forme de panneaux publicitaires, une jolie façon de montrer la France « belle » avec les outils de la France « moche ».

Croquis de la salle le Terreau
Au front, en mai
Rendez-vous donc à Venise du 28 mai au 27 novembre 2016, pour découvrir in situ l’exposition, dont la trace sera reportée dans un livre composé de papiers recyclés, issus d’un stock voué à disparaître. Encore une nouvelle richesse …
Amélie Luquain
*Collectif AJAP14 : Atelier png ; Boidot & Robin ; Boris Bouchet ; Claas Architectes ; NeM Architectes ; R Architecture ; Studio 1984 ; Studiolada
Courtesy OBRAS-Frédéric Bonnet/Collectif AJAP14
A voir aussi : Biennale de Venise 2016 : architecture année 0